Les étudiants cadres de l’Ifcs de Tours
Sur le terrain
Dans le cadre de leur formation, les étudiants cadres de santé de l’IFCS du CHRU de Tours ont mené un projet transversal sur le Développement professionnel continu (DPC). Objectif : l’organisation d’une conférence sur ce thème. Cette journée a bien eu lieu, le jeudi 7 juin 2012 à Tours. Retour d’expérience.
Le DPC relève de l’article 59 de la loi HPST (dite Bachelot) du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients. Les six décrets d’application relatifs au DPC des cinq professions de santé (médecins, chirurgiens dentaires, pharmaciens, sages-femmes et professions paramédicales) et les cinq décrets relatifs aux commissions scientifiques indépendantes des professions de santé ont été publiés le 30 décembre 2011. C’est un concept commun entre formation continue et Évaluations des pratiques professionnelles (EPP), où le professionnel de santé doit développer son expertise clinique et sa réflexivité pour être efficace. Le DPC a notamment pour objectif de développer, de maintenir et d’approfondir les compétences dans tous les champs de la pratique et tout au long de la vie professionnelle. La finalité de ce projet était de prendre en main, en tant que cadre de santé, le DPC des auxiliaires médicaux comme levier managérial individuel et collectif, pour améliorer l’adéquation entre les besoins de santé d’un territoire et les prestations en regard, dans une perspective de développement durable.
La promotion d’étudiants (33 personnes) s’est divisée en cinq groupes :
• le groupe 1 chargé de l’analyse conceptuelle avec pour chef de projet Matthieu Sabatier ;
• le groupe 2 chargé de la synthèse et de l’analyse des décrets, avec pour chef de projet Jérôme Chaudron ;
• le groupe 3 chargé du budget et de la communication avec pour chef de projet Jean Malé ;
• le groupe 4 chargé de la mise en œuvre de la veille professionnelle avec pour chef projet Béatrice Desmazeau ;
• le groupe 5 chargé de la prestation orale, avec pour chef de projet Sylvain Luneau.
Ces groupes ont opéré, avec l’aide de l’association CAP’Cadre, association des étudiants cadres de l’Institut de formation des cadres de santé (IFCS) de Tours (dont la présidente Karine Chaillou) permettant de centraliser les activités pour l’organisation de ce type de journée. La promotion des étudiants s’est ainsi répartie en fonction des différents thèmes imposés :
• analyse conceptuelle,
• analyse du cadre législatif, réglementaire et documentaire,
• budget prévisionnel et cellule de communication,
• veille professionnelle,
• structuration de la prestation orale.
Les objectifs communs à tous les groupes sur le fond et la forme étaient de recueillir et traiter les données exploratoires liées à l’atteinte de la finalité du projet ; de conduire le projet en suivant une démarche appropriée, jusqu’à sa réalisation ; de collaborer, travailler ensemble ; de faire preuve de rigueur et créativité. Pour réaliser ce projet transversal, la méthodologie de la démarche projet a été utilisée.
La promotion a disposé d’une supervision de la part des formateurs de l’IFCS, de l’ANFH Centre et d’un budget alloué par cette dernière. Les étudiants ont franchi pas à pas chaque étape de l’organisation. L’analyse a débuté par la lecture des fiches projet, permettant une prise de connaissance du sujet et donc l’appropriation des consignes. Dans un second temps, l’étude des mots clés de la finalité a servi de point de départ pour chaque groupe.
Les objectifs de l’organisation de cette conférence étaient de travailler ensemble dans un contexte de formation de cadre de santé, sur un projet transversal ; de comprendre la réglementation (article 59 de la loi HPST et les décrets d’application) du DPC et se l’approprier en tant que futur cadre de santé ; d’informer les professionnels de santé, et plus spécifiquement les directeurs des ressources humaines, les directeurs de soins, les cadres supérieurs, les chargés de formation, les cadres de santé concernés par le DPC ; et de proposer une réflexion autour de ce dispositif, afin de le mettre en œuvre dans les établissements de santé et instituts de formation des professionnels de santé.
Désigné au sein de chaque groupe, le chef projet a été autonome pour l’organisation et le fonctionnement du groupe au regard des fiches projets. Le rythme et le contenu des réunions ont été laissés à la diligence du chef projet du groupe concerné. Un compte rendu de réunion a été systématiquement réalisé.
