Un restaurant, une épicerie, un bureau de poste, une bibliothèque… dans cette résidence qui accueille des personnes âgées de Guingamp (22), les habitants vivent comme dans un vrai village. Mais pour en arriver là, près de dix ans ont été nécessaires. Récit d’une métamorphose, portée par une direction bien déterminée à améliorer la prise en charge du grand âge.
D’extérieur, l’ensemble est propret, bien entretenu, mais sans charme particulier. Pour accéder à l’accueil, il faut contourner un petit bâtiment cubique des plus banals, situé un peu à l’écart du centre-ville de Guingamp (22). Aussi, l’effet de surprise est-il total une fois à l’intérieur. Là, des fresques colorées sur les murs devant lesquelles trônent un vélo cargo et un chariot estampillé « La Poste ». Un coup d’œil à gauche, et voici une épicerie que l’on dirait sortie d’un dessin animé. Face à elle, se tient la brasserie, joliment nommée « Aux papilles et Mamies », véritable restaurant où l’on peut déguster de savoureux mets et inviter son entourage pour les grandes occasions. Il y a même un « Café de la Mairie », décoré dans le plus pur style rétro où convergent les aficionados de cartes et de jeux de société tous les après-midis, mais aussi une bibliothèque et bientôt un pressing. Ici, tout est pensé comme un village dans un seul but : dépoussiérer l’image de l’Ehpad et en faire un lieu où il fait bon vivre. « Je veux que les personnes qui pénètrent dans notre établissement changent leurs représentations de ce qu’est une maison de retraite. On ne veut plus de ces mouroirs, mais des endroits où l’on peut continuer à être citoyen jusqu’à son dernier souffle et où il n’y a pas de perte identitaire », clame Corinne Antoine-Guillaume avec véhémence. Voix claironnante, stature qui en impose, la directrice de la résidence Kersalic, qui accueille 72 personnes âgées, n’est pas de ceux qui transigent lorsqu’un projet lui tient à cœur. Et celui-ci en est un, qui la mobilise, ainsi que son équipe, depuis 2015. Car à son arrivée en 2013, l’établissement public est à bout de souffle. Les directions s’enchaînent et le personnel comme les résidents sont en souffrance. « Je me retrouvais dans un établissement maltraitant où je n’aurais jamais osé mettre un de mes proches. Mon premier réflexe : fuir, se souvient la responsable qui accepte pourtant un CDD de trois mois. Je pensais rester le temps de faire un...