OBJECTIF SOINS n° 0291 du 15/02/2023

 

ACTUALITÉS

Réalisée par Claire Pourprix

  

A-t-on toujours attendu aux urgences ?

Faillite du NHS outre-Manche

Le pharmacien, une alternative au médecin ?

Dans l’émission « Sans oser le demander », diffusée sur France Culture le 10 janvier, Charles-Antoine Wanecq, agrégé d'histoire et docteur en histoire contemporaine de l'Institut d'études politiques de Paris, revient sur l’histoire des urgences. Si leur forme moderne ne date que des années 60-70, des plaintes se font entendre sur le délai de prise en charge des patients dès la fin du 19e siècle… L’attente sociale d’une prise en charge rapide et efficace ne date pas d’hier : l’idée que la mort n’est qu’un moment et qu’on peut empêcher qu’elle survienne s’est répandue à partir du 18e siècle. La médecine d’urgence ainsi que la culture du tri sont nées lors de la Première Guerre mondiale, tandis que la Seconde Guerre mondiale a accéléré les progrès dans le domaine de l’anesthésie, de la réanimation et de la formation au secourisme. Mais il faudra attendre les années 60-70 et l’augmentation fulgurante des accidents de voiture pour que l’État organise et coordonne la mise en place des services d’urgences. Si les numéros 17 (pour la Police Secours) et 18 (pour les Pompiers) existent depuis les années 30 à Paris, le 15 n’est lancé que le 1er janvier 1979. Et l’ensemble du territoire n’est couvert que depuis la fin des années 80 !

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/sans-oser-le-demander/a-t-on-toujours-attendu-aux-urgences-7723784

Le National Health Service, célèbre système de santé universel et gratuit anglais fondé en 1948, est aujourd’hui à bout de forces. Il faut en moyenne 92 minutes avant d’être pris en charge pour une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral, 12 heures d’attente aux urgences avant d’être enregistré ; 7 millions de patients sont sur liste d’attente pour une opération… Résultat : la surmortalité serait de 50 000 personnes en 2022, hors pandémie de Covid. En décembre dernier, les infirmiers se sont mis en grève pour la première fois de leur histoire. Il réclament plus de 19 % d’augmentation de salaire. « Les gens ne meurent pas parce que les infirmiers sont en grève, déclare Pat Cullen, secrétaire générale du Collège royal d’infirmerie. Les infirmiers sont en grève parce que les gens meurent du manque de moyens. » Le pays est sous-doté en équipements médicaux et personnels – il manque 130 000 infirmiers et il existe 9 scanners par million d’habitants contre 26 en moyenne dans les pays l’OCDE. De nombreux soignants et patients préfèrent se tourner vers le secteur privé. La fin annoncée du NSH ?

L’Express, 26 janvier au 1er février 2023

À l’heure où 6 millions de Français n’ont plus de médecin traitant, une étude réalisée par NèreS, association professionnelle qui représente des laboratoires pharmaceutiques produisant et commercialisant des produits de santé et de prévention de premier recours disponibles en pharmacie sans ordonnance, révèle que 52 % des personnes interrogées estiment que notre système de santé se dégrade de façon continue. Cela se manifeste par des déserts médicaux, des délais d’attente allongés pour avoir un rendez-vous médical, une surcharge des services d’urgences… Ainsi, 90 % des personnes interrogées se disent affectées par des maux du quotidien, 5 fois par an en moyenne, et 80 % utilisent des médicaments sans ordonnance et des dispositifs médicaux de premier recours. Les pharmaciens étant les professionnels de santé les plus disponibles, et ayant la confiance des Français, pourquoi ne pas en faire le premier maillon du parcours de soins ? À condition, bien sûr, que l’interprofessionnalité et la coordination des soins priment afin que le pharmacien puisse orienter facilement les patients qui le nécessitent vers d’autres professionnels de santé.

Le Quotidien du médecin, 26 janvier 2023