Erreurs médicamenteuses : sécurité renforcée - Objectif Soins & Management n° 196 du 01/05/2011 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 196 du 01/05/2011

 

Actualités

Annabelle Alix  

ACTIONS D’AMÉLIORATION → En réaction à plusieurs erreurs médicamenteuses, un arrêté publié le samedi 16 avril est venu sécuriser le circuit hospitalier du médicament, en en renforçant le système de prévention.

Fin 2008, à l’hôpital parisien Saint-Vincent-de-Paul (AP-HP), une injection de chlorure de magnésium avait causé la mort d’un enfant de 3 ans. Des flacons de la substance mortelle avaient été confondus avec d’autres flacons contenant des vitamines, et entreposés par erreur au même endroit.

La distribution en mode global

« Dans notre hôpital, pour la majorité des médicaments, la distribution est faite selon un mode global. En l’absence de lien direct entre la prescription médicale et la délivrance pharmaceutique et en l’absence de contrôle, ce mode est le plus risqué pour le patient, reconnaît quant à lui l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon, dans un dossier en ligne sur son site Internet*. C’est dans ce contexte que s’est produite une injection accidentelle de chlorure de potassium concentré par voie intraveineuse. » Celle-ci a heureusement été détectée à temps, et n’a pas entraîné de conséquences cliniques graves pour la patiente.

Une politique qualité

En réaction à ce type d’événements, un arrêté sur le management de la qualité de la prise en charge médicamenteuse dans les établissements de santé a été publié samedi 16 avril. Son objectif ? Renforcer la sécurité du circuit du médicament, afin de prévenir les erreurs. Ses destinataires ? Les établissements de santé assurant le diagnostic, la surveillance et le traitement des malades, des blessés et des femmes enceintes. Ses moyens ? Un engagement de la direction qui, conjointement avec le président de la Commission médicale d’établissement, établira une politique qualité en la matière, en fixera les objectifs et le programme d’action, en tenant compte notamment des engagements pris dans le cadre de la certification. Un “responsable du système de management de la qualité de la prise en charge médicamenteuse” s’assurera par ailleurs de la mise en œuvre, de l’avancée et de l’évaluation de cette démarche.

Cet arrêté donne finalement force juridique au critère n° 20 du manuel de certification V2010. En imposant une véritable organisation incluant recueil et analyse des erreurs médicamenteuses, actions d’amélioration à établir et suivi d’indicateurs d’évaluation, l’arrêté reprend en effet les recommandations de la Haute Autorité de santé. Désormais, les établissements de santé qui ne respecteront pas ces obligations seront purement et simplement dans l’illégalité. À l’image du document unique pour les professionnels, une étude des risques encourus par les patients dans le cadre de leur prise en charge médicamenteuse devra être effectuée sous 18 mois. Des procédures prioritaires devront en découler, dans le but de réduire ces risques. Les responsabilités de chacun à chaque étape devront être clairement définies, ce qui permettra de mieux identifier les maillons défaillants lors de la survenue d’un événement indésirable grave (EIG), et de responsabiliser ainsi les uns et les autres.

L’informatisation des processus de prise en charge médicamenteuse

Pour aider les établissements dans cette démarche, la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) a annoncé des mesures d’accompagnement : une mise à disposition d’outils, mais également des aides financières. Une enveloppe du Fonds pour la modernisation des établissements de santé publics et privés (FMESPP) à destination des directeurs généraux d’ARS aidera à l’informatisation des processus de prise en charge médicamenteuse, jugée condition essentielle de leur sécurisation. Un accompagnement financier est par ailleurs prévu dans la loi de finance pour la Sécurité sociale. La pertinence de ces mesures sera estimée sur résultats…

* Site Internet : www.hopital.fr/content/download/3264/18693/…/710-Pharma-Bonvin.pdf