L’Ordre infirmier en survie - Objectif Soins & Management n° 198 du 01/08/2011 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 198 du 01/08/2011

 

Actualités

Françoise Vlaemÿnck  

DIFFICULTÉS → À l’inverse de la météo, l’été fut très chaud pour l’ordre infirmier… S’il a évité in extremis le dépôt de bilan fin juillet, sa mauvaise santé financière et l’instabilité à sa tête le placent dans une situation délicate, voire impossible. Ses jours sont peut-être comptés.

Pas moins de trois présidents se sont succédé cet été à la tête de l’Ordre national infirmier (Oni). La fièvre couvait depuis plusieurs mois déjà, pour ne pas dire depuis son installation en 2009, pris entre l’absence d’enthousiasme d’une grande partie du corps infirmier et un front syndical anti-Ordre uni. Dominique Le Bœuf a ainsi démissionné le 8 juillet, devant, selon elle, le manque de soutien affiché du ministère de la Santé et d’une partie, certes minoritaire mais non négligeable, du bureau national. David Vasseur, qui l’avait remplacée par intérim, a tenu trois semaines. La BPCE, principal partenaire financier de l’Oni, venait en effet d’annoncer que sa ligne de crédit de 7,8 millions d’euros ne serait pas reconduite en août. Affichant déjà un passif de 9 millions d’euros et dans l’incapacité d’honorer ses créances, l’Oni était de facto en cessation de paiement. Acculé, David Vasseur s’est alors adressé l’Élysée, le 28 juillet. La requête a sans doute été entendue puisque Didier Borniche, infirmier au CHU de Rouen et dernier président par intérim en date, annonçait dans la foulée de sa prise de fonction qu’un accord avait été trouvé avec la banque et qu’elle acceptait de surseoir à sa créance jusqu’à fin août.

Grand corps malade

Mais la marge de manœuvre de l’Oni semble étroite. D’autant que le ministère de la Santé a tenu à marquer ses distances. Xavier Bertrand estime que le Conseil national n’a pas tenu compte des différentes alertes faites par le ministre de la Santé (Roselyne Bachelot puis par lui-même) depuis novembre 2010. « Il a poursuivi le développement de ses instances à un rythme qui n’était pas compatible avec celui des encaissements des nouvelles cotisations. » Par ailleurs, le ministre a refusé d’accéder à la requête de l’Ordre qui lui demandait de contraindre les infirmières salariées à cotiser à l’Oni. « Un Ordre, écrit-il, ne peut se construire contre les professionnels et une organisation naissante ne peut s’installer durablement en misant sur la contrainte. » Ainsi, pour espérer redresser la barre, l’Ordre doit au plus vite réduire son train de vie et doubler d’ici à mars prochain ses adhésions. Seulement 58 000 infirmières seraient à jour de leur cotisation cette année, alors que le corps infirmiers compte environ 480 000 membres. Du côté des cordons de la bourse, le plan de restructuration s’annonce serré. L’Ordre pourrait réduire de 4/5e ses structures de fonctionnement et diminuer sa masse salariale de deux tiers. Dans ces conditions, la question de sa viabilité se pose clairement. Contactée, la rue Sainte-Anne reste muette. Du côté des anti-, on continue de tirer sur l’ambulance. Une intersyndicale (CFDT, CFTC, CGT, FO, santé-sociaux, Sud, Snics, et Unsa) réclame plus que jamais l’abrogation des lois et décrets qui ont instauré l’Oni. L’élection d’un nouveau bureau national de l’Ordre sera organisée lors du premier conseil national de la rentrée, en septembre. Une façon de dire que, même moribond, l’Ordre bouge encore…

brèves

À savoir…

ENQUÊTE

ESSAIS CLINIQUES

Si 94 % des Français* estiment les essais cliniques indispensables, ils sont seulement 46 % à se dire prêts à participer à l’un d’entre eux. Un constat qui a conduit à la mise en place par le Centre national de gestion des essais de produits de santé d’un site pour comprendre les enjeux (www.notre-recherche-clinique.fr). C’est dire l’intérêt que le sujet suscite : tout d’abord, faire connaître la recherche clinique au grand public ainsi que son organisation, ensuite présenter les acteurs participants pour les essais.

IMAGERIE

UNE NOUVELLE TECHNIQUE POUR LA NEUROLOGIE

Une équipe Inserm/CNRS dirigée par Mickael Tanter vient de publier un article dans Nature Methods sur une technique d’imagerie très prometteuse, le Ultrasound (ultrasons fonctionnels du cerveau). Celle-ci repose sur l’étude des flux sanguins de manière ultrasensible tout en conservant une excellente résolution dans le temps et l’espace. Elle permet notamment de voir des changements très subtils dans l’activité cérébrale ou de visualiser des flux sanguins sur l’ensemble du cerveau plusieurs milliers de fois par seconde, par exemple. Elle pourrait être utilisée chez le nouveau-né, voire chez le fœtus pour mieux comprendre le développement du cerveau, et chez l’adulte pour l’étude de certains épileptiques.

* Enquête Ifop de février 2010 “Le regard des Français sur le médicament”.