Nul doute que la profession infirmier en milieu carcéral implique des qualités et des compétences spécifiques. Paradoxalement, c’est au sein de la prison que l’infirmier peut développer une autonomie dont il ne dispose pas toujours hors les murs, tout en l’appelant de ses vœux dans la majorité des revendications.
Si cette fonction constitue ce qu’il convient d’appeler une niche, la lecture des témoignages livrés par les soignants que nous avons rencontrés permet d’identifier toute la palette des modalités de leur exercice. Celui-ci s’étend en effet de la bobologie aux pathologies chroniques, en passant par la psychiatrie et la prise en charge des pratiques addictives. Il exige une grande polyvalence et mobilise des compétences tant techniques que relationnelles, exercées avec autonomie dans un environnement pluridisciplinaire. Tout ce qui constitue l’essence même du métier d’infirmier.
À l’heure où, précisément, le Premier ministre a annoncé une loi visant à développer cette modalité, l’expérience en milieu carcéral pourrait s’avérer transposable à d’autres secteurs de santé. Alors que la médecine s’est largement cloisonnée, l’infirmier est capable de mener des prises en soin complètes et complexes, qui plus est dans un environnement difficile et dans le maintien d’une collaboration efficiente avec les médecins et les autres paramédicaux.
Dans ce contexte, ne faudrait-il pas considérer cette modélisation comme une solution innovante et pérenne à même de faire face à l’immensité des besoins de la population ? C’est peut-être là que se trouve l’une des réponses aux préoccupations urgentes de notre système de santé.