Les erreurs médicamenteuses, un risque à prévenir - Objectif Soins & Management n° 191 du 01/12/2010 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 191 du 01/12/2010

 

Actualités

VIGILANCE → Les erreurs de médicaments, fréquentes avec l’augmentation de la charge de travail, restent une préoccupation pour les infirmières et leurs cadres. Des précautions permettent toutefois de prévenir des conséquences parfois dramatiques pour les patients.

Marylène Guingouain, coordinatrice générale des soins au siège de l’AP-HP, a animé une conférence sur le sujet au cours du dernier Salon infirmier. Expert auprès de la Cour d’appel de Paris, Marylène Guingouain a été appelée sur plusieurs affaires judiciaires mettant en cause des infirmières suite à une erreur médicamenteuse.

« Quelle infirmière n’a jamais fait d’erreur de médicaments ? L’erreur est humaine, mais encore faut-il la signaler pour pouvoir la réparer », a-t-elle souligné en préambule. Car, dans 99 % des cas, les erreurs de médicaments peuvent être rattrapées. Le cadre de santé doit donc veiller à encourager son équipe à déclarer les événements indésirables, même les plus minimes. « Une sanction systématique ne permettra pas d’instaurer un climat de confiance », a prévenu Marylène Guingouain. Surtout, ces signalements permettent de réfléchir en équipe aux causes d’erreurs médicamenteuses, condition sine qua non pour prévenir les risques.

Les facteurs en cause

Les causes d’erreurs médicamenteuses sont multiples. Parfois, ce sont les prescriptions médicales qui peuvent entraîner des erreurs : prescriptions non conformes faites par de jeunes internes, multiples prescriptions après passage du patient aux urgences puis au bloc, erreur de transcription d’une prescription recueillie au téléphone… « L’infirmière est le dernier rempart en cas d’erreur de prescription, elle doit savoir dire non », a rappelé Marylène Guingouain.

Stockage, rangement et étiquetage des médicaments représentent des sources d’erreurs fréquentes. Il est recommandé de stocker les médicaments par nom de générique et non par nom de marque pour éviter les confusions. Mais certains rangements par ordre alphabétique sont plus que déconseillés, comme par exemple le stockage de la noradrénaline juste à côté du métoclopramide. S’agissant de l’étiquetage, l’usage des codes couleurs est à proscrire pour éviter les phénomènes de lecture automatique.

Pour éviter que la préparation et la dispensation des médicaments ne deviennent un véritable “saut d’obstacles” pour les professionnels infirmiers, Marylène Guingouain recommande aux cadres d’organiser la dispensation dans de bonnes conditions.

Une dispensation dans de bonnes conditions

Les petits postes de soins, dans lesquels l’infirmière prépare ses dix perfusions en même temps, sont à éviter. « Les interruptions de tâche représentent qui plus est la première source d’erreurs », a-t-elle ajouté. De même, le cadre doit veiller à planifier le travail de son équipe : pas de préparation des médicaments à 4 heures du matin par des infirmières épuisées, plannings soucieux des effectifs et de la charge de travail…

Enfin, Marylène Guingouain recommande, dans la mesure du possible, de recourir à des dispositifs dits détrompeurs. Il s’agit par exemple des systèmes physiques de limitation des erreurs fondés sur une connectique différente en fonction des voies d’administration.