Cahier du management
Le Plan de psychiatrie et santé mentale (PPSM) 2005-2008 a été clôturé fin 2009 en Lorraine. Après avoir abordé la déclinaison des actions relatives à la formation des infirmiers nouvellement affectés en psychiatrie, nous proposons d’en mesurer l’impact. Puis de décliner le dispositif mis en place et l’établissement d’un référentiel de compétences.
Le plan psychiatrie et santé mentale, en Lorraine, c’est au total 28 actions de formations “consolidation des savoirs en psychiatrie” qui ont été réalisées, 364 IDE, ayant de 12 à 18 mois d’ancienneté, formées, et six actions “tutorat” pour 77 tuteurs menées. L’action de formation initialement proposée par le ministère et l’Association nationale de la formation hospitalière (ANFH) a été minorée de quatre jours car le groupe de réflexion régional (composé de représentants des établissements de santé concernés par le Plan) a estimé que ces jeunes professionnels avaient acquis des compétences en formation initiale et qu’il était préjudiciable de les replacer sous statut d’étudiant. C’est aussi pour cette raison que le cahier des charges précisait que les formateurs ne devaient pas être issus d’Instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi).
La formation a donc été découpée en quatre sessions : 4 + 3 + 3 + 1 jours. Le 11e jour, à distance de six mois, avait été envisagé pour mesurer les acquis de la formation. Avec le recul, ce 11e jour s’est avéré peu probant. Les principes retenus pour l’évaluation étaient les suivants :
→ synthèse des évaluations dites “à chaud” le 10e jour de formation avec un membre du groupe de suivi composé de professionnels de chacun des établissements. Cette évaluation en présence du formateur était réalisée à partir d’une trame commune définie par le groupe. Le document permettait de mesurer le degré de satisfaction générale, l’atteinte des objectifs et la formation dans sa globalité ;
→ analyse des évaluations faites par l’organisme de formation a permis de conforter les résultats ;
→ entretiens réalisés auprès d’infirmiers et de cadres de santé ayant accueilli un agent formé, sur la base du même échantillonnage que celui utilisé pour la construction du contenu de l’action, à savoir 20 % de l’effectif total formé. Les entretiens ont été conduits par les membres du groupe de travail au sein de leur établissement respectif à partir d’une trame commune (cf. encadré sur les guides des IDE et pour l’encadrement en page suivante).
Ces trois principes définis ci-dessus ont contribué à mesurer l’impact des formations. Du point de vue des formés, l’analyse démontre un rapport au savoir modifié grâce :
→ au partage d’expériences,
→ à l’apport des formateurs, pour la plupart régionaux,
→ aux expériences de terrain,
→ à la connaissance des pathologies,
→ et surtout à la maîtrise du raisonnement clinique.
Ces éléments associés ont contribué à l’émergence d’une posture professionnelle. L’acquisition de confiance en soi permet au jeune professionnel d’être plus à l’aise dans la gestion de situations cliniques complexes. La mise en place concomitamment de l’accompagnement par le tuteur dont le profil a été défini, à savoir, un pair, sans lien hiérarchique, infirmier dans un autre service si possible, avec une régularité dans les rencontres a apaisé les craintes exprimées. Il a été fait le choix de proposer un tutorat sur un an avec une supervision individuelle et un accompagnement collectif structuré par le directeur des soins dans chaque établissement. Cette formation a révélé l’importance de la cohésion de l’équipe dans la stratégie thérapeutique, en un mot, un positionnement affirmé au sein de l’équipe. Les cadres ont souligné le partage de la formation au sein de l’équipe au retour de chaque session de formation et ont confirmé un raisonnement clinique pertinent et une maturation professionnelle. La déclinaison des compétences au sein du référentiel (Cf. l’article sur l’élaboration d’un référentiel de compétences en soins infirmiers en santé mentale p. 36) se superpose bien aux formations proposées. Les jeunes professionnels ont bien intégré la notion de réponse collective pour une prise en charge réussie du patient d’où la nécessité d’une cohérence d’équipe (cf. le graphique sur la cohérence d’équipe ci-contre). Les infirmiers interrogés ont unanimement souligné l’intérêt de ces formations professionnalisantes et en ont encouragé la poursuite en demandant que soient intégrées l’histoire de la psychiatrie, l’analyse de pratiques professionnelles en lien avec l’observation clinique et les actualités en psychiatrie en maintenant le caractère interétablissement. Pourtant, ce mode d’organisation avait été jugé dans un premier temps contraignant du fait des distances mais s’est révélé au fur et à mesure, un facteur de partage et une amorce de réseau professionnel.
