EDITO
Directrice des soins
La réforme des retraites a un goût amer chez les infirmiers ayant opté pour la catégorie sédentaire en 2011 moyennant une maigre revalorisation salariale, loin de compenser les années de travail requises pour un départ à taux plein.
Cet allongement d’exercice pourrait renforcer les effectifs paramédicaux faisant cruellement défaut à l’hôpital, en ville, dans les déserts médicaux, les cliniques ou les Ehpad.
C’est peu probable vu l’état physique et psychique des professionnels sortis exsangues de la pandémie de Covid !
Las, le nouveau monde post-Covid annoncé est mort-né : les difficultés dénoncées depuis des décennies, sans reconfiguration du système de santé, sont désormais inextricables et la pénurie de professionnels médicosoignants continue de s’aggraver.
Pourtant, des solutions peu onéreuses, et parfois génératrices d’économies, existent.
Ainsi, le projet de loi déposé par la députée Stéphanie Rist pour l’accès direct à certains professionnels de santé – dont les infirmiers en pratique avancée – vise à améliorer la permanence et l’accès aux soins de premier recours sur tout le territoire, sans perte de chances pour la population.
Cette organisation, qui a fait ses preuves dans de nombreux pays, recueille l’adhésion unanime des associations et syndicats infirmiers (700 000 infirmiers toutes spécialités et modes d’exercices confondus), à l’instar des protocoles de coopérations entre professionnels de santé initiés par la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) en 2009.
Ces évolutions inéluctables sont freinées par un corporatisme médical anachronique, encore prégnant, concernant l’exercice des paramédicaux, malgré l’universitarisation de leurs formations toujours plus exigeantes.
Cessons d’être invisibles et inaudibles ! Politiques, décideurs, directeurs et médecins…, autoproclamés experts, s’expriment à notre place : nous devons porter une voix forte et unie via un véritable leadership infirmier.
Prenons la parole dans la presse, sur les réseaux sociaux et les plateaux télé pour – en concertation avec les usagers, médecins et décideurs – contribuer à la refonte du système de santé au profit de la population.