Dans quel contexte avez-vous été nommée Femme de Santé ?

^{Dre Laure Vayre :} À l’origine, je ne connaissais pas le collectif Femmes de Santé. J’ai reçu un appel m’informant de ma nomination, apprenant par la suite que c’était Aude Michon Bouquet, une danseuse elle-même Femme de Santé depuis 2023, qui avait suggéré mon nom. Dans le cadre de son activité, elle propose de danser au chevet des patients en fin de vie et je l’ai invitée au CH car j’avais envie d’en savoir plus sur sa prestation. J’ai apprécié son contact avec les patients et elle nous a aidés à mettre en place cette offre au sein de notre service. Pendant ce temps, elle a pu observer notre travail sur notre projet « Tout commence par un rêve ». C’est pour cette raison qu’elle a proposé mon nom.

Que pensez-vous de ce collectif ?

L. V. : Depuis quelques mois, je le découvre et je constate la mise en lumière de femmes portant des projets qui ne sont pas strictement médicaux. Leurs initiatives sortent des sentiers battus, et c’est ce qui me plaît ! Car cela montre que la santé ne consiste pas simplement en des traitements purs mais en une prise en charge globale du patient.

En quoi consiste votre projet « Tout commence par un rêve » ?

L. V. : Ce projet, porté par les infirmiers, les aides-soignants, les médecins, les patients et les artistes, est né au sein de notre pôle. À l’origine, l’idée est venue des membres de l’équipe qui avaient assisté à un défilé de mode impliquant des patients, à Clermont-Ferrand. Ils ont alors, eux aussi, souhaité réfléchir à un projet mettant en lumière nos patients. Nous avons pensé à un spectacle autour de leurs rêves. Ils sont une dizaine à avoir souhaité y prendre part afin de sortir de leurs soins, de se projeter sur autre chose. Nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises pour écrire le spectacle. Chacun d’eux a raconté son rêve et la façon dont il voulait le voir se réaliser d’un point de vue artistique. Nous avons ensuite sollicité des artistes, des danseurs, des musiciens, des professionnels de l’animation pour la réalisation de ce spectacle qui a pris forme avec une metteuse en scène.

Comment le projet s’est-il concrétisé ?

L. V. : La réalisation du spectacle, qui nous a demandé de nombreuses heures de travail, a été financée par le biais de notre association La Gaillarde Corrézienne. Nous voulions que notre représentation se déroule sur une grande scène. Nous avons donc demandé au maire et au directeur du théâtre de Brive si nous pouvions disposer de cette scène nationale, ce qu’ils ont accepté. La représentation a eu lieu en juin 2023. Dix tableaux se sont succédé pendant 1 h 30, impliquant les patients, les soignants, les artistes, les figurants. Nous les avons créés sous forme d’une fabrique de rêves avec des « ouvriers » permettant aux patients de se délivrer de la charge de la maladie. À titre d’exemple, une patiente rêvait de faire le tour du monde. Nous avons alors conçu une animation projetée sur un écran, avec des danseurs de différents pays. Elle en était la spectatrice depuis un bateau installé sur scène, comme si elle faisait le tour du monde. Ce bateau avait pour capitaine son oncologue, à la demande de la patiente.

Avez-vous prévu une suite ?

L. V. : La biographe du pôle a écrit un livre pour raconter l’histoire de « Tout commence par un rêve ». Le but a été de recueillir tous les témoignages des participants au spectacle, et d’illustrer l’ouvrage par des photos de chacun, dans la vie quotidienne et dans le cadre de la représentation. Nous avons également l’idée de produire un film documentaire pour montrer aux patients et aux soignants comment proposer du soin autrement.