EXPÉRIENCE → Les États généraux du VIH ont été l’occasion pour les personnes concernées de plancher sur le modèle économique d’une prise en charge respectueuse du patient.
Un stress du personnel soignant qui se répercute sur la qualité des soins, des durées de consultation qui raccourcissent… Les représentants des associations de patients séropositifs ont été nombreux à critiquer une dégradation de leur prise en charge, à l’occasion des États généraux du VIH (virus de l’immunodéficience humaine), les 26 et 27 novembre à Paris, organisés par l’Agence régionale de santé d’Île-de-France.
En cause, notamment, la tarification à l’activité (T2A), qui ne permet pas de rémunérer les actions de prévention secondaire ou de “maintien en bonne santé”, comme la consultation de psychologues, d’assistants de service social et de diététiciens. La circulaire “frontière”, elle aussi, en prévoyant une rémunération spécifique de la prise en charge hospitalière de moins d’une journée, a provoqué une diminution des recettes des services. « Du fait d’une prise en charge ambulatoire à l’hôpital comportant un grand nombre de consultations longues et complexes non ou mal rémunérées, les médecins et le personnel soignant ont le sentiment que la tarification ne rémunère pas leur activité à sa juste valeur, et les personnes vivant avec le VIH ont celui d’un amoindrissement des temps de consultation et d’écoute », observe le groupe de travail sur la tarification et le financement, auquel ont participé Anne Marcillac, directrice de l’association Actions Traitements, et Alain Sobel, président du comité de Coordination de la lutte contre le VIH (Corevih) d’Île-de-France Sud.
Ce groupe a proposé de nouvelles pistes pour que le mode de financement de la prise en charge n’affecte pas sa qualité, notamment dans la perspective où les soins se dérouleraient de plus en plus souvent en ville.
Tout d’abord, mettre en place un financement forfaitaire annuel qui s’ajouterait au paiement à l’acte pour le “maintien en bonne santé”. « Aujourd’hui, lorsqu’un patient se rend chez son médecin traitant en ville, qui le suit éventuellement en complémentarité du référent VIH, il sera payé 22 euros, ce qui l’encouragera à raccourcir le temps de consultation, avance Anne Marcillac. Ce complément l’incitera à garder le patient un peu plus longtemps. » Une tarification intermédiaire entre la consultation spécialisée et l’hôpital de jour permettrait par ailleurs des consultations pluridisciplinaires, impliquant notamment des infirmières, pour des situations particulières comme l’annonce de la séropositivité, le projet de grossesse ou l’échec thérapeutique. Enfin, le bilan de synthèse annuel, préconisé par le rapport Yeni de 2010, doit pouvoir être effectué en plus d’une journée et dans différents lieux, ce que la circulaire “frontière” rend pour l’instant difficile.
Le suivi en ville, encouragé à l’heure où les files actives s’allongent et où le sida est devenu une maladie chronique, inquiète une partie des patients, notamment en raison de la question du financement. Les centres de santé, par exemple, s’ils assurent une prise en charge en secteur 1, ne reçoivent pas de financement pour la coordination de la prise en charge. « Par ailleurs, aujourd’hui, il existe des hôpitaux de jour où un circuit est organisé pour programmer une batterie d’examens. Si on était exclusivement soigné en ville, ce serait à nous d’organiser cette coordination, ce qui est complexe et prend un temps considérable », ajoute Xavier Rey-Coquais, membre de l’Union nationale des associations de lutte contre le sida (Unals).
Lire l’instruction DGOC/R/2010/201 du 15 juin 2010.