Objectif Soins n° 190 du 01/11/2010

 

Actualités

Marie-Capucine Diss  

PRISE EN CHARGE → À l’occasion des entretiens de Bichat(1), la HAS et ses partenaires ont présenté le programme d’alerte et de maîtrise de la iatrogénie des neuroleptiques chez le malade Alzheimer, visant à limiter le recours aux neuroleptiques et à utiliser davantage des soins non médicamenteux pour réduire les troubles du comportement liés à la maladie.

Le recours aux psychotropes est fréquent pour faire face aux troubles du comportement (et notamment l’agressivité et la déambulation) liés à la maladie d’Alzheimer. En France, 60 % des malades se voient prescrire au moins un psychotrope, contre 35 % chez l’ensemble des personnes âgées. Cette différence s’accroît avec les neuroleptiques, administrés pour 18 % des personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer, un taux six fois plus élevé que celui de la population âgée générale. Pour les malades résidant en Ehpad, le taux de prescription de neuroleptiques atteint 27 %.

Des études récentes(2) prouvent que l’efficacité des neuroleptiques est très limitée pour les troubles agressifs, et non établie pour les autres troubles des symptômes psychocomportementaux. De plus, ces médicaments provoquent un sur-risque d’accident vasculaire cérébral et sont à l’origine de chutes dont les conséquences peuvent s’avérer fatales. Les neuroleptiques provoquent une surmortalité dont le taux est de 5 à 8 %.

Un programme d’alerte et de maîtrise

Afin de corriger cet excès de prescription aux effets délétères, la Haute Autorité de santé (HAS) lance un programme d’alerte et de maîtrise de la iatrogénie des neuroleptiques chez le malade d’Alzheimer. Un indicateur d’alerte iatrogénique est d’abord déterminé : l’ensemble des professionnels de santé est appelé à recueillir le nombre de malades Alzheimer auxquels des neuroleptiques sont prescrits. Un indicateur de maîtrise iatrogénique est ensuite calculé, après la confirmation par le médecin traitant de la pertinence de sa prescription. La HAS espère ainsi réduire par trois l’exposition aux neuroleptiques.

Afin d’éviter le recours aux neuroleptiques, la HAS recommande l’amélioration de la prise en charge des troubles et de la qualité de vie. Rappelant qu’« on ne soigne pas par l’empathie », Benoît Lavallart, de la DGS (Direction générale de la santé), a souligné l’importance de techniques de soin adaptées. Il a cité l’exemple de la douche adaptée et le bain au lit « qui permettent de réduire de 50 % à 60 % les épisodes agressifs pour un allongement du temps de toilette de 2,4 minutes ».

Une formation et des MAIA

La formation d’assistant en soins en gérontologie, qui est en train de se développer, permet d’acquérir des techniques de soin spécifiques et des activités de stimulation sociale et cognitive. Cette formation de 140 heures est accessible aux aides-soignants, aux aides médico-psychologiques et aux auxiliaires de vie sociale. Le plan Alzheimer prévoit pour 2012 la formation de 4 000 professionnels.

Le docteur Lavallart a également insisté sur l’importance des Maisons pour l’autonomie et l’intégration des malades Alzheimer (MAIA), qui « permettent d’éviter la fragmentation des soins et de réaliser une seule évaluation, via le gestionnaire de cas ». Sur les dix-sept sites expérimentateurs, quinze ont déjà abouti.

(1) Paris, 29 septembre-2 octobre 2010.

(2) Schneider, Singh, Michel.