Les infirmières libérales réalisent de plus en plus fréquemment des photos, notamment des plaies des personnes qu’elles soignent, parfois à la demande de ces dernières. Toutefois, l’objectif de ces prises de vue ne présente pas systématiquement un intérêt pour l’amélioration du soin. De plus en plus souvent, des professionnels témoignent aussi de demandes de patients d’enregistrer, voire de filmer les soins et conseils qu’ils reçoivent. Comment entendre ces demandes ? Comment y répondre en préservant la relation de confiance et de confidentialité ? S’y opposer peut être vécu par le patient comme un manque d’authenticité ou d’assurance du professionnel sur ses propres compétences. S’agit-il d’un désir de réécouter les conseils proposés ? L’anticipation d’une possible utilisation en justice ? D’une défiance afin de confronter ces propos à un autre avis ? Quel devenir de ces enregistrements notamment lorsqu’il s’agit de patients qui ont l’habitude de se mettre en scène ? Car les soins et conseils prodigués sont individualisés, et en tant que tels, peuvent être inadaptés à une autre personne qui y aurait accès sur les réseaux sociaux par exemple. En cas de refus du professionnel, ce dernier peut opposer son droit à l’image, mais quand il n’est pas consulté, « qui ne dit mot consent »… sauf si l’enregistrement se fait à son insu. À qui appartient un tel enregistrement ? Le patient détenteur du secret le concernant ? Le soignant, notamment quand il est filmé ?

Si de nombreux objets connectés facilitent ces pratiques qui se développent et pas seulement dans les services d’urgence, il convient aussi que les professionnels s’interrogent et justifient l’utilisation qu’ils en font auprès des patients. La question doit être mise au débat dans les deux sens. Il est important, dans ce contexte, que l’intention de l’un et/ou de l’autre soit clairement énoncée afin de préserver confiance et bienveillance dans la poursuite de soins éclairés.