L'Ordre national infirmier fait débat sur la toile - Objectif Soins & Management n° 181 du 01/12/2009 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 181 du 01/12/2009

 

Actualités

INTERACTIVITÉ → Le site Internet de l'Ordre national infirmier (ONI) a ouvert en septembre. Outil fédérateur pour la communauté des 500 000 infirmiers qu'il représente, il a vocation à informer les professionnels et à faciliter les échanges. Mais alors que l'ONI est le sujet d'une polémique au sein de la profession, d'autres voix se font entendre.

«Informer l'ensemble de la profession est un vrai challenge quand on représente une communauté de près de 500 000 infirmiers. » Pour la présidente du Conseil national de l'Ordre des infirmiers(1), Dominique Le Boeuf, le site Internet de l'ONI récemment ouvert constitue un outil précieux pour communiquer et fédérer la profession, tous exercices confondus : en établissement, en ville, à l'école, en entreprise. « Alors que nous avons une vision française hospitalo-centrée, nous nous efforçons de représenter l'ensemble des secteurs d'activité dans lesquels travaillent les infirmiers. » Le site, ouvert en septembre dernier, devrait s'enrichir progressivement de nouvelles fonctions pour renforcer son interactivité. D'ores et déjà, il propose un socle documentaire réparti en quatre rubriques : missions, organisation, description du monde infirmier et grands dossiers. Avec, dès la page d'accueil, un accès aux sujets d'actualité sur lesquels l'ONI s'implique et se positionne, à commencer par la campagne de vaccination contre la grippe A/H1N1 qui préoccupe la profession.

Retards à l'inscription au tableau

Les professionnels peuvent aussi accéder à l'espace infirmier pour télécharger leur formulaire d'inscription. Une fonction qui pourrait pallier les retards pris dans l'inscription au tableau ? Pas sûr... Car, outre des dysfonctionnements administratifs, il semble que la fronde anti-Ordre des syndicats et d'une partie de la profession soit aussi responsable du peu de retours des formulaires. « L'appel à cotisation et à l'inscription au tableau a été fait au niveau national, mais les inscriptions doivent se faire au niveau départemental, qui est un échelon de proximité », rappelle Dominique Le Boeuf. Face aux critiques sur la lourdeur des formulaires, elle répond par la négative : « Cela m'a pris un quart d'heure ! Le dossier d'inscription comprend sept pages, ce qui peut impressionner au départ, mais chaque infirmier n'a à remplir que la partie correspondant à sa «famille». »

Déplorant que les fichiers Adeli ne soient pas à jour et que certaines directions des établissements n'aient pas correctement distribué les courriers d'inscriptions aux professionnels de santé, la présidente de l'Ordre rappelle que l'inscription est obligatoire. Le site diffuse d'ailleurs un document de douze pages à ce sujet.

Une cotisation contestée

Sur son site Internet, la Coordination nationale infirmière (CNI)(2) appelle à signer un manifeste intitulé «Un ordre infirmier oui, 75 euros, non !». Éric Audouy, vice-président de la CNI, explique : « Nous sommes toujours favorables à l'Ordre infirmier, qui est bénéfique pour la profession, mais le montant de la cotisation nous semble trop élevé. Nous appelons donc les infirmiers à signer ce manifeste, en leur rappelant bien sûr les risques que l'on encourt si on ne s'inscrit pas à l'Ordre. » Au 27 novembre, 124 personnes avaient signé le manifeste, lancé le 21 septembre dernier. « Nous avons également reçu de nombreux appels de professionnels qui s'interrogent. Nous avons constaté qu'il y a un réel problème de communication de la part de l'Ordre et beaucoup de désinformation de la part des grandes centrales syndicales. »

« Même 10 euros, quand on cotise de force, c'est trop », renchérit Anne Perrault Soliveres(3). Pour la cadre supérieure infirmier, militante de longue date, l'Ordre national des infirmiers est une aberration que la profession n'a pas voulue : « C'est une juridiction morale supplémentaire. Nous avons quitté les ordres depuis très longtemps et je vois arriver l'Ordre comme une instance laïque pire que les ordres religieux ! » Alors que les infirmiers ont besoin de réinventer tous les jours leur métier, Anne Perraut Soliveres estime que vouloir faire parler d'une seule voix des infirmiers qui vivent des situations très différentes les unes des autres est la meilleure façon de faire taire la profession. Mais force est de constater que les critiques anonymes fleurissent plus facilement sur Internet. En témoigne le site Contre Ordre infirmier(4), qui se propose de « créer, coordonner, soutenir les actions dans la lutte contre l'Ordre infirmier ».

(1) Conseil national de l'ordre des infirmiers :

(2) Coordination nationale infirmière :

(3) Blog d'Anne Perraut Soliveres :

(4) Contre ordre infirmier : .