Retour de mission en Haïti - Objectif Soins & Management n° 202 du 01/01/2012 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 202 du 01/01/2012

 

Actualités

Sandra Mignot  

FORMATION → Chantal Levasseur, directrice des soins à l’AP-HM et directrice de l’école d’Ibode de Marseille, est rentrée début décembre d’une dizaine de jours d’évaluation/ formation en Haïti, avec l’ONG Humaniterra.

« L’objectif de ma mission était d’évaluer les besoins de formation au bloc, résume Chantal Levasseur. Car Humaniterra envisage d’aider à développer cette spécialisation. » Pour l’heure Haïti ne compte en effet pas d’école d’Ibode, ni d’institut de formation en anesthésie. Chantal Levasseur, dont c’était le premier voyage en Haïti mais qui a précédemment participé à des missions de formations de l’AP-HM au Togo et en Algérie, a donc rencontré les professionnels de deux établissements, l’hôpital universitaire d’État d’Haïti, à Port-au-Prince, et l’hôpital universitaire Justinien, au Cap-Haïtien. Elle a même donné quelques séances de formation/mise à jour des connaissances aux infirmières de bloc et aux aides-opératoires de la capitale : retour sur l’environnement du bloc opératoire, l’asepsie et le lavage des mains, la préparation du patient…

Des blocs toujours abîmés depuis le séisme

« La formation théorique est bonne, note la directrice des soins française. La difficulté pour moi est de comprendre vraiment dans quelles conditions les infirmières travaillent au bloc, les moyens dont elles disposent et leurs habitudes. Je n’ai pas pu assister à une intervention et saisir comment les équipes s’articulent. » Pour comprendre, il faut donc compter sur le dialogue qui peut s’instaurer dans la salle de cours avec les infirmières. « Au début, les réponses sont très académiques, mais, au fil des jours, on apprend à se connaître, on se lâche un peu et on s’approche un peu plus de la réalité des conditions de travail », note Chantal Levasseur.

Il faut dire qu’à l’Hôpital universitaire d’État haïtien (HUEH), seuls deux blocs restent en service, ceux qui ont été endommagés durant le tremblement de terre du 12 janvier 2010 n’ayant pas été reconstruits. « Ceci explique aussi pourquoi je pense qu’il n’est pas nécessaire de mettre en place une formation dans cet établissement, évoque Chantal Levasseur. Outre le petit nombre d’interventions réalisées, faute de locaux, l’hôpital dispose déjà de vingt infirmières de blocs et de dix aides-opératoires, qui viennent s’ajouter aux nombreux médecins anesthésistes et résidents. »

Un cursus sur deux ans ?

Dans le Nord, en revanche, à l’hôpital Justinien, la situation est différente. Des infirmières y sont déjà formées, en interne, par un médecin anesthésiste, au travail au bloc opératoire. « Le ministère de la Santé sollicite d’ailleurs régulièrement ce médecin pour qu’il forme des professionnelles qui partent ensuite œuvrer dans d’autres établissements. » C’est donc ici, en s’appuyant sur la formation existante, qu’un cursus de deux années pourrait être développé.

« L’idée serait de former les formateurs en six à huit semaines passées en France, puis de proposer une première promotion à la rentrée 2012. Les infirmiers suivraient un tronc commun d’enseignement sur le bloc, puis deux se verraient proposer deux options : celle d’infirmier anesthésiste ou d’aide-opératoire. » Pour l’heure, son rapport est entre les mains de l’ONG Humaniterra, qui statuera très prochainement sur la poursuite du programme.