Quatre professionnels du secteur de la santé et membres du collectif Femmes de santé répondent à nos questions sur la FemTech. Définition, avancées et enjeux, Paola, Juliette, Charline et Paola nous disent tout !
Non, la FemTech n’est pas l’entreprenariat des femmes dans les technologies, mais bien l’innovation au service de la santé des femmes. Il s'agit d'un secteur aux enjeux économiques colossaux, avec un marché en pleine croissance, estimé à 60 milliards d'euros en 2027 selon certains. Ce marché touche 50 % de la population mondiale : les femmes. Juliette Mauro, présidente de FemTech France et fondatrice de My S Life (la plateforme d’accompagnement de la santé intime et sexuelle des femmes), définit la FemTech comme étant « à l’intersection de trois grands axes : l’innovation, la transformation sociétale et la santé ».
Alors, lorsqu’on parle de FemTech, on évoque bien la santé et non le bien-être. Paola Bourdon, co-fondatrice d’Emagina (un dispositif médical breveté, permettant aux femmes enceintes d'augmenter leurs chances de conserver un périnée intact lors de l'accouchement, grâce à des exercices d'assouplissement du périnée progressif et sur mesure les derniers mois de grossesse) explique que la crédibilité médicale est essentielle lorsque l’on développe un dispositif ou une application. Ceux-ci doivent impérativement être conçus avec des professionnels de santé : outre le fondement scientifique, « cela permet de rassurer les prescripteurs et les femmes utilisatrices ».
La FemTech répond à des besoins qui s’inscrivent dans un parcours de soins. Paola Craveiro, fondatrice de Vulvae (un dispositif digital qui accompagne les femmes atteintes de douleurs vulvaires dans leur prise en charge ; de l’aide au diagnostic, jusqu’au traitement, en passant par l’éducation thérapeutique) nous fait comprendre que la FemTech favorise le suivi et l'accompagnement des femmes entre deux rendez-vous médicaux. « Cela permet également de délivrer de l’information pour ainsi orienter les femmes dans leur parcours médical. »
Après avoir expliqué que la donnée, dans la FemTech, est essentielle pour développer et légitimer ces innovations auprès des différentes parties, Charline François, directrice marketing de Luna (application d'aide au diagnostic et au suivi de l'endométriose) insiste sur l’importance de protéger cette donnée pour des raisons éthiques, via des hébergeurs de données de santé (HDS) et le cryptage des données collectées, mais aussi pour s’inscrire dans un cadre réglementaire/légal européen (RGPD). Charline rappelle également la chance que nous avons en France. En effet, la valeur et la confidentialité des données de santé ne sont pas respectées dans tous les pays (remise de données de santé à la police, notamment pour détecter de potentiels avortements aux États-Unis).
Reste encore à récolter ces données, qui concernent des symptômes souvent tabous ou des maladies très répandues, mais pourtant peu ou pas étudiées. La FemTech est bel et bien un atout pour la santé, et va sans aucun doute révolutionner la prise en charge de la moitié de la population mondiale.
Femmes de Santé, premier collectif pluriprofessionnel de femmes (et d'hommes) dans la Santé, regroupe plus de 2 400 femmes (et une cinquantaine d’hommes) représentant tous les métiers du secteur de la santé : cadres de santé, infirmières, DRH, directrices d'hôpital, médecins, aidants, start-uppeuses, étudiantes, consultantes...
Ses missions sont claires : co-construire un système plus juste, car plus égalitaire, et faire avancer la santé par l’intelligence collective, grâce à la sororité. Le collectif Femmes de Santé a organisé ses États généraux 2022 le 9 décembre dernier, sur la santé des femmes, notamment sur la thématique « Préventions et inégalités de santé chez les femmes : briser les paradigmes et proposer une approche positive ». Si vous souhaitez proposer des solutions et travailler collectivement pour améliorer la santé des femmes, n'hésitez pas à rejoindre le collectif : http://www.femmesdesante.fr.