Objectif Soins n° 203 du 01/02/2012

 

Actualités

Anne-Lise Favier  

POLITIQUE ÉCONOMIQUE → En ces temps de crise et de restriction budgétaire à tous les étages de la santé, la Fédération de l’hospitalisation privée-médecine, chirurgie, obstétrique (FHP-MCO) a tenu le 26 janvier dernier une conférence de presse dont le parti pris était de tracer des voies d’avenir pour dépenser “mieux” dans le secteur de la santé.

Menée par Lamine Gharbi, président de la FHP-MCO, Jean-Loup Durousset, président de la FHP, et Thierry Béchu, délégué général de la FHP-MCO, cette conférence intitulée “déficits, endettement, gaspillages, gabegie… Hôpital : état d’urgence” visait à faire le point sur la situation des finances du secteur hospitalier.

Déficit chronique

S’appuyant sur des sondages d’opinion favorables à l’institution privée ainsi que des rapports officiels du ministère de la Santé ou de la Cour des comptes, les acteurs de cette conférence se sont attelés à démontrer le déficit chronique de l’hôpital public en mettant en balance les bons résultats du privé : 41 % des établissements publics sont en effet en déficit pour un endettement global cumulé de 24 milliards d’euros et la situation ne risque pas de s’améliorer, aux dires de la FHP-MCO. Aussi, la Fédération a-t-elle émis des propositions de mise sous tutelle des hôpitaux publics avec publication de la liste des établissements déficitaires depuis cinq ans et, si besoin, de la cession de leur gestion à des opérateurs privés, comme cela peut être le cas en Suède ou Grande-Bretagne. Arguant que cette dette est supportée par le contribuable sans que celui-ci ne soit réellement au courant de l’ampleur du montant, la FHP-MCO souhaite qu’une réelle politique de financement soit mise en place et qu’une démarche “promotionnelle” plutôt que “compassionnelle” soit désormais de mise auprès des établissements, publics et privés.

Appel au soutien

Piquée au vif, la communauté hospitalière publique, menée par la Fédération hospitalière de France (FHF), agacée par « la vision mercantile des dirigeants de la FHP », a vivement réagi : « la santé n’est pas un marché », et cette vision de la FHP clarifierait les préoccupations du privé, « sauver les actionnaires des cliniques sur le dos de l’hôpital public ».

Attaché à rappeler que l’urgence reste de « garantir à la population une offre de soins accessible, moderne, juste et solidaire », le service public hospitalier demande aux candidats à la présidence de la République de le soutenir et de se prononcer sur son avenir.

Parmi les signataires de cet appel au soutien, on retrouve, FHF en tête, les associations de directeurs d’établissements de santé mentale, la Coordination médicale hospitalière (CMH), les conférences des directeurs généraux de CHU, des directeurs de centre hospitalier, des doyens de facultés de médecine, la conférence des présidents de CME de CH, de CHS ou de CHU ainsi que des syndicats (FO, INPH, Snam HP, SNPHAR, Unsa Santé sociaux) et le mouvement de défense de l’hôpital public.

Plus que jamais, avec cet appel, l’hôpital public lance un plaidoyer pour que soit garantie la santé pour tous et réplique à la FHP et ses « caricatures grotesques ». Cette dernière va-t-elle réagir ? En cette période pré-électorale, l’avenir de l’hospitalisation est sur le gril.