LMD → Pour les Iade, les contours du futur master devraient être bientôt actés, mais les Ibode et puéricultrices, même si elles ont avancé, attendent encore un engagement ferme. Tour d’horizon au Salon infirmier.
Depuis cet automne, les étudiants des trois années d’Ifsi sont logés à la même enseigne : celle du grade licence, en trois ans, sanctionné par des crédits européens ECTS. Le “L”, premier étage de la fusée du LMD infirmier, étant construit, la question du master (“M”) se pose avec insistance. Plusieurs conférences du Salon infirmier, du 12 au 14 octobre, l’ont rappelé. L’une d’elles, le mercredi, a même proposé une photo de famille d’un genre plutôt rare : des représentants du ministère de la Santé et des trois spécialités infirmières autour d’un même pupitre. Quelles sont les nouvelles ?
→ Les infirmières anesthésistes (Iade) sont la seule spécialité à avoir reçu l’engagement formel d’une formation de master, de la part des deux ministères concernés (Santé et Enseignement supérieur). Les discussions ont commencé en 2007 et ont abouti, avenue de Ségur, à l’adoption de deux référentiels : l’un d’activités, l’autre de compétences, tous deux en sept points. « Actuellement, a précisé Jean-Pierre Anthony, représentant du Comité d’entente des écoles d’infirmiers anesthésistes (Ceeiade), nous sommes en discussion avec le ministère de l’Enseignement supérieur sur la validation d’un document qui s’appelle “organisation et contenu des savoirs”, composé de fiches d’unités d’enseignements (UE). » Dominique Monguillon, conseillère pédagogique nationale de la DGOS (ministère de la Santé), espère voir la maquette finalisée par les deux ministères « d’ici décembre-janvier ». Quant au démarrage du master, « il est difficile d’avancer une date précise. Nous voulons être sûrs que la mise en place pourra avoir lieu dans de bonnes conditions ».
→ Les infirmières de bloc opératoire (Ibode) ont été la première spécialité à travailler sur un master, dès 2006, « en même temps que les infirmiers » [de soins généraux], rappelle Aline Dequidt, présidente de l’Association des enseignants et des écoles d’infirmiers de bloc opératoire (Aeeibo). Pourtant, les travaux de réingénierie de leur diplôme ont avancé lentement, la réforme des Ifsi étant passée en priorité. Pour l’heure, l’attribution d’un grade de master n’est pas actée (à ce sujet, voir l’interpellation de Xavier Bertrand au Salon par les Ibode en vidéo www.espaceinfirmier.com/actualites/detail/44901/). En revanche, l’Aeeibo et l’Unaibode (association représentant les Ibode en exercice) ont élaboré « des référentiels d’activité, de compétences et de formation avec les évaluations et la traduction en ECTS ». Une interrogation pèse sur la durée des études, actuellement de 18 mois, que les infirmières de bloc souhaitent voir passer à deux ans. Pour enrichir la formation, elles misent sur les pratiques avancées (avec, par exemple, la possibilité de réaliser certains actes relevant du domaine des chirurgiens) et la recherche infirmière. Contrairement aux Iade (chez qui il est impossible de “faire fonction” avant d’être diplômé), les Ibode sont favorables à l’acquisition du diplôme par la validation des acquis de l’expérience (VAE) et ont travaillé en ce sens. À noter : les associations souhaitent qu’un étudiant puisse enchaîner directement le DE et les études d’Ibode, lesquelles verraient leur volume de stages augmenter.
→ Chez les puéricultrices, le passage à un grade master reste incertain. « La réingénierie du diplôme a commencé en 2008 », rappelle Jean Marchal, président du Comité d’entente des écoles préparant aux métiers de l’enfance (Ceepame). Il espère voir les études s’étendre à l’avenir sur « quatre semestres ». Pour ce faire, l’association a proposé des référentiels d’activités et de compétences, ainsi qu’une cartographie des futures UE. Pour enrichir le diplôme actuel, le Ceepame « insiste sur la dimension clinique de la formation » et entend souligner la mission de promotion de la santé des puéricultrices. « Il faudra encore formaliser le champ de futures consultations, ainsi que celui de la prescription », explique Jean Marchal. Comme chez les Iade et les Ibode, le programme proposé par l’association fait la part belle à la recherche infirmière.
Pour les trois spécialités, si le calendrier et les perspectives diffèrent, « la méthodologie est la même » que pour la réforme des Ifsi, souligne Dominique Monguillon, du ministère de la Santé : définition des activités exercées, des compétences, puis du déroulement de la formation. Il faudra là encore organiser l’intervention des formateurs universitaires et définir l’organisation pratique des stages dans les services ainsi que leur évaluation. Dans la réforme de la formation initiale des IDE, « il faudra voir ce qui fonctionne bien et ce qui fonctionne moins bien pour ne pas commettre les mêmes erreurs ». Elle cite en exemple du bilan critique à réaliser les conventionnements instituts-régions-universités et le portfolio, plus ou moins bien adoptés suivant les lieux et les contextes. Après une réforme des Ifsi effectuée à bride abattue, on peut donc se préparer, pour les spécialités, à un cheminement prudent…