Pour Thomas Tursz, directeur général de l’Institut de cancérologie Gustave-Roussy, à Villejuif, le cancer du sein n’est pas une maladie, mais « dix ou vingt maladies différentes qui reposent sur des mécanismes cellulaires distincts. Chacune de ces maladies a sans doute un pronostic différent et doit être traité spécifiquement ». Les thérapies ciblées, qui ont revisité la façon de fabriquer les anticancéreux, ont donc tout leur intérêt. Mais elles ont aussi des travers : « Chacune est active sur une cible précise de la cellule. Si cette cible est présente dans 1 ou 2 % des cancers, la thérapie a une action dans 1 % ou 2 % des cancers. » De plus, développer une nouvelle molécule. Notre système de recherche et la place des essais souligne le spécialiste, « l’utilisation d’une seule thérapie ciblée ne suffira pas pour traiter un patient. Seules des combinaisons de molécules ciblées auront une réelle efficacité ». Or les laboratoires n’arrivent que très tardivement à tester des combinaisons : en général, ils investissent pendant une dizaine d’années de fortes sommes pour cliniques, qui devraient être une étape de la recherche et non sa finalité, selon Thomas Tursz, sont donc à repenser.
La Recherche, n° 440, avril 2010. 74, avenue du Maine, 75014 Paris.