La modélisation, un procédé innovant au service de la médecine - Objectif Soins & Management n° 0290 du 08/12/2022 | Espace Infirmier
 

OBJECTIF SOINS n° 0290 du 08/12/2022

 

DOSSIER

Laura Coupet  

Médecin, maître praticien en PNL, Unité de soins palliatifs, Centre hospitalier du Centre-Bretagne

La modélisation est née de la programmation neurolinguistique, qui est à la fois une thérapie brève et un outil de communication efficace pour les pédagogues, les coachs, les thérapeutes ou le monde de l’entreprise. Appliquer cette technique puissante au service de la médecine et de son approche scientifique ? Oui, car grâce à cet outil, nous pouvons obtenir un certain niveau de profondeur et de précision dans les analyses qualitatives de nos études.

Comment approcher, reproduire, comprendre et mettre en valeur une compétence, une réussite innovante ? Une approche qui, par sa créativité, sa singularité, n’a pas encore été évaluée ? Une compétence qui, au-delà de toute approche qualitative scientifique, semble mettre à l’œuvre des habiletés reliées à notre humanité, à nos valeurs et au sens donné à notre travail ? Quand, en équipe, la synergie de tous, l’intelligence collective, semble faire merveille dans le succès de ce qui est entrepris ?

La programmation neurolinguistique (PNL) décrit la façon dont les interactions entre la pensée (neuro) et le langage (linguistique) organisent le fonctionnement de notre corps et de nos comportements (programmation), et les résultats que nous obtenons. Cette approche, outil de communication, de coaching aussi, peut habilement se mettre au service de la santé. Non seulement en constituant une technique d’accompagnement puissante, mais aussi en offrant, par le principe de modélisation, un outil d’analyse reproductible, fiable et exhaustif.

Par cet article, nous proposons de décrire comment, grâce à cette méthode issue de la PNL, nous avons pu réaliser l’étude d’un savoir-faire d’équipe, et comment cet outil a permis de mettre en évidence des critères fondamentaux communs aux membres du groupe. La modélisation de leurs compétences singulières autour d’une approche commune a permis de mettre en valeur ce qui fait l’excellence de leur prise en charge.

Notre démarche d’étude par la technique de modélisation a consisté à interroger individuellement des soignants vis-à-vis de leur compétence à intégrer la médecine complémentaire dans leur pratique quotidienne en soins palliatifs. L’étude et l’interrogation de ces compétences ont mis à jour des traits identitaires d’équipe (valeurs, croyances, émotions supportantes). Ces données ont ensuite permis d’étudier le sens que donnent ces membres à leur implication professionnelle.

Définitions

La programmation neurolinguistique (PNL) est une thérapie brève. Elle a été mise au point dans les années 1970, entre autres par John Grinder, linguiste, et Richard Bandler, mathématicien et psychologue(1). Dans le but de découvrir les secrets de la communication, ils commencèrent par observer finement les meilleurs communicateurs afin de savoir comment ils s’y prenaient pour développer leur niveau d’expertise. Ils ont cherché à systématiser leurs habiletés conscientes et inconscientes en décodant leurs actions et leurs stratégies au-delà des explications rationnelles(2). La modélisation était née. Ce modèle s’est constamment raffiné et élargi.

La PNL, au xxie siècle, est désormais définie de la manière suivante. À partir de nos expériences vécues, nous enregistrons des programmes de fonctionnement pour interpréter, penser et nous adapter au monde. Ces programmes sont particuliers à chaque individu et deviennent rapidement des automatismes (programmation). La capacité à programmer repose sur notre activité neurologique. C’est par ce système nerveux que passent toutes les informations perçues, pensées et finalement enregistrées (neuro). C’est notre langage verbal et non verbal qui structure et reflète la façon dont nous pensons et organisons notre vision du monde (linguistique).

