C’est avec la question de la santé mentale au cinéma, devant comme derrière la caméra, que commence la saison 2 du podcast Mutations, produit par L’ADN. L’industrie cinématographique continue de colporter au quotidien – dans les histoires qu’elle révèle au public comme dans l’imaginaire de ses créateurs, des artistes – mythes et clichés autour de la santé mentale. À l’image de la frontière floutée entre génie et folie, de conditions de travail au service d’une vision qui génèrent de la souffrance ou des contours de profils stigmatisés qu’elle dessine à l’écran, loin des réalités vécues par les personnes concernées. Jean-Victor Blanc, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, enseignant à Sorbonne-Université, auteur de deux livres sur la santé mentale et la culture populaire, partage son expérience. Il démonte les clichés, notamment ceux autour de la consommation de substances, qui susciteraient une forme de créativité alors qu’elles amoindrissent au contraire les capacités d’imagination. Le cinéma est-il alors un secteur plus impacté que d’autres ? L’absence de chiffres montre le peu de reconnaissance des problèmes potentiels. Et révèle une forme d’omerta. En revanche, on sait qu’une personne sur quatre dans le secteur de la musique est concernée par un trouble psychique, autant chez les créatifs que ceux qui travaillent avec eux. Dans le cinéma, où la pression est forte, les rythmes de travail intenses (dans un secteur créatif qui requiert parfois une certaine sensibilité) impactentils la santé mentale des professionnels du secteur ? Scénariste, réalisatrice, directrice de festival, distributrice de films défont entre autres, le mythe de la créativité exacerbée lors de phases de fragilité, de souffrance, pointent le danger de métiers dits passion, où vies professionnelle et privée se confondent souvent, et soulèvent la nécessité d’une remise en question collective.
Santé mentale et cinéma : déplacer des montagnes, sur ladn.eu et acast.com