Pour faciliter la coordination du projet entre les groupes, un site Internet a été mis en place pour consigner l’avancée des travaux (compte rendu de réunions, documentation, textes législatifs…). Des réunions entre les chefs projet et les superviseurs de l’IFCS ont eu lieu tous les quinze jours. Au total, quatre bilans d’étapes ont été réalisés entre les commanditaires et les groupes (deux à Blois et deux à l’IFCS).
Pour contribuer au financement des intervenants de cette journée, une association a été créée, avec mise en place de différentes actions.
Ce projet a débuté par sa présentation le 19 septembre 2011, par l’équipe pédagogique de l’IFCS et la déléguée régionale de l’ANFH Centre. Un premier point d’étape a été réalisé à Blois le 6 décembre 2011. Dès le mois de novembre, des contacts ont été pris avec divers prestataires (restauration, logistique…) afin d’obtenir des devis. En parallèle, des sponsors ont été démarchés pour collecter des fonds. La phase exploratoire s’est terminée en fin d’année, lors du stage fonction d’encadrement. Dans le même temps, sont parus les décrets d’application du DPC. Une présentation de l’avancée du projet, par les étudiants cadres de santé, a eu lieu le 27 mars 2012 à Blois, lors du bureau régional de l’ANFH. Le préprogramme constitué a permis de prendre des contacts plus ciblés avec des intervenants potentiels, pour une finalisation du programme début mai. Un rétro-planning de la journée de la conférence a été réalisé. Enfin, pour prévoir et animer les dernières semaines précédant la conférence, nous avons procédé à la construction d’un Gantt : cet outil de planification nous a permis de répertorier les différentes tâches et missions restant à organiser la semaine précédant la conférence ainsi que le jour J. Pour clôturer ce projet, une synthèse et un bilan de la satisfaction des participants ont été fait auprès de l’ANFH Centre.
Un premier travail, très important, a été d’appréhender le thème par l’étude des concepts associés en lien avec les textes législatifs. Cette étape a été essentielle pour la compréhension du sujet dans sa globalité. En parallèle, la mise en place d’une veille professionnelle et règlementaire a alimenté les réflexions. Celles-ci, associées à la réalisation d’une enquête exploratoire, ont permis de dégager une problématique et d’en déduire des hypothèses de recherche. La rencontre avec les responsables de l’ANFH nationale a permis d’apporter un éclairage averti et de retravailler celles-ci. De là, un préprogramme a été établi permettant la concrétisation et l’élaboration de la journée.
Il a été fondamental de travailler en réseau pour construire et développer ce projet. Les chefs projet ont assuré le relais de l’information au sein de chaque groupe avec les superviseurs pédagogiques et les autres partenaires.
L’articulation entre les différents intervenants et l’établissement du préprogramme ont nécessité de déterminer le fil conducteur : réajustement permanent, rendre compte régulier, regard pluriel et passage d’une vision systémique à un outil managérial. Les missions transversales de logistique ont été assurées tout au long du projet. L’ANFH, dans le cadre du partenariat avec l’IFCS, a pris en charge une part importante des frais engendrés par l’organisation de cette journée (location de la salle, restauration).
Le financement des autres prestations (rémunération des intervenants, achat des sacoches pour les participants) vient de dons, de sponsors et de la vente de café et viennoiseries par les étudiants cadres tout au long de l’année. Une lettre d’information, rédigée par les membres du groupe communication, a été publiée dans la newsletter électronique “Effervescence” du CHRU de Tours pour informer le personnel d’encadrement de cette conférence.
La construction du projet s’appuyant sur l’article 59 de la loi HPST, alors que les décrets n’étaient pas encore publiés, nous a limités dans la visibilité opérationnelle du DPC de septembre 2011 à janvier 2012. Leur parution en janvier a permis d’accentuer la dynamique et le regard porté jusqu’alors sur ce dispositif, et sur la compréhension des modalités d’application.
Ainsi, le choix des intervenants a pu alors se construire, en prenant en compte les enjeux de ce nouveau dispositif qui met l’accent sur la gestion et l’évolution des compétences au regard des besoins de santé du territoire, et ce, dans une logique d’amélioration continue de la qualité des soins et de maîtrise des dépenses de santé.
