Les combats de l’hygiéniste - Objectif Soins & Management n° 200 du 01/11/2011 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 200 du 01/11/2011

 

Qualité, hygiène et gestion des risques

Anne-Lise Favier  

ABCDAIRE → Pour connaître les protagonistes dans le combat que l’hygiéniste mène chaque jour et appréhender les armes utilisées dans cette bataille quotidienne.

A

Acinetobacter baumanii : bactérie opportuniste qui ne menace que les personnes immuno-déprimées. On la retrouve ainsi dans 5 % des infections nosocomiales en réanimation ou en soins intensifs. Redoutable car multi-résistante, elle demeure difficile à combattre. En début d’année, elle a été la cause d’une épidémie dans des hôpitaux du sud de la France.

Antibiotiques : cheval de bataille du gouvernement, ces médicaments destinés à éradiquer la menace bactérienne sont surveillés de près pour éviter qu’ils ne deviennent un jour inefficaces. 2011 marque le début d’un 3e plan destiné à préserver leur efficacité.

Aspergillus : champignon microscopique responsable d’infections graves chez les immuno-déprimés. Un hôte indésirable des hôpitaux à surveiller particulièrement en cas de travaux.

ATNC : derrière ce sigle se cachent les agents transmissibles non conventionnels, c’est-à-dire les prions et autres viroïdes. Responsables de maladies graves comme les encéphalopathies spongiformes, ils se présentent sous la forme de protéines hautement infectieuses. Le seul moyen de les combattre est un cocktail soude/Javel/autoclave.

B

Biofilm : le biofilm est une couche de micro-organismes qui se forme sur des surfaces en contact avec l’eau. Il se compose de bactéries enfouies dans une matrice fibreuse de polymères extra-cellulaires. Le nettoyage et la désinfection sont ses pires ennemis.

BMR : derrière ce sigle se cachent les redoutées bactéries multi-résistantes que toute unité de soins redoute. On qualifie des bactéries comme telles lorsqu’elles sont résistantes à au moins trois familles d’antibiotiques et donc sensibles à une toute petite quantité de molécules. Le seul moyen de les combattre ? L’usage rationnel des antibiotiques !

C

Chikungunya : zoonose virale transmissible du moustique à l’homme, cette maladie est devenue un problème en France métropolitaine depuis que le vecteur de la maladie, le moustique-tigre, s’est installé sur le territoire (déjà présent dans les Alpes-Maritimes, le Var, la Corse, les Bouches-du-Rhône, il vient d’être détecté en Languedoc-Roussillon).

Clostridium difficile : depuis l’apparition d’une nouvelle souche particulièrement virulente (le ribotype 027), cette bactérie est sous haute surveillance, d’autant qu’elle a provoqué en 2006 une très sérieuse épidémie (400 cas) ayant entraîné une centaine de décès.

C2DS : le Comité pour le développement durable en santé est une instance indépendante qui regroupe des professionnels de santé soucieux d’une approche conciliant santé et respect de l’environnement.

D

Déchets : production indésirable mais incompressible de l’activité d’un établissement de soins, les déchets de divisent en deux catégories, l’une relevant directement de l’activité de soins à risque infectieux (on les appelle les Dasri) et les autres.

Développement durable : de plus en plus prégnante à l’hôpital, cette démarche qui consiste à concilier évolution et respect de l’environnement fait de plus en plus d’émules dans les établissements de soin, dont certains s’en sont faits une spécialité, portés par le C2DS (voir ce mot).

E

ECEH : Escherichia coli entérohémorragique, bactérie qui a entraîné une crise sanitaire en Europe au printemps 2011 en provoquant une épidémie de gastro-entérite et syndrome hémolytique et urémique parmi 4 000 patients à travers l’Europe, surtout en Allemagne.

Entérocoques : bactéries présentes dans le système digestif, elles peuvent devenir problématiques en provoquant des endocardites, des septicémies ou des infestations urinaires. Certaines souches, devenues résistantes à la vancomycine, provoquant des épidémies dans les hôpitaux.

F

FIE ou fiche d’événement indésirable : elle permet de notifier la survenue d’événements indésirables et de faire remonter l’information pour une meilleure surveillance.

G

Gale : maladie contagieuse de la peau (véhiculée par la ponte d’un acarien) qui survient dans les établissements de soins. Lorsqu’une épidémie apparaît, des mesures spécifiques au lit du patient doivent être mises en place pour la juguler.

Gestion des risques : elle consiste en l’identification, l’évaluation et la réduction des risques encourus par les patients, les visiteurs et le personnel soignant.

Guides : outils indispensables du gestionnaire de risque et de l’hygiéniste, les guides, édités par le gouvernement ou les sociétés savantes, sont de précieux atouts pour mener à bien une démarche correcte.

H

Hygiène des mains : cheval de bataille des hygiénistes, il demeure le moyen le plus simple et le plus facile à réaliser pour se prémunir des infections nosocomiales.

