Don d'organes, quarante ans de sensibilisation

En 2007, 4 666 malades ont été greffés et 1 562 personnes ont été prélevées d'après les données de l'agence de la Biomédecine ; 5,6 % des donneurs d'organes étaient des personnes vivantes ; 227 malades sont morts faute de greffe. En moyenne, un donneur permet de greffer quatre personnes. La liste d'attente d'un organe est longue : 13 081 personnes y figuraient au 31 décembre 2007.

Au-delà des données brutes, quelle est l'évolution du don d'organes ? « Les mentalités ont drôlement progressé ! », constate Marie-Claire Paulet, présidente de France Adot, la fédération qui fédère 84 associations départementales. « Mais parler de la mort qui donne la vie n'est toujours pas facile », déplore celle qui milite depuis plus de vingt ans pour sensibiliser les citoyens au don d'organes. 30 % des refus des familles seraient dus au manque d'information. Un taux constant, qui ne scille pas malgré les efforts de communication et la forte sensibilisation du monde hospitalier. « La coordination hospitalière a été énormément améliorée ces dix dernières années », se réjouit Marie-Claire Paulet. Mais cela ne suffit pas.

Aller à l'encontre des idées reçues

En France, la loi autorise le prélèvement sans accord de la famille, selon le principe du consentement présumé. Mais le prélèvement d'autorité n'est pas pratiqué. Pour faire chuter ce seuil de 30 %, il faut donc parvenir à convaincre les réticents. Pour France Adot, dont la mission est d'informer et de sensibiliser le public du bien-fondé du don d'organes, le chemin à parcourir est encore long. Il s'agit de délivrer des informations précises pour aller à l'encontre d'idées reçues telles que le prélèvement sur personne vivante, la confusion entre don d'organe et don du corps à la science, etc. « Nos campagnes de médiatisation jouent un rôle très important car il faut délivrer l'information le plus en amont possible », explique Marie-Claire Paulet. L'obtention cette année du label «grande cause nationale» pour le don d'organes et de tissus devrait faciliter la tâche de l'association : le label permet d'obtenir des diffusions gratuites sur les radios et les télévisions publiques.

Vecteurs de parole

France Adot oriente sa communication à l'attention des jeunes, qui ont un rapport à la mort différent de celui de leurs aînés et se révèlent être des «vecteurs de parole» à la maison. Le site Internet de France Adot est d'ailleurs une mine d'informations (). C'est aussi un moyen facile de faire sa demande de carte de donneur : il suffit de remplir un formulaire en ligne. En 2008, 84 865 cartes ont été demandées via Internet. Les statistiques du site montrent bien l'impact des opérations de communication sur l'attitude des Français : après les journées nationale (22 juin) et mondiale (17 octobre), des pics sensibles de demandes de cartes en ligne ont été enregistrés. Cette année, la célébration des quarante ans de l'association aura donc aussi lieu sur Internet : une exposition virtuelle retraçant ces quatre décennies sera visible dès ce printemps. Néanmoins, c'est surtout vers l'avenir que la fédération porte son attention : elle compte bien être invitée à participer au débat en vue de la révision des lois de bioéthique pour porter la parole des familles de donneurs.