L'infirmière n° 049 du 01/10/2024

 

ACTUALITÉS

RENTRÉE DE LA FHF

Élise Kuntzelmann  

Le 3 septembre se tenait la conférence de presse de rentrée de la Fédération hospitalière de France (FHF). L’occasion de faire le point sur la situation des ressources humaines et d’évoquer les attentes concernant le budget de l’hôpital public.

Nous vivons un moment décisif dans l’histoire de l’hôpital public en France. Moment décisif pour préparer l’avenir du système de santé, du système médico-social, avec bien sûr, le vieillissement de la population. L’échec n’est pas permis et nous plaçons toute notre confiance dans les pouvoirs publics pour prendre les bonnes orientations et les bonnes décisions, a averti Arnaud Robinet, président de la Fédération hospitalière de France (FHF). Nous connaissons les difficultés mais nous avons aussi des raisons d’espérer, sur le plan des recrutements notamment, sur lesquels nous devons capitaliser. » Et de recrutement, il en a été question, puisque deux enquêtes ont été menées cet été par la FHF afin d’évaluer la situation des ressources humaines (hors médecins) à l’hôpital public.

Regain d’attractivité en 2023

311 établissements - dont 27 centres hospitaliers universitaires (CHU) et 226 centres hospitaliers (CH) - y ont répondu. Avec plus de 572 000 équivalents temps plein (ETP), ils représentent 56 % des effectifs de la fonction publique hospitalière (FPH). L’année 2023 a été synonyme de regain d’attractivité pour le personnel hospitalier, malgré un recrutement toujours compliqué : deux tiers des établissements ont du mal à recruter dans certains métiers, tandis qu’un quart des répondants souffrent de difficultés généralisées. Concernant les infirmiers diplômés d’État (IDE) et les infirmiers diplômés d’État spécialisés, 44 % des établissements relèvent des difficultés conséquentes (voire très conséquentes pour 22 % autres) ; 22 % rencontrent des problèmes sans impact sur l’organisation des soins et du service ; 12 % font état d’absence de difficultés.

Les effets du Ségur de la santé

C’est du côté des soignants tout juste diplômés que l’on peut trouver des raisons de se réjouir, notamment en CHU. En effet, entre 2022 et 2023, 48 % des CHU ont enregistré une hausse du recrutement, 12 % une baisse, et 40 % une situation stable. « Il y a davantage de candidats formés. Malgré un taux d’abandon assez élevé en cours d’études, si l’on en forme plus, ils seront logiquement plus nombreux sur le marché du travail. L’effet du Ségur de la santé et de la rémunération n’est pas pour rien dans cette embellie », analyse Zaynab Riet, déléguée générale de la FHF. Suivant la même tendance, le taux de postes vacants continue de diminuer. Pour les IDE, tous établissements confondus, ce taux était de 5,7 % en avril 2022, 4,8 % en avril 2023 et 3 % sur l’année 2023.

Côté budget, la situation des hôpitaux publics s’est fortement dégradée entre 2022 et 2024. Leur déficit a quasiment doublé en 2022 par rapport à la situation avant pandémie, où le déficit structurel était de 550 à 650 millions d’euros. En 2022, il est de plus de 1 milliard d’euros (hors activités médico-sociales). La projection de déficit 2023 est estimée entre 1,7 et 1,9 milliard d’euros (hors activités médico-sociales) par la FHF. Sous l’effet de l’infl ation qui perdure, l’aggravation se poursuit avec un déficit au-delà des 2 milliards d’euros en 2024. Un impact fort sur la trésorerie des établissements et leurs capacités d’investissement.

Soutenir l’hôpital public

Dans la perspective du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2025, la FHF demande de « soutenir l’hôpital public et ses missions de service public, afin de réduire le sous-recours aux soins ». Elle réclame, en outre, « de réviser les modes de régulation de l’Objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) pesant actuellement uniquement sur les établissements de santé et notamment sur les hôpitaux publics ». La sanctuarisation du financement de l’investissement public, l’encadrement des centres de soins non programmés et le soutien financier des mesures de réorientation des urgences vers des solutions plus adaptées aux besoins des patients font partie des exigences formulées.

Poursuite de chantiers colossaux

Pour Arnaud Robinet, cette rentrée marque un moment décisif et inédit pour notre système de santé. Ces derniers mois, de nombreuses réformes utiles ont été engagées, qu’ils s’agissent de mesures visant à faire évoluer les compétences des professionnels de santé, de la révision des modes de financement ou encore des nouvelles organisations territoriales. Des établissements publics - hôpitaux, CHU, CH et structures médico-sociales - ont œuvré à relancer l’activité après la pandémie de Covid-19. « Nous commençons à en récolter les fruits, se réjouit-il. L’activité progresse de façon continue à l’hôpital public et nous observons des signes positifs sur le plan des recrutements. Mais la situation politique a, de fait, interrompu de nombreux chantiers, comme la réforme du grand âge, et cette interruption intervient au pire des moments. La situation budgétaire, les enjeux d’organisation des soins sont tels que ces chantiers ne peuvent pas attendre. Quel que soit le nouveau gouvernement, une évidence s’impose : il faudra avoir le courage de réformer, le courage de planifier, pour la santé et pour l’hôpital, afin de répondre aux besoins des personnes âgées. En un mot, nous demandons que la santé soit en haut des priorités. »