Technique permettant le changement, la PNL aide à faire évoluer les comportements en respectant le rythme de la personne. Elle prône le désir d’améliorer sa communication avec soi et avec les autres et met en évidence les forces positives de chaque système(2). Elle constitue d’ailleurs un support de la psychothérapie et est utilisée dans les domaines de la relation d’aide ou de la santé(3). Ainsi, la PNL peut prendre place dans une démarche de médecine intégrative. Par la compréhension concrète du fonctionnement de l’humain, en utilisant des outils pratiques pour tendre vers l’excellence, des méthodes subtiles pour se préparer et réaliser ses objectifs de vie, il est possible d’impacter efficacement la vie de la personne. Aussi, la communication est optimisée par l’observation et la maîtrise fine du langage, non verbal et verbal (notamment par les canaux de communication sensoriels : visuel, auditif, kinesthésique, olfactif : VAKO).

Ainsi la PNL se fait soutien et boussole dans la relation, pour entrer dans la communication avec l’autre dans le respect, la recherche de l’intention positive et l’écoute active.

La modélisation, un outil précieux

Une performance exceptionnelle peut être décrite en tant que fonction à deux dimensions fondamentales : la conscience (savoir) et la compétence (faire). II est possible de connaître ou de comprendre une activité, mais d’être incapable de la réaliser (incompétence consciente). II est également possible d’être capable de bien faire une activité particulière, mais de ne pas savoir comment on la fait (compétence inconsciente). La maîtrise d’un savoir-faire implique aussi bien la capacité de « faire ce que l’on sait » que celle de « savoir ce que l’on fait ». L’un des buts de la modélisation est d’extraire et d’identifier les compétences inconscientes des personnes et de les amener à la conscience afin de mieux les comprendre, de les accroître et de les transférer(4).

L’objectif du processus de modélisation PNL est de donner une « recette » qui nous permette d’appliquer de manière utile les stratégies qui semblent mener à l’excellence. En effet, nos expériences se composent de nombreux éléments qui, en interagissant ensemble, les structurent : comportements, émotions, pensées, croyances, présupposés… La modélisation est un processus de « création de cartes » qui aident à la description et à la compréhension de la structure d’une expérience humaine. Elle donne accès à une multitude de compétences humaines, à une compréhension plus fine de la structure sous-jacente des comportements, permettant ainsi de savoir précisément quoi changer ou reproduire. Il est possible à  toute personne de reproduire cette expérience ou cette compétence en s’appropriant cette carte(5).

La modélisation d’un comportement implique donc d’observer et de dresser la carte des processus réussis(4). Elle consiste à considérer un événement, ou une série complexe d’événements, et à les découper en fragments suffisamment petits pour pouvoir récapituler cet événement ou cette série d’événements. Ainsi sont identifiés les éléments essentiels de pensée et d’action nécessaires à la production de la réponse ou du résultat désiré. Seront compris dans ces éléments : les croyances, le sens, les stratégies, le comportement, les émotions supportantes. Un protocole pré-établi permettra de questionner chaque item afin d’en dégager les traits saillants.

Application de la modélisation

L’objet de notre étude, via l’outil de modélisation de la PNL, était de mettre en lumière les processus structurant la capacité des soignants à intégrer les approches complémentaires dans leur travail tout en amenant à la conscience leurs compétences. Par le biais de la modélisation des soignantes ayant participé à la création de notre unité de soins palliatifs (Centre hospitalier du Centre-Bretagne), nous avons pu mettre en évidence l’essence de cette compétence à intégrer les approches complémentaires et psychocorporelles au sein de la médecine allopathique. Ainsi, nous avons pu définir une partie de l’identité du service. Par la mise en évidence de ces caractéristiques, nous avons pu explorer la question du sens donné à cette démarche comme facteur déterminant de leur implication au travail et donc vecteur de bien-être.

