Objectif Soins n° 195 du 01/04/2011

 

Actualités

Françoise Vlaemÿnck  

PARITÉ → À l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme, la FHP-MCO a effectué un sondage afin de mesurer si la parité homme/femme était en avance dans son secteur d’activité. Sans surprise, le bilan est plus que mitigé…

Les images ne manquent pas pour illustrer les difficultés des femmes à accéder à des postes d’encadrement ou de direction au cours de leur carrière professionnelle. Chaque année, le constat est d’ailleurs identique même si, çà et là, on note quelques avancées. À tel point que, dans les secteurs où elles sont pourtant largement majoritaires comme celui de la santé, la présence des femmes dans les plus hauts échelons demeure, le plus souvent, inversement proportionnelle à leur représentativité. Bref, plus on grimpe dans la sphère hiérarchique, plus la gent féminine, comme l’oxygène dans l’atmosphère, se raréfie.

Prendre confiance en soi

Alors, les femmes manqueraient-elles d’air ? C’est en tout cas l’une des thèses avancées par Bérengère Poletti, sage-femme de profession, députée UMP des Ardennes et vice-présidente de la délégation de l’Assemblée nationale aux droits de la femme. « Si une femme possède 80 % des compétences requises pour prétendre à un poste, elle n’osera pas postuler de peur de ne pas être à la hauteur. Mais si un homme en a seulement 50 %, il n’hésitera pas », a-t-elle déclaré, lors d’une journée de réflexion et d’échange organisée à Paris, le 8 mars dernier, par la Fédération hospitalière privée–médecine, chirurgie, obstétrique (FHP-MCO) autour du thème “Établissement de santé, un dynamisme au féminin”. « Il faut que les femmes prennent confiance en elles, se sentent légitimes à prendre des postes à responsabilité et que les hommes sachent voir leurs compétences au-delà des stéréotypes et de l’idée qu’ils se font des femmes », estime la journaliste Isabelle Germain, fondatrice du magazine Les nouvelles news (www.lesnouvellesnews.fr).

En chiffres

Pour tenter de mesurer ce phénomène socioprofessionnel, FHP-MCO a sondé, via un questionnaire envoyé par mail, les quelque 600 établissements de son réseau en France métropolitaine et dans les Dom-Tom. Les 170 réponses obtenues montrent que 89 % des conseils d’administration sont présidés par des hommes contre 11 % par des femmes (dans le secteur public, les femmes sont à la tête de quelque 15 % des conseils de surveillance). Par ailleurs, si 26 % des établissements de son réseau sont dirigés par des femmes, elles sont 38 % dans le secteur public. S’agissant de l’encadrement opérationnel de terrain, dans le secteur des soins et de la qualité, les femmes sont en nombre puisque 91 % des directeurs des soins sont des femmes et que 83 % des directeurs de la qualité le sont également. « Un résultat qui n’est pas inattendu puisque ces directeurs sont souvent issus du personnel soignant qui est largement féminin », commente Ségolène Benhamou, directrice de l’hôpital privé nord parisien de Sarcelles et membre du bureau national de la FHP-MCO. Dans des secteurs qui ne sont pas spécifiques à la santé, le sondage relève aussi une présence majoritaire des femmes. Ainsi, 57 % des directeurs financiers et 79 % des directeurs de ressources humaines sont des femmes. En revanche, du côté du corps médical, la féminisation des professions médicales, qui pourtant ne cesse d’augmenter, n’est pas de mise dans les cliniques privées lucratives, puisque la FHP-MCO compte seulement 15 % de femmes parmi ses praticiens. De facto, seulement 9 % d’entre elles sont à la tête d’une conférence médicale d’établissement. S’agissant des instances dites de qualité, leur direction est aussi généralement masculine. Ainsi, près de 80 % des Comités de lutte contre les infections nosocomiales (Clin) sont présidés par des hommes comme le sont à 70 % des Comités de lutte contre la douleur (Clud) et des Commissions des relations avec les usagers et de la prise en charge de la qualité (Crucq). On note un léger rééquilibrage pour les Comités de liaison alimentation et en nutrition (Clan) puisque 52 % de ces comités sont dirigés par hommes et 48 % par des femmes. Bref, l’inégalité professionnelle a encore de beaux jours devant elle…