ÉLECTIONS Organisé quelques semaines avant les élections présidentielles et législatives, le 4e meeting du Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire a rassemblé le 17 mars à Montreuil près d’un milliers de soignants en psychiatrie, chercheurs et patients. Plusieurs représentants politiques ont apporté leur soutien au Manifeste du collectif.
Le Collectif des 39 a été créé fin 2008 par des soignants pour dénoncer les réformes en psychiatrie adoptées sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy et leur « idéologie sécuritaire qui stigmatise, isole et maltraite les plus démunis des citoyens ». Ce dernier meeting du collectif a été l’occasion de dénoncer, d’une part, les orientations de la Haute Autorité de santé (HAS) et, d’autre part, d’interpeller les politiques sur l’avenir de la psychiatrie en France.
Avec ses dernières recommandations de “bonnes pratiques” publiées début mars sur l’autisme, la HAS s’est attirée les foudres d’une bonne partie des soignants en psychiatrie. Dans son rapport publié début mars, la HAS a pour la première fois jeté le discrédit sur les approches psychanalytiques et la psychothérapie institutionnelle. Elle a recommandé essentiellement des méthodes éducatives et comportementalistes, type ABA, programme Denver ou TEACCH, qui donneraient selon elle des résultats chez la moitié des enfants autistes, notamment en termes d’augmentation du QI. « L’approche analytique sera bientôt bannie de la prise en charge de l’autisme, c’est la réponse de la HAS au manque scandaleux de place pour les enfants et adultes autistes. Le procès fait aux soignants est injuste », a estimé Jacqueline Berger, mère de deux enfants autistes. Loriane Brunessaux, psychiatre, a souligné que ce « triomphalisme » de la HAS est déplacé. André Coret, physicien et historien des sciences, a rappelé qu’une méta-analyse récente aux États-Unis est venue battre en brèche la prétendue efficacité de la méthode comportementaliste ABA. « Uniformité, homogénéité, traçabilité, tel est le programme de la “Haute Autorité sachante” dont les positions ne cachent plus une hostilité déclarée à une psychiatrie ouverte sur l’inestimable de la relation humaine », dénonce encore le collectif.
Soucieux de peser sur les choix politiques en matière de santé mentale, le collectif a adressé en février son Manifeste à l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle. « Nous avons adressé notre manifeste à tous les candidats, sauf une que je ne nommerai pas », précise Yves Gigou, cadre supérieur de santé à la retraite et membre du collectif. Ce manifeste exige l’abrogation d’un certain nombre de lois, comme la loi du 5 juillet 2011 instituant des soins sous contrainte ou la loi HPST, mais aussi l’arrêt de toutes les procédures de “mise aux normes” de la HAS. Le manifeste demande également un renforcement des moyens humains et financiers alloués à la psychiatrie publique. Force est de constater que seuls les représentants des candidats de gauche avaient fait le déplacement à Montreuil pour exprimer leur soutien, plus ou moins nuancé, au manifeste du collectif. Le représentant PS, Razzi Hammadi, a précisé la position de l’équipe de François Hollande : pas d’abrogation de la loi HPST, mais arrêt de la logique de privatisation et de convergence public-privé, opposition à la T2A en psychiatrie, vigilance sur les collusions entre industrie pharmaceutique et HAS… Plus à gauche, les représentants du Front de Gauche et du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) ont souligné qu’ils sont en total accord avec les revendications du collectif des 39.