Le groupe de travail régional a intégré ces remarques et a proposé une action pluriannuelle à destination des infirmiers s’inscrivant dans un parcours psychiatrique. Ces actions ont débuté en septembre 2010, se sont intensifiées en 2011 et renforcées en 2012. Un membre du groupe de travail initial en assure le suivi pédagogique avec le soutien logistique de l’ANFH Lorraine.
Le PPSM a été une réussite en Lorraine grâce à l’engagement de tous les acteurs : directeurs d’établissements, directeurs de soins, formateurs, les instances (ANFH, ARH, Drass) et les membres du groupe de travail qui ont été un vecteur de réussite essentiel. Les actions mises en place depuis 2010 confirment la pertinence des objectifs définis par l’enquête menée auprès des infirmiers affectés en psychiatrie et répondent ainsi aux besoins exprimés.
→ Guide d’entretien des IDE
Préciser que l’entretien sera rendu anonyme.
L’entretien sera à réaliser auprès d’IDE ayant suivi la formation, à distance de six mois après le 11e jour.
→ La formation vous a-t-elle permis de progresser dans l’exercice de vos missions ?
→ La formation vous a-t-elle permis de mettre en jeu une meilleure connaissance de vous-même dans la relation de soin ?
→ La formation vous a-t-elle permis de mieux identifier vos réactions ?
→ La formation vous a-t-elle permis d’établir une communication plus adaptée ?
→ La formation vous a-t-elle donné des éléments pour mieux construire votre raisonnement clinique ?
→ La formation vous a-t-elle permis de développer vos capacités d’observation ?
→ En quoi la formation vous a-t-elle permis de comprendre l’importance du travail d’équipe ? Citer quelques exemples.
→ Percevez-vous davantage les interactions dans la relation soignant-soigné ?
→ Pratiquez-vous plus facilement : des entretiens ? des prises en charge individuelles ? des prises en charge de groupe ?
→ Vous sentez-vous plus à l’aise dans les différentes techniques de soins relationnels ?
→ D’autres éléments vous ont-ils permis de faciliter votre intégration dans votre unité ? Lesquels ?
→ Avez-vous été “tutoré” ?
→ Guide d’entretien pour l’encadrement
Préciser que l’entretien sera rendu anonyme.
→ Suite à la formation suivie par l’infirmier ou les infirmiers de votre service, avez-vous perçu une évolution dans sa pratique professionnelle ? Si oui, dans quel(s) domaines(s) ?
→ Percevez-vous encore des difficultés ? Si oui, lesquelles ?
→ Selon vous, quel est l’impact de la formation et/ou au tutorat ?
→ Avez-vous mis en place des démarches complémentaires dans votre établissement ? Si oui, lesquelles ?
→ Quelle est votre impression générale ?
→ Comprendre les interactions et leur impact entre les personnes soignées et les soignants
→ Acquérir une distance relationnelle structurante et contenante
→ Développer le raisonnement clinique
→ Volonté affichée d’une harmonisation régionale
→ Implication de chaque établissement de santé
→ Formation décentralisée en interétablissement
→ Évaluation de chaque action réalisée par un membre du groupe de suivi
→ Élaboration d’un référentiel de compétences en lien avec les Ifsi
→ Intervention de 50 % de formateurs régionaux dans les actions