Quand la culture fissure les murs des hôpitaux - Objectif Soins & Management n° 172 du 01/01/2009 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 172 du 01/01/2009

 

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ART → Décloisonner l'hôpital par la culture, l'humaniser, c'est le défi fixé par la centaine d'artistes de l'association Tournesol, qui travaille depuis bientôt dix-huit ans avec une quarantaine d'hôpitaux en Île-de-France et dans le Nord.

«Quand on danse à l'Opéra Comique, tout est dans l'excès... Il faut faire de grands gestes pour être vu sur une scène devant 300 personnes. À l'hôpital, on ne peut pas danser pour soi, il faut être à l'écoute du patient et s'adapter. Le problème de l'espace nous impose de travailler nos expressions et la gestuelle, et de guetter les mimiques pour susciter une émotion. » Voilà deux ans que Flora Sans tourne dans l'univers clos des hôpitaux psychiatriques ou dans le confinement des services de greffe, malgré le masque, les surchaussures, la charlotte, la surblouse...

Habituée aux univers baroques et contemporains, la danseuse a dû suivre un stage pour apprendre à s'adapter à l'univers hospitalier : grâce à l'association Tournesol, pendant une semaine, des médecins et des infirmiers au fait des contraintes imposées par les pathologies et la gestion des services ont pû l'éclairer... Et Flora a un credo : promouvoir la culture à l'hôpital. « Nous proposons l'art tel qu'il est, en espérant créer une parenthèse poétique. Ce n'est pas de l'art thérapie, mais plus modestement de l'évasion et du rêve. »

Depuis dix-huit ans, l'association conventionnée par le ministère de la Culture répond à des appels à projets et travaille avec le soutien financier des Directions régionales des affaires culturelles (Drac), des ARH, de la fondation Julienne Dumeste et des établissements d'accueil. Sa différence ? Mener une vraie réflexion sur l'exercice de l'art à l'hôpital et mêler action artistique et médiation, indispensables pour que l'artiste fasse oeuvre utile. À chaque fois, le choix des spectacles se fait en fonction des besoins, quel que soit le service, pedopsychiatrie, gériatrie ou centres médico-sociaux. « Les spectacles modifient complètement la façon dont les soignants voient les patients, cela remet les gens dans une relation humaine. Et puis, la rencontre directe avec les artistes, lors d'ateliers, apporte une bouffée d'air pour tout le monde », souligne Marie Andreassian qui travaille principalement en hôpital psychiatrique.