SANTÉ EN DANGER → Plusieurs occupations de locaux avec rétention de dirigeants ont eu lieu courant mars à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Le 25 mars dernier, l’Usap-CGT de l’AP-HP a appelé ses sections locales à organiser d’autres formes d’actions de protestation contre les restructurations, a-t-on appris le 26 mars auprès de sa responsable, Rose-May Rousseau.
Émile-Roux (Limeil-Brévannes, Val-de-Marne) le 12 mars, Charles-Foix (Ivry-sur-Seine, Val-de-Marne) le 18 mars, Joffre-Dupuytren (Draveil, Essonne) le 19 mars, 24 mars à Cochin (Paris XIVème) puis 25 mars à René-Muret (Sevran, Seine-Saint-Denis) : la liste des occupations avec rétention de dirigeants s’allonge. « Nous n’avons pas de mot d’ordre de ce genre », assure Rose-May Rousseau, interrogée à l’issue de la réunion de négociations consacrée à la gériatrie et aux soins de suite et de réadaptation (SSR) au siège. Elle réfute le terme de « séquestration » mais reconnaît que les cadres de direction ont été retenus « contre leur gré », même s’ils pouvaient sortir de la pièce où ils se trouvaient et manger, précise-t-elle.
Elle ajoute qu’elle a cependant envoyé le 24 mars un message électronique dans les établissements pour préconiser l’utilisation d’autres moyens d’action, comme des rassemblements ou la diffusion d’informations auprès d’usagers. Toutefois, « il ne faut pas s’étonner de cette situation. Il faut mesurer la souffrance des agents », insiste-t-elle.
Daniel Dutheil, du syndicat Force ouvrière (FO) de l’AP-HP, indique que son syndicat « n’approuve pas » les séquestrations de directeurs. « La séquestration n’est pas un moyen d’ouvrir les négociations, mais il faut la comprendre », souligne-t-il cependant. Annick Praderes de la CFDT de l’AP-HP assure également que la séquestration de cadres « n’est pas un mode d’action pratiqué par son syndicat », mais appelle aussi à « comprendre l’inquiétude des personnels ».
Le directeur général de l’AP-HP, Benoît Leclercq, a commenté pour sa part ces événements le 26 mars au matin lors de l’ouverture de la réunion sur la gériatrie et les SSR, organisée dans le cadre des négociations sur les projets du futur plan stratégique. « Les conditions dans lesquelles ces négociations se déroulent depuis une semaine ne sont pas acceptables », a affirmé le dirigeant dans son discours dont APM a eu copie. « Je n’accepte et n’accepterai plus que mes collaborateurs soient séquestrés chaque fois qu’une réunion est organisée avec les partenaires sociaux. Je ne poursuivrai pas les négociations si de telles pratiques perdurent », et a appelé chacun « à faire preuve de responsabilité ».
La Fédération hospitalière de France (FHF), par la voix de son délégué général Gérard Vincent, a fait une déclaration vendredi à l’occasion d’une réunion sur l’agenda social 2010, organisée au ministère du Travail, par Éric Woerth et Georges Tron et à la demande de son président Jean Leonetti, pour protester contre les séquestrations de chefs d’établissement, a annoncé la FHF dans un communiqué.
« Même si la FHF ne représente pas les directeurs mais les hôpitaux en tant que personnes morales, elle ne peut pas accepter que les directeurs soient pris en otage et deviennent des boucs émissaires alors qu’ils gèrent leurs établissements avec le seul souci de l’intérêt général et de celui des salariés », indique son communiqué. La Fédération a demandé au gouvernement de les condamner lui aussi, « davantage qu’il ne le fait aujourd’hui ». Prochaine réunion le jeudi 8 avril.