En 2009, soyons fous... - Objectif Soins & Management n° 172 du 01/01/2009 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 172 du 01/01/2009

 

Éditorial

le 12 novembre dernier, un étudiant était assassiné dans les rues de Grenoble par un malade schizophrène qui venait de fuguer de l'hôpital. Immédiate réaction du Président de la République avec un «plan de sécurisation des hôpitaux psychiatriques» dont les bases sont données un mois plus tard. Ce «nouveau» plan suggère la réforme de la loi d'hospitalisation, la création de chambres d'isolement, la systématisation des soins sous contrainte, entre autres. Plus fort encore : le port de bracelets électroniques pour certains malades sous contrainte. Levée de boucliers, évidemment. Le discours «pour ou contre la sécurité» en psychiatrie relève d'un manque saisissant de connaissance des maladies mentales. Certes, la psychiatrie publique va mal. Il en faut peu pour que les fondements même de cette science un peu à part dans le système de santé vacillent. Le 15 décembre dernier, deux pétitions voyaient le jour, en réponse au discours du Président de la République du 12 décembre. Toujours en référence à ce discours, un collectif de soignants en psychiatrie, regroupant trente-neuf psychiatres, infirmiers, psychologues et travailleurs sociaux, a lancé le 14 décembre dernier un appel («l'appel des 39«). Ils dénoncent « des mesures sécuritaires inacceptables » et s'opposent à « une relance de la politique de la peur ». Du fait divers, il est bien aisé de tirer une généralité. Ainsi, depuis quelques mois, les médias dressent le triste tableau des erreurs médicales, erreur de gestion dans le circuit du médicament, malades qui s'échappent. D'ici, on a la vague impression que l'hôpital et ses valeurs s'écroulent. Que faut-il comprendre ? Comment agir et réagir ? Le manque cruel de moyens humains et financiers s'accentue chaque année. Les coupes budgétaires de Bercy sont extrêmement lourdes de conséquences pour les hôpitaux. Tous les acteurs du monde hospitalier se mobilisent pour trouver des solutions pérennes à ce qui ressemble de plus en plus à une crise humaine et institutionnelle de taille. Il n'y a pas de secret : pour que l'hôpital «tourne», il faut des moyens. Et si nous savons que le risque zéro n'existe pas, on ne peut que déplorer que ces affaires fort douloureuses servent de support à une campagne sécuritaire aussi massive.