MONTPELLIER : UN IHU DÉDIÉ AUX MALADIES AUTO-IMMUNES
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Le CHU de Montpellier vient d’officialiser Immun4Cure, consacré aux maladies auto-immunes qui amènent l’organisme à s’attaquer à lui-même. Cet institut hospitalo-universitaire (IHU) veut répondre au défi que posent ces affections, dont l’enjeu de santeì publique est comparable aux maladies cardiaques et au cancer.
À ce jour, on recense plus de 80 maladies auto-immunes. Pour la majorité d’entre elles, il n’existe aucun traitement. Toutes provoquent des lésions tissulaires et des douleurs persistantes, comme la polyarthrite rhumatoïde qui se traduit par la destruction des cellules du cartilage ou de la synovie, la sclérose en plaques qui affecte le système nerveux, ou la maladie de Crohn qui cible le colon. « Ces affections chroniques relèvent d’un dysfonctionnement du système immunitaire qui, au lieu de protéger le corps contre les infections, se dérègle, s’emballe et attaque par erreur des cellules saines », résume le professeur Guillaume Cartron, responsable du pôle cancérologie, médecine et immunologie et du service hématologie clinique, au CHU de Montpellier. « Ces maladies sont diverses, hétérogènes et complexes. » Elles peuvent cibler presque n’importe quel organe, les articulations, les muscles, la peau, le cœur, les reins, les poumons, etc.
Labellisé institut hospitalo-universitaire (IHU) en 2023 par l’Eìtat dans le cadre du plan France 2030, Immun4Cure a pour objectif de contribuer, entre autres, à une meilleure définition de ces pathologies. Des maladies pour la plupart multifactorielles, où s’associent facteurs génétiques, hormonaux, environnementaux, qui touchent huit fois plus les femmes que les hommes…
Le centre de recherche montpelliérain vise surtout à trouver des solutions thérapeutiques pour remettre le système immunitaire en état de fonctionner à nouveau normalement. « Pour l’instant, nous ne savons pas le reprogrammer », indique le professeur Cartron. Nous nous servons d’une meilleure connaissance de ce système pour fabriquer des médicaments qui vont détruire les cellules dysfonctionnelles. » Les anticorps monoclonaux, comme le rituximab ou l’abciximab, par exemple, sont déjà utilisés dans le traitement de certaines maladies auto-immunes. « Pour certaines pathologies, nous avons des programmes thérapeutiques utilisant les Car-T cells, indique le professeur. Plus de 300 patients atteints de maladies hématologiques ont déjà été traités. »
Immun4Cure va travailler sur les maladies auto-immunes les plus fréquentes, comme la sclérodermie, la polyarthrite rhumatoïde, le lupus… pour approfondir leur compréhension, pouvoir les détecter plus tôt, développer des stratégies thérapeutiques innovantes et ciblées pour, à terme, les guérir. « Plus on avance dans la connaissance, plus on décrit des maladies auto-immunes différentes », rappelle le professeur Guillaume Cartron. « Globalement, ces maladies sont plus fréquentes parce qu’on les identifie mieux », précise-t-il.
L’IHU va expertiser de nouveaux outils thérapeutiques, dans le cadre d’essais cliniques. Dans le même temps, en effet, des cohortes de patients suivis au CHU depuis le début de leur maladie vont être constituées pour essayer de caractériser les différentes phases biologiques de ces pathologies. « Les cohortes déjà formées sont augmentées et de nouvelles sont créées en fonction des pathologies », rappelle le médecin. En faisant en sorte, aussi, de constituer des cohortes nationales pour avoir plus de patients et obtenir des informations plus rapidement.
Cet institut hospitalo-universitaire porté par le CHU de Montpellier dispose, par définition, de tous les services de soins. Améliorer le parcours des patients est l’un de ses premiers objectifs, le personnel soignant assurant, au quotidien, leur prise en charge. « L’IHU propose, à ces patients, un parcours de soins consacré à l’immunité au centre d’un dispositif qui mobilise tous les spécialistes concernés », indique le professeur Christian Jorgensen, rhumatologue responsable du service IHU Immun4Cure, qui présentait l’institut au Salon Futurapolis Santé les 11 et 12 octobre derniers, à Montpellier. Quinze équipes de recherche et, en tout, plus de 200 personnes sont impliquées dans cet IHU, dont l’ambition est de devenir le premier pôle européen de recherche et développement de l’immunothérapie appliquée aux maladies auto-immunes. Des maladies qui, depuis dix ans, touchent 5 à 8 % de la population.