C’est une femme qui n’a pas eu le choix. Pour rester en vie, elle a dû écrire. Raconter son histoire, la partager, transmettre, dire aux autres qu’elles ne sont pas seules pour ne pas se sentir seule elle-même. Quoi qu’elle fasse, elle le sait, elle restera inconsolable. Mais un instinct de vie l’a poussée. Lolita Chammah, déjà maman, a perdu l’enfant qu’elle portait en elle depuis cinq mois et demi. Cet enfant se serait appelé Kolia. Qui, pour l’autrice, et désormais pour nous ses lectrices et lecteurs, existe. Ce petit être avait déjà sa vie à lui, dit-on à Lolita pendant sa première grossesse.
La deuxième donnera probablement naissance à un extrême prématuré, alerte-t-on les futurs parents. Jusqu’à perdre les eaux et se retrouver à l’hôpital, chercher du réconfort auprès de l’ambulancier, d’abord, puis d’infirmières. Kolia doit rester le maximum dans le ventre de Lolita. Les parents acceptent-ils une prise en charge ? Son poids est de 700 grammes, la limite. Son pronostic vital sera engagé, il pourrait y avoir de graves séquelles. Mais Kolia est mort. Dans les bras de Lolita. L’autrice n’évite aucun sentiment, ne contourne aucun événement. Des pages bouleversantes et nécessaires que l’on espère salvatrices pour certaines et certains.
J’ai regardé la nuit tomber, de Lolita Chammah, Éditions Stock, 189 pages, 19 €.