Matériels et méthodes

La grille de classification des expériences de David Gordon (figure 1) est un exemple de support sur lequel appuyer son « interrogatoire » dans le but de modéliser. Ce support est utilisé pour extraire les questions guidant notre recueil de données.

Dans un premier temps, la démarche consiste à la description d’exemples concrets de la compétence, ce qui permet à l’interrogé de reprendre contact avec ses sensations lors de l’expérience pour entrer directement en lien avec sa structure et identifier les éléments de pensée et d’action essentiels et nécessaires. La grille est ensuite mise en place par des questions spécifiques, avec des sous-catégories permettant de mettre à jour les informations utiles à la description de la structure de l’habileté/expérience de performance.

Croyances, critères et motivation

La première partie s’intitule « La matrice des croyances ». L’exploration des croyances est une étape primordiale dans le questionnement. Les croyances sont des affirmations personnelles que l’on pense vraies. Elles se distinguent d’un fait, d’un constat. Elles sont des généralisations qui relient nos expériences, valeurs, états internes et attentes, qui influencent notre expérience et notre interprétation de la réalité.

La matrice des croyances est constituée de plusieurs questions qui permettent d’explorer les différents constituants d’une croyance. Elle s’explore à travers l’observation des exemples en partant de la question « Qu’est-ce qui est important pour vous quand vous êtes dans cette expérience ? ». Emergent alors des « critères », autrement dit des concepts de valeurs, qui donnent du sens à notre expérience, qui agissent comme un étalon de mesure et affectent la manière dont l’expérience est vécue. C’est ce qui est important dans la situation.

En général, on affine par tri dichotomique pour trouver un ou deux critères essentiels et spécifiques à l’expérience. L’exploration des critères nous permet, en parallèle, de mettre en évidence les croyances importantes et aidantes pour la personne.

Une fois le critère mis au jour, il s’agira d’aller questionner la définition que la personne lui donne et l’évidence du critère, c’est à dire l’expérience qu’elle désire avoir en termes d’expérience sensorielle : « Comment sais-tu que tu as atteint ce critère, que vois-tu, qu’entends-tu, que ressens-tu ? ». Ainsi, par ces deux questions, se dessine l’équivalence du critère, comment la personne « sait » qu’elle a rempli, atteint, son critère.

Enfin, en demandant : « Qu’est-ce qui est nécessaire pour qu’il y ait ce critère ? », on soulignera les prérequis, ce qui doit être présent, se passer, pour obtenir le critère. Puis, par la question « Qu’est-ce que le critère permet, rend possible ? », on obtiendra les critères liés à la motivation profonde de l’individu, au sens qu’il donne à sa démarche.

Autres items

La grille comprend d’autres parties explorables, non détaillées pour notre étude, mais qui permettent d’étendre le concept à l’analyse comportementale des individus modélisés.

- Les stratégies forment une séquence de comportements et de représentations internes menant à un but spécifique. La plupart du temps, elles opèrent automatiquement, inconsciemment. Mettre à jour une stratégie consiste à relever chacune des opérations mentales qui y sont effectuées. Cela demande une grande acuité sensorielle et une reconnaissance des systèmes de perception et de représentation VAKO. Notre système de perception sensoriel nous permet en effet de capter le monde, nos sens faisant le lien avec l’extérieur et la réalité (VAKO externe). Ensuite ces informations sont encodées, formant une sorte de représentation filtrée et réorganisée de ces perceptions (VAKO interne). Aller à la rencontre des éléments internes et externes constituant la structure du comportement permet de découper la stratégie en autant de petites étapes sensorielles internes et externes vécues par l’individu. Les questions suivantes permettront l’accès à ces informations : « Comment t’y prends-tu pour manifester cette compétence ? Si tu devais l’enseigner, que ferais-tu ? Que fais-tu habituellement à l’intérieur ? (Que te dis-tu ? Que vois-tu ? Que ressens-tu ? Dans quel ordre ? Et avant ? Après ?) Que vois-tu, entends-tu, ressens-tu à l’extérieur ? » …

- Le comportement : « Que te voit-on faire lorsque tu es dans ton habileté ? Que fais-tu ? Quelles expressions faciales ? Quel langage ? Que dis-tu ?... ».

