INNOVATION → Lors de leur rentrée de septembre 2011, les élèves de l’IFCS de Tours ont eu un défi de taille à relever, lancé par l’ANFH Centre : organiser une Conférence régionale sur le Développement professionnel continu (DPC), une réforme dont le décret d’application est paru fin 2011, alors que les étudiants avaient déjà commencé leurs travaux.
L’organisation de cette conférence leur a permis d’expérimenter une démarche projet, allant de l’analyse conceptuelle jusqu’à la structuration de la prestation orale, en passant par l’élaboration du budget et la communication. Le résultat de leur travail, le 7 juin, a été à la hauteur de leurs efforts.
La complémentarité des interventions et la richesse des échanges avec la salle ont permis de cerner avec précisions les enjeux de cette réforme qui vise à allier évaluation des pratiques et formation pour améliorer la qualité et la sécurité des soins, en fonction d’orientations nationales ou régionales.
Marie Müller, directrice des affaires médicales au CHR d’Orléans, a présenté le contexte économique et social de la réforme en cours : « Les professionnels de santé de demain seront moins nombreux. Ils devront répondre aux exigences de qualité et de sécurité des soins des prises en charge. Ils devront être parfois très spécialisés, parfois très polyvalents et capables de répondre rapidement à des évolutions de la demande ou à des offres de soin. » Le DPC devrait permettre de relever ce défi managérial. Il s’appliquera en 2013 à l’ensemble des professionnels de santé, quel que soit leur mode d’exercice, et aura un caractère obligatoire.
Un million et demi de professionnels sont concernés par cette réforme. Anne Dardel, chargée de mission à la DGOS (Direction générale de l’offre de soin) et “mère” du DPC, a précisé la philosophie de ce dispositif, dont l’un des maîtres-mots est le décloisonnement, et a pris à partie son auditoire : « Le DPC, c’est avant tout une posture. Il ne s’agira pas seulement d’acquérir des connaissances ou de mieux maîtriser des techniques. Il sera également question de vérifier que la manière dont on exerce ses pratiques est conforme aux recommandations, aux exigences de qualité et de sécurité des soins. Il s’agira pour vous de combiner analyse des pratiques et formation. Les possibilités de combinaisons que vous allez créer sont multiples. Le DPC sera ce que vous en ferez. »
Anne Dardel s’est amusée à paraphraser Molière en rappelant à la salle : « Vous faites déjà du DPC sans le savoir. » Sarah Hustache, élève directeur au CH de Versailles, a donné des exemples de démarches de DPC déjà pratiquées dans son établissement. Elle a cité l’exemple d’un urologue qui, après avoir constaté des dysfonctionnements de la part des panseuses de son bloc, a tenu une réunion au cours de laquelle il a procédé à une revue de la littérature, rappelé les recommandations et actualisé les connaissances en lien avec la pratique. Cette démarche pluridisciplinaire a permis d’améliorer par la suite la qualité des soins.
Ève Parier, directrice des ressources humaines au même CH, a également souligné l’intérêt et l’originalité du DPC : « Alors que les plans de formation étaient conçus de manière descendante, le dispositif va être inversé. Il s’agira d’élaborer des programmes de formation en s’appuyant sur l’expérience. Le service sera la brique de base de l’organisation et le couple cadre de santé/chef de service sera le moteur du programme de DPC. »