Quelles sont les bonnes prises en charge de l’autisme ? Regards croisés. Pour Philippe Evrard, président du groupe de pilotage pour la recommandation de bonne pratique sur l’autisme de la Haute Autorité de santé, tout enfant ayant un trouble envahissant du développement (TED) doit bénéficier d’un “projet personnalisé” dans les trois mois suivant son diagnostic, et si possible avant quatre ans. Les prises en charge psychanalytiques n’ont pas fait « la preuve scientifique de leur pertinence », c’est pourquoi la HAS leur préfère « des programmes d’interventions les plus récents, associant techniques d’apprentissage, stratégies développementales et implication de familles ». L’expert souligne l’importance d’un « regard pluriprofessionnel » sur le développement de l’enfant. De son côté, Laurent Mottron, directeur de recherche au laboratoire de neurosciences cognitives des TED, à Montréal, s’étonne que la HAS préconise d’utiliser des méthodes comportementales comme l’ABA (Applied Behavior Analysis) dont la preuve de l’efficacité n’est pas faite. « Ce que je reproche principalement à cette méthode, c’est de ne pas utiliser les modes d’apprentissage spécifiques des autistes », souligne-t-il. Il préconise d’intégrer les enfants autistes dès que possible dans le milieu ordinaire, avec une aide à la communication et aux apprentissages adaptée, et de ne pas se substituer aux parents mais de leur « enseigner comment communiquer et apprendre à leur enfant ».
La Recherche, n° 464, mai 2012. 74, avenue du Maine, 75014 Paris.