POLITIQUE → Elle avait géré le pôle “Social, Santé, Handicap, Personnes âgées” de la campagne présidentielle de François Hollande, c’est donc en toute logique et sans grande surprise que Marisol Touraine est devenue ministre des Affaires sociales et de la Santé dans le premier gouvernement de Jean-Marc Ayrault.
Normalienne et députée d’Indre-Et-Loire, la nouvelle ministre de la Santé était déjà en charge, à la direction du Parti socialiste de la protection sociale et avait donc déjà défendu les positions socialistes sur la Sécurité sociale, la santé, les retraites… Elle avance donc en terrain connu.
Quels seront les axes prioritaires de son travail ?
Actuellement au cœur de la réforme des retraites, Marisol Touraine aura également la charge de mettre en pratique les promesses de campagne de François Hollande en matière de santé. Comme elle l’a récemment annoncé à Hôpital Expo, la ministre de la Santé compte rétablir la reconnaissance de l’hôpital public et mettre fin à un hôpital géré comme une entreprise : des paroles qui signent la fin de la convergence des tarifs publics/privés. C’était en effet un des axes forts de la campagne du Président de la République : cette remise à flot devrait, selon elle, permettre une levée de la pression sur le personnel hospitalier. Reste à voir concrètement la méthode pour y parvenir.
Autre cheval de bataille, la lutte contre les déserts médicaux et l’accès aux urgences. Avec pour message symbolique : « Chaque Français devra accéder aux soins d’urgence en moins de trente minutes. » Pour cela, elle compte s’appuyer sur l’expertise locale pour trouver les meilleures solutions.
Les dépassements d’honoraires seront également combattus, « trop d’excès » ayant été constatés. Des négociations seront donc entamées cet été et, quels qu’en soient les résultats, des mesures seront prises dans la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2013, pour limiter les dépassements au cas par cas, selon les régions et les spécialités.
Des questions polémiques ?
Sur la tarification à l’activité (T2A), Marisol Touraine souhaite une « adaptation » des mesures en place depuis 2004, ce qui n’est pas vraiment au goût des établissements privés qui n’ont pas vu d’un bon œil l’intervention – très applaudie – de la ministre à Hôpital Expo à ce sujet.
Concernant l’Ordre infirmier, la ministre de la Santé a laissé entendre que l’adhésion à l’Oni pourrait devenir facultative pour les infirmiers salariés des établissements de santé. On sait qu’en 2011, Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, s’était déclaré contre une telle instance, jugeant cette mesure inefficace. Récemment, la Coordination nationale infirmière (CNI) a adressé un courrier à la ministre comme un ensemble de doléances autour de la pénibilité professionnelle et de la revalorisation salariale. Quelles seront les mesures concrètes pour les infirmières de l’hôpital ?
Enfin, sur la fin de vie, François Hollande s’était déclaré, lors de la campagne présidentielle, pour une reconnaissance d’un droit à mourir dans la dignité. Sous quelle forme cette promesse de campagne verra-t-elle le jour ?
Il reste également les sujets en suspens, comme l’affaire du Mediator (le procès de Servier dans cette affaire a été reporté pour vice de procédure) ou la réforme du médicament.