Paul Bocuse inaugure un centre de recherche sur la nutrition - Objectif Soins & Management n° 172 du 01/01/2009 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 172 du 01/01/2009

 

Actualités

ZOOM → Le château du Vivier, près de Lyon, qui héberge l'école de management en hôtellerie, restauration et arts culinaires créée par le chef étoilé, accueille désormais un centre de recherche unique destiné à améliorer l'alimentation.

Plutôt récalcitrant à l'idée d'associer son nom à la notion de «nutrition santé», le célèbre chef gastronomique lyonnais Paul Bocuse s'est finalement laissé séduire par le projet. Dans l'enceinte de son institut - une école de management dédiée à l'hôtellerie, la restauration et les arts culinaires - vient d'être inauguré un centre de recherche inédit. En lieu et place des anciennes écuries du Château du Vivier, à Écully, près de Lyon, le bâtiment de 800 m2 accueille une cuisine expérimentale et une salle de restaurant modulable, capables de s'adapter à tout type de cuisines et de services. Selon l'objet de l'étude, la salle de restaurant reproduit les environnements d'alimentation de cantines, restaurants scolaires, d'entreprise, etc., grâce à des paramètres (sonores, visuels, de températures...) modulables.

Le centre de recherche de l'Institut Paul-Bocuse a été ouvert en partenariat avec le Centre de recherche en nutrition humaine de Rhône-Alpes (CRNH), dirigé par le Dr Martine Laville, professeur à l'université Lyon 1 et présidente du comité scientifique du centre de recherche Paul-Bocuse. Son objectif est de permettre une approche multidisciplinaire de l'alimentation en associant nutrition, science des aliments, évaluation sensorielle, sociologie, linguistique, marketing...

Accueillir dix doctorants

« Beaucoup de recherches sont effectuées en Europe du Nord, commente le Dr Martine Laville. Or nos habitudes alimentaires sont très différentes des leurs. Il est important, en France, que l'on s'organise et que l'on fasse entendre nos voix. » Pour le CRNH Rhône-Alpes, la transmission des recommandations nutritionnelles par des programmes d'information comme le programme national nutrition santé ne saurait suffire : il lui semble nécessaire de modifier l'offre alimentaire et le comportement alimentaire.

Les recherches menées au sein du centre de recherche de l'Institut Paul-Bocuse donneront lieu à des publications scientifiques, la soutenance de thèses et à des conseils aux professionnels de l'alimentation. Cinq premiers doctorants sont accueillis au centre de recherche ; une dizaine est prévue en rythme de croisière. Parallèlement, le centre fournit des prestations de services pour des études commandées par des industriels ou organismes spécialisés.

Boîte à outils au service de la communauté scientifique, le centre de recherche Paul Bocuse est aussi le moyen de développer une nouvelle approche de la nutrition. « Nous avons besoin d'autres personnes que des scientifiques purs pour divulguer des messages sur la nutrition, c'est pourquoi il est intéressant de nous associer à des professionnels de la gastronomie », commente le Dr Martine Laville.

L'Institut Paul-Bocuse se dote donc ainsi de nouveaux moyens pour transmettre les savoir-faire techniques et managériaux de la restauration. Des domaines qu'il a déjà explorés en milieu hospitalier.

Il y a un an, par exemple, douze aides-soignantes ont suivi un cycle de formation pour « donner du sens à la restauration », en s'appuyant sur les règles du service traditionnel. « Sans faire de révolution dans le service, nous avons constaté que des évolutions pouvaient redonner du sens à celles qui portent le plateau, souligne Hervé Fleury, directeur de l'Institut Paul-Bocuse. Avec plus de choses sur le plateau, par exemple, on peut changer son aspect visuel et donc le goût. »