Le premier jour à Diquini, une fois les zones de travail définies, les réactions et constats ont été les mêmes pour tous les membres du détachement médical français. Nous nous trouvions face à la souffrance, la désolation, le désespoir, dans la désorganisation la plus totale.
Dans la Zone 4 (premiers soins, traumatologie…), l’équipe s’est divisée en deux. Le travail de la première a été de visiter toutes les tentes de fortune afin de répertorier les blessés, les malades et de trier les pathologies par ordre de priorité. Le travail de la deuxième était de définir et de mettre en place une zone de soins, dégagée de tout risque d’effondrement des structures des bâtiments encore debout.
Après avoir construit avec du matériel de fortune (porte, table, matelas, etc.…) le poste médical de la Zone 4, les premiers soins qui y ont été prodigués étaient plus ou moins identiques à toutes les autres zones : traumatologies diverses et variées et désigner les patients à opérer. Au bout de quelques jours, la “médecine de guerre” des premières heures a cédé la place, petit à petit, à une vraie organisation de soins. Manque, hélas, l’aide de plateaux techniques. Le médecin devra se fier à son savoir faire et à son expérience.
Tout en continuant à assurer le suivi des soins et pansement des plaies et traumatismes, les pathologies médicales commencent à faire leur apparition chez des Haïtiens qui attendent patiemment leur tour dans une discipline quasi exemplaire et un respect d’autrui. Nous commençons à voir des patients qui n’avaient ou qui n’ont plus les moyens de consulter un médecin de ville. Ils viennent se faire soigner pour des pathologies comme le diabète, des problèmes cardiaques, etc. Beaucoup d’enfants victimes de la pauvreté d’avant et d’après séisme viennent aussi se réfugier ici. Ce séisme n’a fait qu’augmenter le nombre d’enfants orphelins, dénutris et déshydratés, manquant de tout et parfois dans des états critiques. Dans cet environnement de détresse totale, l’espoir de vie dans la Zone 4 a fait son apparition sous les traits de deux bébés accouchés par voie basse et de deux autres, au bloc, sous césarienne.
Au terme de ces dix jours, nous avons réussi à mettre en place une organisation de soins et surtout une confiance entre la population haïtienne et nous. Lors de notre départ, les « merci » étaient une vraie récompense et surtout une réelle reconnaissance de notre travail. Nous étouffions nos larmes pour ne pas détruire l’espoir grandissant de cette population meurtrie.