- Les émotions supportantes : « Que ressens tu lorsque ça marche ? ».

Cette démarche permet d’accéder à la question principale et finale qui est de voir décrire la compétence par la personne concernée de manière précise. À chaque étape, la personne posant les questions effectue ce qu’on appelle un « step in » : elle se place dans l’expérience, « dans les chaussures » de la personne interrogée, se connecte aux descriptions faites précédemment, valide si cela fait sens ou s’il manque des éléments pour comprendre et retranscrire.

Plan d’enquête

Durant deux semaines, trois aides-soignantes et deux infirmières ont été invitées à répondre à ce questionnaire, réalisé en présentiel, en tête-à-tête, durant leur jour de repos, après leur avoir demandé au préalable de réfléchir à deux exemples spécifiques de leur quotidien de soignante. Les personnes interrogées devaient avoir l’expérience de travail la plus longue dans l’unité de soins palliatifs, idéalement depuis son ouverture ou presque. L’exploration complète de la grille prend environ trois heures. Pour ne pas abuser du temps offert par les soignants interrogés tout en respectant le but recherché, nous avons limité le temps d’entretien à une heure (seule la première partie de la grille de classification a été explorée).

Objectifs du questionnaire

Le but de notre modélisation était d’identifier l’essence de la compétence de nos collègues à intégrer les approches complémentaires au sein de la démarche habituelle de la médecine allopathique, plus spécifiquement dans le quotidien en soins palliatifs. Au sein du service, nous avions en effet, des soignants pouvant offrir entre autres, massages, réflexologie plantaire, soins énergétiques, supports en huiles essentielles, visualisation/hypnose… La partie « matrice des croyances » associée au questionnement rapide des émotions a été priorisée. Ainsi les croyances supportantes, les valeurs et le sens de leur engagement dans ces pratiques complémentaires ont été mis en évidence pour chaque individu.

Méthode de recueil et traitement des données

L’interrogatoire (tableau 1) était réalisé lors d’une rencontre en personne, guidé par les questions citées plus haut. Pour un meilleur rapport avec la personne, seules des notes manuscrites étaient collectées et un enregistrement audio a été réalisé en parallèle. L’édition de cinq fiches individuelles, puis le croisement des données de chaque personne, selon les similitudes, a permis de créer une sixième grille représentative de la modélisation synthétique de l’équipe soignante du service de soins palliatifs.

Résultats

La présence de critères communs a été identifiée, mettant en exergue l’importance : 

- d’instaurer une relation de confiance, dans un lien tissé avec le patient, à l’instant présent, dans l’immédiat d’une situation,

- d’apporter quelque chose de différent (regard, soin, échange, image),

- d’être en pleine présence,

- de permettre une pause, un oubli du quotidien, des agressions de la médecine et de la maladie,

- dans un objectif d’accompagner, d’apaiser et soulager en apportant ce dont le patient a besoin,

- dans un but de valoriser, de recentrer l’attention sur la personne.

Les critères se définissent individuellement mais laissent voir des traits communs : on note la récurrence de la simplicité, de la lumière apportée, de l’évasion. Par l’analyse des évidences d’atteinte du critère (comment, avec les sens, le VAKO, la personne sait qu’elle a rencontré son critère, qu’elle vit sa valeur), on retrouve des évidences sensorielles communes à un état de relaxation ou de bien-être.

