ORDRE INFIRMIER → Avec une cotisation maintenue à 75 euros, le Conseil national a renouvelé, pour l’essentiel, les orientations votées en avril 2009. Mais la marge de manœuvre bugétaire semble limitée.
Malgré les pressions des syndicats, du ministère et d’une partie des parlementaires, la cotisation à l’Ordre ne baissera pas. Pour l’année à venir, à compter d’avril, les infirmiers en exercice devront à nouveau débourser 75 euros. Le Conseil national, réuni le 30 mars, « a fait le choix fort » de voter cette « reconduction », car l’instance présente « toujours autant de besoins », a commenté le soir même sa présidente, Dominique Le Bœuf.
Néanmoins, deux nouveautés apparaissent. D’une part, les sociétés d’exercice libéral seront mises à contribution, à hauteur de 150 euros par an. « Les libéraux paieront donc deux fois, dans leur société et à titre individuel », explique l’élue ordinale.
Second aménagement : les retraités exerçant à titre bénévole verront leur cotisation réduite à 37,50 euros. Cette modulation avait déjà été décidée en décembre pour les jeunes diplômés, pour leur première année d’exercice. Elle sera reconduite.
Dominique Le Bœuf est revenue sur son audition du 23 mars à la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale. D’abord, en précisant les chiffres donnés aux députés : 53 000 infirmières sont à jour avec leur cotisation. Soit un peu plus de 10 % des 510 000 infirmières que compte le répertoire Adeli de l’Assurance maladie, sachant que 100 000 dossiers sont revenus à l’Ordre avec la mention « n’habite pas à l’adresse indiquée ». Enfin, au moins 11 000 dossiers reçus sont incomplets.
Concernant les critiques, parfois virulentes, émises par les députés lors de l’audition, Dominique Le Bœuf a relativisé : « Cette discussion ne visait pas à remettre en cause l’existence de l’Ordre. » Et de noter qu’« Yves Bur [élu UMP auteur de la proposition de loi visant à rendre l’inscription facultative pour les infirmières salariées] lui-même a dit qu’une cotisation de 75 euros lui semblait normale pour assurer le fonctionnement » d’un organisme représentant 500 000 professionnels.
Elle distingue les divers points de vue tenus par les députés : « Certains [au PS et au PCF] défendent mordicus le service public pour les décisions concernant la profession et sont contre les Ordres. D’autres voudraient faire un Ordre sans les salariés, mais cela n’existe nulle part ailleurs. » Quant aux élus UMP et Nouveau Centre qui ont rappelé leur attachement à l’Ordre infirmier en l’état, « ils ont dit qu’il serait bon que la hausse de la cotisation soit progressive ».
« Je leur ai répondu que j’avais la responsabilité de maintenir des missions que, pour certaines, je n’avais pas réclamées », telles que la mise en place de « la commission sur les abus et fraudes », instaurée par la loi HPST, a indiqué Dominique Le Bœuf.
Alors que l’Ordre tablait, à l’origine, sur un budget de plus de 35 millions d’euros, les cotisations perçues ne représentent que 4 millions. L’élue ne s’est pas montrée inquiète, précisant que l’Ordre avait contracté « un emprunt sur trois ans ». Mais elle a affirmé : « Peut-être que l’on fera moins de choses sur la promotion de la profession… »