Un état d'alerte maximal - Objectif Soins & Management n° 173 du 01/02/2009 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 173 du 01/02/2009

 

Actualités

URGENCES EN DANGER → Des capacités d'accueil des patients dépassées et une augmentation du temps d'attente aux urgences... L'Association des médecins urgentistes de France dénonce une situation de «sur-saturation» qui pèse sur l'efficacité et la sécurité de la prise en charge des patients.

Devant les refus par certains directeurs d'hôpital de déclencher des plans blancs, attendus ces dernières semaines par les urgentistes, l'Amuf réclame une commission d'enquête pour « comprendre pourquoi les systèmes de veille sanitaire ne fonctionnent pas ». L'Union des familles laïques (Ufal), l'association d'assurés sociaux, reçoit une centaine de témoignages par jour sur les dysfonctionnements amont-aval dans l'hôpital. L'occasion pour les professionnels des urgences de tirer à nouveau la sonnette d'alarme sur la série noire que traverse l'hôpital public, après plusieurs morts accidentelles. Pour le président de l'Amuf, Patrick Pelloux, « ce qui s'est passé à Noël est le miroir de tous les dysfonctionnements de l'hôpital. Il aurait fallu un coup de tonnerre, un geste fort de la République ». Ces événements dramatiques ont relancé la polémique sur les fonds publics accordés à l'hôpital. Alors que le gouvernement les juge suffisants, les syndicats affirment que leur baisse a dégradé les conditions de travail, favorisant ce type d'accidents.

Autre pavé dans la mare, l'estimation avancée par Philippe Juvin, chef des urgences de l'hôpital Beaujon et secrétaire national de l'UMP chargé de la Santé, selon laquelle « 10 000 personnes pourraient mourir chaque année à l'hôpital à cause d'erreurs médicales ». Des décès qui, selon lui, seraient «évitables». Malgré d'importants désaccords sur le projet de la Loi Hôpital, patients, santé, territoires dont l'examen à l'Assemblée nationale commencera le 10 février prochain, Patrick Pelloux compte bien faire pression pour « qu'il n'y ait pas plus de 10 % de fermetures de lits dans les hôpitaux ». La loi se fixe pour objectif d'améliorer la prise en charge des urgences, et s'engage notamment à accueillir 90 % de la population dans une structure d'urgence dans des délais raccourcis. De nombreux professionnels de santé ont réclamé un moratoire sur ce projet de loi qu'ils résument dans la formule «Hôpital, entreprise, gestion, rentabilité». Pour eux, il semble nécessaire d'organiser un large débat national sur le devenir de l'hospitalisation publique.

Au terme d'une réunion de travail avec les représentants de la communauté hospitalière, la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, s'est d'ores et déjà engagée à débloquer 10 millions d'euros sur deux ans pour « améliorer la prise en charge des patients » avec des propositions phares : une meilleure régulation médicale, un désengorgement des centres 15 grâce à la mise en place d'une « plate-forme internet et téléphonique permettant une information directe des citoyens », et un acheminement plus sécurisé des médicaments dans les établissements de soins.

COMMISSION D'ÉVALUATION DU RÉSULTAT DES CHU

Un nouveau modèle pour les CHU

« Je vous demande de faire preuve de la même ambition pour nos CHU que celle du Pr Robert Debré en 1958. » C'est par ces mots que Nicolas Sarkozy a le 9 janvier dernier fixé sa feuille de route à Jacques Marescaux. Ce dernier est en effet chargé d'une commission d'évaluation du résultat des centres hospitaliers universitaires, tant en termes de soins, de recherche que d'enseignement. La commission, qui comprend 32 membres, devra en outre proposer un « nouveau modèle » pour ces établissements hospitaliers.

Un rapport d'étape est attendu pour fin février ou début mars tandis que la copie définitive devra être rendue dans le courant mi-avril. Les travaux de la commission Marescaux serviront de base à une réforme des CHU qui sera menée par Valérie Pécresse, ministre de la Recherche et de l'Enseignement supérieur, Roselyne Bachelot se consacrant à sa loi Hôpital, patients, santé et territoires. Ce chantier sera en outre relié à la réforme relative à l'autonomie des Universités.

Les professionnels du secteur attendent toutefois que la réflexion autour de l'avenir des CHU rejoigne la loi Bachelot en matière d'aménagement du territoire. Ainsi l'association des directeurs d'hôpitaux (ADH), si elle indique soutenir le projet des communautés hospitalières de territoire (CHT) devant assurer une offre de soins de qualité, observe que la place des CHU dans un tel contexte reste mal définie. Elle demande en conséquence à la commission Marescaux de « formuler des propositions » à ce sujet. Sandra Serrepuy