Traquer les bactéries pour éviter la propagation - Objectif Soins & Management n° 178 du 01/08/2009 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 178 du 01/08/2009

 

Actualités

RISQUE INFECTIEUX → C'est une étude unique au monde qui est menée actuellement à l'hôpital maritime de Berck-sur-Mer (AP-HP). Baptisée I-Bird*, cette expérience à grande échelle vise à suivre l'ensemble des facteurs ayant une influence sur la diffusion des bactéries, au sein d'une population hospitalière délimitée. Objectif : comprendre pourquoi certaines bactéries arrivent à se propager facilement en milieu hospitalier.

Mené par l'Inserm, l'Institut Pasteur, l'AP-HP et l'Inria - différents organismes hospitalier et de recherche qui ont mis leur expertise au service de cette étude unique - ce programme de recherche devrait durer jusqu'à la fin de l'année : pendant cette période, l'ensemble du personnel et des patients de l'établissement - environ 800 personnes - seront équipés de capteurs qui enregistreront les contacts qu'ils pourront avoir entre eux. La date du contact et son intensité (en distance et durée) seront consignées dans le capteur, un petit boîtier portable que tout un chacun devra porter pendant l'étude. Les données acquises seront ensuite transmises à un serveur pour y être sauvegardées en attendant l'analyse.

En parallèle, l'équipe de recherche effectuera chaque semaine des prélèvements pour suivre l'évolution des Staphylococcus Aureus résistant à la méthicilline (Sarm) et des entérobactéries et recueillera la consommation d'antibiotiques, les mesures d'hygiène des mains et les soins effectués sur les patients. Sachant qu'en moyenne un participant (soignant ou soigné) peut être en contact avec 20 personnes au fil de la journée, les équipes de recherche disposeront au terme de l'étude d'un milliard de contacts.

Vers une nouvelle politique contre les IN?

Une vraie manne pour les hospitaliers qui pourront peut-être enfin percer le mystère de la diffusion des bactéries, notamment en unités de moyen ou long séjour, là où les bactéries résistantes s'en donnent à coeur joie. Les prélèvements effectués au cours de l'étude seront tracés par les techniques de bactériologie moléculaire afin d'identifier les souches bactériennes et corréler leur présence avec la survenue d'éventuelles infections : les plus aptes à se disséminer pourront ainsi être déterminées et leur profil génétique sera dressé afin de comprendre ce qui les prédispose à une aptitude épidémique.

Une fois l'étude achevée à Berck-sur-Mer, elle entamera une deuxième phase dans deux unités de réanimation de l'AP-HP et de Versailles. Les instigateurs forment de grands espoirs à la lumière de ce qui pourra être observé lors de l'étude : unique au monde, ce projet pourrait en effet entraîner d'importantes innovations en termes de politique de prévention et lutte contre les infections nosocomiales, mais aussi en matière de prescription antibiotique.

*I-Bird : Individual-based Investigation of Resistance Dissemination.

SOINS AU BLOC

Enfin une check-list

La Haute Autorité de santé (HAS) annonce dans un communiqué le lancement d'une check-list «sécurité des soins au bloc opératoire». Chirurgiens, anesthésistes, Ibode et associations de patients ont travaillé de concert pour adapter cette liste inspirée d'un modèle développé par l'OMS. Chaque année, sur 6,5 millions d'interventions au bloc, 60 à 95 000 événements indésirables graves surviennent en périopératoire alors que la moitié serait évitable. Cette check-list devrait permettre de réduire la survenue de ces événements ; progressivement mise en place, elle sera exigible dès janvier 2010 pour la certification des établissements de santé. Elle intègre la lecture avant l'opération de divers points de vérification : type d'intervention, site à opérer, installation du patient et outils à utiliser, risques allergiques, etc. Dans l'idéal, cette lecture doit être faite à haute voix, lorsque le patient est encore éveillé, et également en fin d'intervention pour compter les instruments, outils et pansements utilisés. Anne-Lise Favier