De manière intéressante, nous avons pu explorer les prérequis nécessaires permettant à chaque soignant de rencontrer les critères qui lui permettent de développer ses compétences. Ainsi, de manière commune, il doit nécessairement exister :

- une équipe soignante comme support de collaboration,

- la possibilité de dialoguer avec le patient, les proches, dans la liberté de choisir,

- une relation de confiance entre le soignant et le soigné,

- une certaine ouverture du patient pour entrer dans l’approche complémentaire,

- une volonté du soignant de sortir de son rôle de « technicien »,

- un conditionnement du soignant, pour créer une atmosphère, une « bulle de bien-être » en vue d’y accueillir ou d’y amener le patient.

Concernant la motivation profonde, c’est-à-dire, ce que la mise en place de ces critères permet d’apporter de plus « grand », nous voyons apparaître des impacts sur :

- le bonheur au travail (« satisfaction », « heureuse », « contente », « épanouie »),

- la pleine présence à l’autre,

- la place du patient au centre et sa valorisation en tant qu’être humain unique,

- la transmission de ressources pour le patient : générer une certaine sécurité (rassurer les proches, « plus besoin de se protéger ») ; apporter du positif (détente, plaisir, sérénité) ; créer avec le patient un outil de bien-être naturel, sans médicament, qui pourra être réutilisé ultérieurement.

Par l’analyse des croyances, nous voyons comment l’approche complémentaire se situe au niveau sensoriel par le toucher, la parole, la vision, le ressenti des expériences. Nous remarquons l’importance de la variété des approches pratiquées au sein de l’équipe dans la complémentarité. Ici, il ressort à quel point le patient est au centre de l’attention et son bien-être l’objet de leur implication quotidienne à travers les approches complémentaires.

Ces croyances de nos soignants concernant la maladie, ses traitements et la mort montrent à quel point les représentations projetées, imaginaires ou observées, soutiennent leur engagement auprès des malades. L’empathie et la compassion consécutive engagent le soignant dans la proposition d’apporter autre chose que la médecine allopathique jugée comme agressive. L’objectif est de favoriser la dignité de la personne et de la placer au centre de son existence. Ces croyances montrent l’ouverture, la bienveillance avec laquelle les soignants abordent sans tabou la question de la mort, facilitant un « laisser-aller », « laisser faire », vers cette issue inéluctable. Tout en respectant les croyances du patient, la complémentarité se joue dans cette flexibilité des soignants à pouvoir proposer en équipe ce qui convient à la personne malade, dans l’optique de provoquer le moins d’effets sédatifs possibles avec le plus de présence possible. Enfin, par ces croyances, nous pouvons observer comment la transmission, via les pratiques psychocorporelles auprès du patient, est génératrice d’émotions positives pour le soignant.

Perspectives

Au fil de cet exemple, nous avons pu remarquer combien la qualité de l’interrogatoire donne accès à de nombreuses informations fondamentales qui retracent très précisément l’expérience qualitative de la personne interrogée.

La modélisation est un outil qui semble s’appliquer de manière pertinente aux études qualitatives. Elle objective, dans une démarche rationnelle, préétablie et fondée, des données subjectives. Elle donne accès à la structure de l’expérience de la personne, permet de recouper des points saillants, communs, pour en souligner les impacts.

L’analyse des données issues d’une modélisation est un travail facilité par le mode de recueil préalable. En effet, le processus d’interrogatoire, basé sur les fonctionnements de la PNL, permet l’accès à l’expérience subjective de l’individu, notamment par la synchronisation, c’est-à-dire la capacité à adopter le mode de communication de l’autre, ou au moins de s’en approcher : en quelque sorte, se brancher sur la même longueur d’onde que l’interlocuteur.

Cette compétence, connue comme un moyen puissant de communication en PNL, donne accès aux informations non verbales contenues dans l’expérience de la personne. Les questions sont ainsi guidées à la fois par le processus qui se déroule selon le schéma du questionnaire, mais aussi, plus intimement, par la relation humaine et la qualité de présence et d’écoute permise par la personne formée à la PNL. La qualité de la modélisation est bonifiée par les compétences de communicant de l’interrogeant, développées idéalement par une formation à la PNL.

