ENTRAÎNEMENT → Comme des pilotes d’avions qui s’entraînent sur simulateur avant de prendre les airs, les soignants peuvent être formés par simulation interactive, en utilisant des mannequins bourrés de technologie informatique. Le but : s’exercer sur des scénarii très proches de situations réelles.
Mardi 9 mars, à Lyon. Dans une chambre de chirurgie, le patient qui vient d’être transféré de la montagne, suite à une chute en ski qui lui a causé une fracture, s’apprête à subir une intervention. Subitement, il manifeste des difficultés respiratoires qui évoluent vers un arrêt cardiaque.
Dans la chambre, infirmiers, infirmiers anesthésistes et médecins font face à la situation d’urgence. De l’autre côté du couloir, quelque 70 professionnels de santé du CHU de Lyon, conviés par les professeurs Petit et Bastien pour être sensibilisés à la simulation médicale et paramédicale, suivent en direct, sur un grand écran, cette scène filmée. Un quart d’heure de “jeu” où les soignants doivent adapter leurs décisions et gestes techniques en fonction des réactions du patient. Puis vient l’heure du débriefing avec l’équipe d’acteurs et les questions/réactions de la salle.
Un exercice surprenant, qui tend à se répandre en France, assurent les dirigeants de la société Laerdal, qui fournit les professionnels en mannequins d’apprentissage et d’entraînement à la gestion des situations d’urgence. Avec ce type de mannequin, dont le scénario peut fonctionner spontanément, être préprogrammé ou créé sur mesure, la formation des professionnels de santé gagne en authenticité. « Je fais beaucoup de formations et l’avenir est à l’utilisation de mannequins, assure Marion Dhers, infirmière anesthésiste, responsable technique au Samu de Lyon, qui a participé à cette journée de découverte de la simulation. Contrairement à un mannequin classique, on peut élaborer un scénario et le faire varier. C’est un outil de travail reproductible, pour lequel il n’y a pas besoin d’acteur. La méthode de travail est donc différente. »
Toutefois, le rôle du formateur reste primordial. Le mannequin remplace la victime, il est donc à considérer comme un outil de travail, mais en aucun cas il ne peut apporter des explications.
Autre bémol, et non des moindres : le coût du matériel. L’investissement pour un mannequin s’élève à environ 70 000 euros hors taxe, hors options et accessoires.
Marion Dhers émet également une autre réserve : « Il s’agit d’un matériel très sophistiqué et fragile, qui nécessite d’être formé et responsable pour l’entretenir correctement. » Mais elle balaye ces freins car l’outil lui semble très « riche de promesses ».
La France adopte peu à peu ce type de techniques déjà utilisées aux États-Unis depuis plus d’une quinzaine d’années. Les premiers centres français de simulation médicale ont ouvert en 2008 à Nice et Angers.
Le CHU d’Angers, qui utilise aussi un mannequin enfant, vient d’ailleurs de se voir confier une mission sur la simulation en santé par la Haute Autorité de santé. Les équipes du Pr Granry et du Dr Moll devront réaliser, d’ici à la fin de l’année, un état des lieux des initiatives et des expériences en cours en France et à l’international. Puis formuler des recommandations pour favoriser le déploiement de cette pratique pédagogique dans le cadre du développement professionnel continu.