Le cadre de proximité et la vigilance éthique - Objectif Soins & Management n° 203 du 01/02/2012 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 203 du 01/02/2012

 

Actualités

Marie-Capucine Diss  

DIGNITÉ → Water Hesbeen, infirmier et docteur en santé publique de l’université catholique de Louvain, a expliqué comment intégrer dans la conception du soin la nécessité de bien traiter l’humain.

Accompagner son équipe pour lui permettre une relecture des situations de soin, dans un cadre apaisé, c’est la définition du cadre de proximité que propose Walter Hesbeen. Au cours d’un exposé, il a montré l’importance, dans la relation de soin, de prendre en compte la situation singulière et de regarder le patient comme un sujet et non comme un objet de soins. Rappelant que « la maladie prend son importance dans une existence singulière », l’intervenant a souligné qu’il n’y avait pas de petite ou de grande maladie et qu’il était impossible de hiérarchiser les actes. Seule compte, pour l’évaluation de ces derniers, la prise en compte de l’« intelligence du singulier », qui fait appel à une « compétence de situation ». Un soignant se montre compétent par sa « capacité à détecter ce qui est important dans la situation de l’autre en vue d’en tenir compte ». Le recours à la vigilance éthique s’avère alors précieux.

Walter Hesbeen propose de travailler en équipe sur les notions de respect et de dignité. Le respect, dont la définition étymologique est « regarder et regarder à nouveau » est une manière de regarder l’autre sans a priori. Ce regard particulier permet de parler autrement du patient. Ainsi, le patient communément qualifié de « difficile » et devenu la bête noire de tout un service n’est pas à regarder comme tel. Il s’agit plutôt pour le soignant de le nommer comme « quelqu’un qui me pose difficulté ». La réflexion sur les termes employés est à mener par le cadre avec son équipe.

La dignité peut se comprendre comme la « possibilité donnée à l’autre de dire deux mots : ma vie ». Ce qui signifie aussi pour les soignants d’accepter que l’autre n’adhère pas au soin, qu’il puisse ne pas accepter ce que l’on sait bien et bon pour lui. Cette démarche « ne laisse pas en paix », car affronter un humain singulier peut laisser dans une grande incertitude. D’où l’importance du rôle du cadre de proximité pour accompagner le soignant.