Une fois la cartographie établie, la modélisation complète de la compétence (stratégies comprises) permet l’accès à cette dernière, son acquisition et sa transposition à un individu ou à une équipe.

En effet, l’analyse détaillée des croyances les rend mobilisables. En ayant accès aux critères, nous pouvons observer, dans notre vie, quels exemples personnels rejoignent ceux décrits. Au fur et à mesure du quotidien, se concentrer sur la mise en évidence de critères similaires permet de les mettre à jour dans notre propre expérience. Une fois ces critères appropriés, souligner pour nous-même quels causes et effets sont apparents et comment ils rejoignent nos valeurs principales et une motivation profonde personnelle.

De même, des souvenirs d’émotions telles que celles décrites peuvent rapidement s’associer et se potentialiser à l’expérience vécue une fois la compétence mise en œuvre.

Les stratégies sont parfaitement applicables à l’intégration inter-individus. La description des étapes permet une reprise précise qui, répétée de manière intentionnelle, pourra enrichir des expériences similaires vécues dans des contextes différents.

Nous voyons ainsi que par la mobilisation des ressources de l’individu, par l’accès à ses compétences, ses valeurs, ses expériences passées, la compétence décrite par la modélisation peut être partiellement ou complètement translatée vers une autre personne. Des comportements nouveaux émergeront naturellement de l’utilisation ou de la mobilisation des croyances, des stratégies et des émotions vécues par la personne.

Conclusion

Dans un monde médical où la recherche est une voie royale pour avancer, mais où la preuve scientifique qualitative est malheureusement difficile à poser, la modélisation telle qu’utilisée depuis des décennies par la PNL est un outil intéressant à considérer.

L’exploration fine et rationnelle des expériences subjectives permet de les rendre objectivables. Or, l’émergence de nombreuses approches psychocorporelles dans la démarche de soins, qu’elle soit portée par le système médical ou par la démarche du patient lui-même, nécessite d’être objectivée pour rejoindre légitimement la boîte à outils du soignant.

Utiliser cette démarche comme moyen d’exploration de l’être humain cheminant dans le soin, qu’il soit patient ou soignant, est intéressant car cela permet d’accéder aux processus internes structurant son expérience subjective. Mettre à jour les valeurs, les croyances et les stratégies mobilisées dans la mise en œuvre d’une compétence est un merveilleux moyen d’explorer des horizons encore difficiles d’accès pour la science. Et que dire d’une modélisation de patients d’oncologie ayant eu accès une rémission inespérée ?

Objectifs de la modélisation

Le but du processus de modélisation (d’un comportement, d’une compétence, d’un savoir-faire en équipe) est d’identifier les éléments de pensée et d’action nécessaires à la production de la réponse ou du résultat désiré. Par opposition au fait de fournir des données purement corrélatives ou statistiques, un « modèle » d’un comportement particulier doit offrir une description de ce qui est nécessaire pour véritablement atteindre un résultat similaire.

Ainsi, après avoir modélisé une compétence, un comportement, un fonctionnement particulièrement innovant ou inspirant, nous obtenons une véritable recette, qu’il est alors possible de transférer à une autre personne, une autre équipe.

Figure 1. Grille de classification des expériences de David Gordon.Tableau 1. Trame du questionnaire utilisé.
  • Notes
  • (1) Servan-Schreiber F. PNL : tout savoir sur la programmation neuro-linguistique. Psychologies.com, 26 septembre 2022.
  • (2) Centre québécois de programmation neurolinguistique (CQPNL). Cours Praticien en PNL. Montréal, 2020.
  • (3) Sala B. Stratégies de communication des médecins généralistes dans la relation médecin-patient. Médecine humaine et pathologie. Thèse de médecine, 2018.
  • (5) CQPNL. Cours Maître Praticien en PNL. Montréal, 2021.