« Votre voile, s’il vous plaît ! »

Six mois et un décret d’application plus tard, la fameuse loi abusivement dénommée “anti-voile” a été promulguée ce 11 avril. Au-delà des fondements-mêmes de la place de la religion dans une République laïque, très clairement exposés par Gilles Devers dans ce numéro(1), se pose une question beaucoup plus simple, prosaïque, voire terre-à-terre : comment aborder une patiente portant un voile dissimulant tout ou partie de son visage, dès lors qu’il est une entrave au bon déroulement des soins ?

Comment, lorsque l’on est cadre de santé, orienter ses équipes, un peu perdues entre obligation de soin, respect des droits du patient, et, souvent, conviction personnelle ?

De cela, la loi ne parle pas. Pourtant, de plus en plus nombreuses sont les voix qui s’élèvent pour alerter nos dirigeants sur l’intrusion toujours plus agressive d’une certaine forme de reliogisité dans la sphère soignante(2). Reste que nous vivons dans un État de droit, où nul n’est censé ignorer la loi. Bien. Mais nul n’est censé non plus se substituer aux autorités compétentes. Comment réagir alors ? Quels arguments faire valoir ? Il semble que le législateur compte sur ce que nos cousins québécois nomment « les accommodements raisonnables »(3).

Serait-ce demander alors aux soignants d’ignorer les récents excès des déraisons des religions dans le monde ? Et, plus près de nous, les graves conséquences médicales auxquelles ont pu mener le rejet de soins par certains patients endoctrinés ?