La France figure au premier rang des pays européens en termes d’espérance de vie, mais au onzième en matière d'espérance de vie en bonne santé. Santé publique France souhaite infléchir la tendance.
En 2050, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) estime qu’un habitant sur trois en France, soit 22,3 millions de personnes, sera âgé de 60 ans ou plus. Avec l’avancée en âge se profile l’augmentation des maladies chroniques qui grèvent la vie en bonne santé. Si l’évolution des indicateurs d’incapacité semble stable ou favorable aux âges avancés, elle pourrait néanmoins être défavorable chez les personnes arrivant à l’âge de la retraite. Selon Santé publique France (SPF), des études de cohorte attestent qu’il existe un lien entre les facteurs de risque à mi-vie et la survenue d’événements graves de santé. Ainsi, il est estimé qu’un tiers des démences serait lié à des facteurs de risque modifiables, tout comme les pathologies cardio-neuro-métaboliques et un grand nombre de cancers. L’hypertension artérielle, le diabète, l’hypercholestérolémie et l’obésité, à mi-vie, sont associés à un risque augmenté de démence et de maladies cardiovasculaires. En revanche, des habitudes de vie favorables, telles que l’activité physique, un régime alimentaire sain, une absence de consommation de tabac et une consommation modérée d’alcool, à mi-vie, contribueraient à un vieillissement en bonne santé.
SPF dresse un état des lieux assez alarmant de la santé des Français de 40 à 64 ans : de nombreux indicateurs, en lien avec la survenue de maladies chroniques et d’incapacités à un âge plus avancé, sont préoccupants, notamment chez les populations les plus défavorisées. Ainsi, 25 % des 45-54 ans sont hypertendus, dont 50 % non diagnostiqués ; 10 % des 40-54 ans sont pré-diabétiques, 30 % des hommes et 25 % des femmes de cette tranche d’âge fument du tabac quotidiennement et 20 % ont une consommation excessive d’alcool. Chez les femmes, depuis 2006, une constante augmentation du surpoids est constatée ainsi qu’un faible niveau d’activité physique ; enfin, 15,6 % des femmes de 35-44 ans ont présenté un épisode dépressif majeur ces 12 derniers mois.
Cet état des lieux montre l’importance d’agir sur ces déterminants de perte d’autonomie. Une action globale paraît pertinente pour inverser la tendance, surtout auprès des populations de plus faible niveau socio-économique, précise SFP. À cet égard, est lancé un programme « Santé 40 et + » qui vise à sensibiliser la population aux différents facteurs permettant de favoriser sur le long terme le vieillissement en bonne santé, en intervenant à demi-vie, selon les orientations de la stratégie nationale « Vieillir en bonne santé 2020-25 ». Cela implique une surveillance de l’état de santé de la population à demi-vie, d’un point de vue des maladies chroniques, de la santé mentale et physique (traumatismes) et le développement d’indicateurs intégratifs du vieillissement ; ces derniers ont pour objectif le repérage des populations cibles en amont de leur perte d’autonomie. Cela demande également de mobiliser les milieux de vie pour mieux accompagner les publics, notamment les moins favorisés, par des actions de promotion de la santé. Enfin, au printemps 2023, SPF lancera un site internet dédié à la prévention pour les personnes de 40 à 55 ans, en lien avec des campagnes digitales et médias.
La France est notoirement connue pour avoir l’une des meilleures espérances de vie à la naissance au monde : en 2016, elle atteignait 85,3 ans pour les femmes et 79,3 ans pour les hommes. Néanmoins, l’espérance de vie en bonne santé, également appelée espérance de vie sans incapacité, s’élève à 64,1 ans pour les femmes et 62,7 ans pour les hommes. Si l’espérance de vie en bonne santé à 65 ans reste stable depuis des années, celle avant 55 ans diminue depuis 2006. En résumé, on vit longtemps en France, mais pas forcément en bonne santé et cela commence tôt, avant 55 ans. Pour Santé publique France, l’enjeu est désormais de faire en sorte que les années de vie gagnées soient des années de vie sans incapacité majeure, pour mieux gérer les conséquences humaines, sanitaires, économiques et sociales de la perte d’autonomie.