Objectif Soins n° 207 du 01/06/2012

 

Actualités

Frédéric Launay  

ORGANISATION → Lors du congrès du Sidiief, le 24 mai dernier, des directeurs des soins ont passé en revue plusieurs modèles de management liés aux importantes contraintes économiques. Si tous s’accordent à dire que l’hôpital doit être bien géré, des solutions différentes ont vu le jour.

« Le problème, aujourd’hui, ce sont certaines difficultés de dialogue, voire de compréhension, entre les tenants de l’approche médico-économique et les professionnels de la santé », rappelle André Laubscher, directeur des soins aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).

Quatre directeurs de soins de Suisse, France, Belgique et Québec, devant le même constat, ont ainsi présenté, lors du congrès du Sidiief à Genève, plusieurs modèles d’organisation dans un contexte de forte contrainte économique pour les établissements de soins.

On constate par exemple d’importantes disparités entre le ratio infirmière/patient en Allemagne (de 13 à 15 patients) et en Suisse (8 patients) qui s’expliquent par une répartition différente entre les fonctions occupées par les médecins et les infirmières dans ces deux pays et des modèles d’organisation distincts.

D’autres formes de management

Parmi les modèles présentés, le programme QAP(1) aux HUG s’apparente étroitement aux audits internes pratiqués dans nos établissements. Il mobilise des duos composés de cadres supérieurs, d’infirmières, de médecins ou encore de personnes de l’administration qui, chaque semaine, sur la base d’une grille d’évaluation, vont observer les pratiques dans les unités de soins. En Belgique, les cliniques universitaires St-Luc de Bruxelles ont fait le choix du modèle théorique EFQM(2) qui se décline en cinq grands facteurs : leadership, management du personnel, politiques et stratégies, ressources et processus.

Au Québec, le modèle “synergie”(3), qui repose sur la gestion par partenariat infirmière-médecin des programmes cliniques de l’ensemble de l’établissement, semble porter ses fruits. Lynne Mc Vey, professeure associée à l’école des sciences infirmières de l’université Mc Gill à Montréal, rappelle que, si « le rehaussement de la formation des infirmières et des infirmiers permet une diminution importante des coûts », le modèle “synergie” a démontré également que les partenariats établis sur un pied d’égalité entre infirmières, médecins et cadres ont un effet multiplicateur sur la réduction des taux de mortalité ainsi que sur la réduction importante des complications liées aux erreurs.

Partenariat infirmières/médecins

Ce modèle de gestion par partenariat médecin-infirmière est présent à chaque niveau de l’organisation, du chevet du patient jusqu’à la haute direction. « Nos résultats probants démontrent que, dans nos services de soins intensifs, nous pouvons réduire le taux de mortalité de 40 % en misant seulement sur le partenariat entre infirmières et médecins sur le même pied d’égalité. Le taux de complications par erreur ou infection peut être réduit de 50 % en misant seulement sur ces partenariats », précise Lynne Mc Vey. On regrettera que chaque intervenant n’ait eu qu’un quart d’heure pour présenter la gouvernance hospitalière de son pays et aborder successivement les solutions préconisées pour soutenir au quotidien une démarche de qualité, maintenir un environnement institutionnel attrayant et performant, offrir un meilleur service au moindre coût et innover pour optimiser les services de santé. Certains aspects du management n’ont ainsi pas été abordés, comme les nouveaux modèles d’organisation du travail inspirés des principes de la “Lean production” qui ne fait pas l’unanimité(4). Les communications des intervenants seront disponibles sur le site du Sidiief(5).

NOTES

(1) Quality Assurance Program.

(2) European Foundation for Quality Management.

(3) Modèle développé à l’hôpital général juif de Montréal depuis 25 ans. Voir Perspective infirmière, vol. 8, n° 3, mai-juin 2011, p. 21 “Synergie, Le modèle de gestion par partenariat de l’HGJ de Montréal : un exemple de collaboration qui donne des résultats”.

(4) Méthode Lean : ensemble de techniques visant à l’élimination de toutes les activités à non valeur ajoutée. Ce modèle est comparé à d’autres dans “Conditions de travail et santé au travail des salariés de l’Union européenne : des situations contrastées selon les formes d’organisation”, Antoine Valeyre, Centre d’études de l’emploi, Document de travail, n° 73, novembre 2006.

(5) www.sidiief.org.