POSE DE DIVLD → Parmi les nouveautés présentées au 6e Congrès francophone des dispositifs intraveineux de longue durée, la perspective de la création d’une nouvelle délégation médico-infirmière liée aux dispositifs veineux centraux a attiré les foules.
Dans le domaine des délégations médico-infirmières, les expérimentations sur le terrain lancent souvent les nouvelles pratiques. C’est ce qui est en voie de se passer au Centre Léon-Bérard de Lyon, où trois infirmières posent désormais des dispositifs intraveineux de longue durée (DIVLD). La première a eu lieu le 22 février 2010, date à laquelle Mary Cellupicqa, une IADE, a posé seule une voie veineuse centrale sous la surveillance d’un anesthésiste. À la suite d’une formation théorique de douze heures, suivie de trente actes observés, trente actes aidés et trente actes sous supervision, la jeune volontaire a été autorisée à agir seule. En cas de difficulté, un médecin référent est néanmoins toujours joignable. Et le bon positionnement du dispositif est systématiquement vérifié a posteriori par un radiologue.
Présenté au 6e Congrès francophone des dispositifs intraveineux de longue durée à Paris, le dossier a été déposé à la Haute Autorité de santé (HAS) pour saisine (dernière étape avant l’autorisation) le 10 janvier dernier.
Si tout se passe comme prévu, la certification devrait être accordée dans un délai réglementaire de trois mois, permettant à d’autres établissements de mettre en place ce type d’organisation. C’est majoritairement pour des raisons de disponibilité que l’idée de cette nouvelle délégation a vu le jour. Mais également dans le cadre d’une recherche de qualité liée à une prise en charge globale des patients par un même métier pour une meilleure intégration des différentes étapes de soins. La question des évolutions de carrière ouvrant de nouvelles perspectives aux personnels qui le souhaiteraient a également pesé de son poids.
Après une formation d’environ trois mois, deux autres infirmières sont désormais autorisées à poser des DIVLD au Centre Léon-Bérard : l’une étant également IADE et l’autre IDE en chirurgie. Tout semble donc en bonne voie pour que cette nouvelle délégation médico-infirmière se généralise sous peu en France.
Après la validation par la HAS, la question de la création d’un cadre réglementaire adapté et d’un volet lié à gratification financière reste en suspens. Ce ne sera pas la première fois. Seul bémol évoqué par certains participants au colloque : la suspicion d’un fort sponsoring commercial sous-jacent ternit légèrement la beauté de l’expérience.
Aux États-Unis, pourtant, les IV Teams (équipes pluridisciplinaires comportant des infirmières) existent depuis de nombreuses années. Une Intravenous Nurse Society a même été créée en 1973. La pose de voies veineuses centrales par des infirmières y est devenue une pratique courante, comme est venue en témoigner ensuite Mary Smith, coordinatrice des infirmières spécialisées dans les DIVLD au sein d’un hôpital du Wisconsin. Là-bas, les Picc lines sont généralement préférés aux chambres implantables car ils sont plus faciles à poser et à retirer. Les infirmières de l’IV Team effectuent leur mise en place au lit du patient, ce qui diminue les coûts liés à la location des blocs opératoires.
Autre facteur financier pris en compte dans ce pays où chaque centime est compté par les administrateurs hospitaliers : le prix de l’heure de travail d’une infirmière, même spécialisée, est très inférieur à celui d’un médecin. Un élément qui ne devrait pas laisser insensibles nos autorités sanitaires, à la recherche constante de réduction des dépenses.