I

Iatrogénie : événement indésirable survenu à la suite d’un traitement ou de soins réalisés par un médecin.

Infectiologie : discipline qui étudie l’ensemble des maladies infectieuses, et donc indispensable pour comprendre et combattre les infections survenant à l’hôpital. Discipline transversale, elle recouvre des champs d’expertise multiples (bactéries, virus, maladies tropicales, émergentes, antibiotiques, etc.).

J

Jetable (dispositif) : l’hôpital emploie de nombreux dispositifs médicaux à usage unique voués à finir à la poubelle après une seule et unique utilisation. Pose directement le problème des déchets, mais reste néanmoins indispensable pour assurer la sécurité des soins.

K

Klebsilla pneumoniae : une bactérie responsable de 3 % des infections nosocomiales. Certaines souches sont devenues résistantes à certains antibiotiques. À surveiller.

L

Légionellose : maladie provoquée par une bactérie (la légionelle), elle se transmet via le réseau d’eau de l’hôpital ou les tours aéro-réfrigérantes. Fatale dans 15 % des cas, elle survient surtout l’été par vagues épidémiques.

M

Main : outil indispensable du soignant mais principal vecteur des infections. Seule une hygiène correcte permet d’éviter le manuportage des infections.

N

Nosocomiale (maladie) : une maladie est dite nosocomiale si elle est absente lors de l’admission du patient à l’hôpital et qu’elle se développe 48 heures au moins après l’admission. Ce délai permet de distinguer une maladie d’acquisition communautaire d’une maladie nosocomiale.

O

Opportuniste : se dit d’un germe présent dans l’organisme ou l’environnement qui profite d’un affaiblissement de l’individu et qui devient alors pathogène.

P

Pseudomonas aeruginosa : autre nom du bacille pyocyanique. Bactérie très difficile à combattre car résistante à de nombreux antibiotiques, elle est en outre mortelle chez 50 % des patients immuno-déprimés. Elle est surtout présente dans le biofilm.

Prévention : ensemble de mesures d’hygiène, d’isolement, de formation et d’information permettant d’éviter notamment la diffusion des infections.

Q

Qualité : objectif en ligne de mire des établissements de santé. Qualité des soins aux patients, mais aussi qualité de la démarche menée par les établissements (exemple en développement durable). Avec tout un tas d’indicateurs pour en attester.

R

Résistance (bactérienne) : phénomène par lequel une bactérie parvient à devenir imperméable à l’action d’un ou plusieurs antibiotiques. De plus en plus prégnant à l’hôpital, ce phénomène est étroitement surveillé pour éviter que des bactéries ne soient plus sensibles à un seul antibiotique.

S

Sarm : Staphylococcus aureus résistant à la méticilline. La plus connue des BMR, devenue également l’un des indicateurs du tableau de bord des infections nosocomiales.

SFHH : la Société française d’hygiène hospitalière promeut la qualité des soins, étudie la sécurité et les vigilances sanitaires, l’épidémiologie et la prévention des infections nosocomiales (www.sf2h.net).

SHA : solution hydro-alcoolique. Une alliée de choix pour une hygiène des mains irréprochable à tout moment, par simple friction.

Signalement : le signalement des infections nosocomiales se fera prochainement sur Internet. Une nouvelle base de données nationale, baptisée e-SIN, remplacera définitivement, dès le 1er janvier 2012, la transmission par fax de formulaires. Les établissements de santé pourront ainsi transmettre aux autorités compétentes les informations concernant les infections rares, graves et/ou épidémiques.

T

Tableau de bord : recueil de données en matière de lutte contre les infections nosocomiales qui comprend cinq indicateurs représentatifs du suivi de la lutte.

Tuberculose : maladie infectieuse à déclaration obligatoire provoquée par un bacille pouvant entraîner des complications pulmonaires. Il existe un vaccin, obligatoire pour les professionnels de santé.

U

Urinaire (infections) : infections nosocomiales les plus fréquentes, elles représentent plus d’un tiers des infections contractées à l’hôpital. En cause, le sondage urinaire pratiqué avec certains actes médicaux ou chirurgicaux.

V

VIH : c’est le Virus de l’immuno-déficience humaine responsable du sida. Il fait l’objet de précautions standard dans le cadre des accidents d’exposition au sang (AES). Pour éviter sa transmission.

Virus : aussi redoutés que les bactéries, les virus ont néanmoins besoin d’un hôte pour se développer. Pour s’en prémunir, vaccin, hygiène et antiviraux sont nécessaires.

X

Xenopi (mycobacterium) : bactérie responsable du scandale de la clinique du Sport qui a conduit à la médiatisation des infections nosocomiales et de leur combat.

Z

Zoonose : terme générique pour désigner les maladies transmises à l’homme par l’animal, par le biais de bactéries, virus ou parasites.