L’aboutissement a été la réalisation de la conférence au centre international de congrès Vinci de Tours : 230 personnes, exerçant majoritairement en région Centre, ont assisté à cette journée. Les différents intervenants ayant apporté un regard pluriel sur le thème du DPC sont Mme Müller, directeur des affaires médicales au CHR d’Orléans, Mme Dardel, chargée de mission à la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), Mme Parier, DRH au CH de Versailles, Mme Delasalle, cadre de santé au CH de Blois, Mme Hustache, élève directeur au CH de Versailles, Mme Dupire, directrice adjointe, ANFH. Cette conférence a été l’occasion de rencontres entre professionnels mais aussi d’échanges sur le sujet entre les intervenants et le public.
L’intérêt de cette évaluation est de mesurer l’atteinte des objectifs du projet, d’en avoir une vision systémique afin d’enrichir la synthèse finale et de rendre compte au commanditaire financeur. Les résultats ont permis d’enrichir les apprentissages en lien avec notre fonction de cadre de santé et de réajuster nos actions pour un projet futur. Pour ce faire, deux types de questionnaires de satisfaction ont été élaborés :
• pour les bénéficiaires : centré sur la qualité des prestations de la journée (contenus des interventions, structuration de la journée, restauration, etc.) ;
• pour les participants : centré sur l’organisation générale (relations avec les organisateurs, accueil, restauration, logistique, etc.).
Les questionnaires ont été réceptionnés à l’issue de la conférence, avec un taux de retour de 81 %. L’exploitation a été réalisée le lendemain de la conférence à l’IFCS par les étudiants cadres de santé. La quasi-totalité des participants sont satisfaits de cette journée tant sur le plan organisationnel que sur la richesse du contenu.
Ce travail a permis d’utiliser la démarche de la conduite de projet et la méthodologie de la problématisation. Dans un premier temps, il a d’abord été question de gérer ce projet avec un groupe de 33 personnes. Il a fallu faire preuve à la fois d’autonomie et de cohésion. La charge de travail est ainsi répartie, ce qui permet d’avoir une mission claire et de développer une expertise du sujet, mais ce qui implique aussi de se tenir informer de l’avancée du travail des autres. Une coordination est nécessaire. À partir de janvier 2013, les établissements vont mettre en place ce dispositif. En tant que manager pédagogue les étudiants vont, par ce travail, être en mesure d’éclairer les équipes et leurs collègues sur les différentes questions que soulèvent cette nouveauté dans l’organisation de la formation continue, des EPP et des analyses de pratiques dans les services. De manière plus générale, cette conférence a permis aux étudiants de développer des capacités de réactivités, d’anticipation, d’enrichir leur réseau et leur réflexion professionnelle propre aux cadres de santé, tout en développant une vision transversale, pluridisciplinaire et décloisonnée des professions concernées par ce dispositif. Enfin, les capacités d’organisation déployées tout au long de cette conférence dans sa construction et sa réalisation pourront demain être à nouveau mises en œuvre au service de nouveaux projets au sein de nos institutions respectives.
Dans l’attente prochaine de la parution de textes précisant les modalités d’application et de gestion du DPC pour l’ensemble des professionnels concernés, ce dispositif se présente ainsi comme une nouvelle opportunité pour l’ensemble des professionnels de santé, dans la gestion de leurs compétences et dans la réponse qui peut être apportée aux nouveaux besoins en matière de santé, tant à l’échelle des établissements que des territoires.
Ce projet fut un travail de longue haleine qui a nécessité de travailler ensemble. Malgré des zones d’incertitudes et de nombreux obstacles, la promotion est restée soudée, a fait preuve de coordination, de cohésion et de persévérance. Par ce projet, chacun s’est enrichi d’un point de vue personnel et collectif, au service de notre professionnalisation.
Ces apprentissages concernant la démarche projet seront transférables par chacun dans notre futur exercice professionnel.
L’équipe des étudiants cadres de l’IFCS de Tours
Ces nouvelles dispositions, qui prendront effet en janvier 2013, impactent la gestion des compétences dans la continuité de la mise en œuvre de la Gestion prévisionnelle des métiers et des compétences (GPMC). Le cadre de santé sera un acteur déterminant dans la mise en œuvre de ce dispositif qu’il utilisera comme levier managérial. Ainsi la journée organisée avait-elle pour objectif d’apporter un éclairage théorique et pratique auprès des directions et des personnels d’encadrement des établissements publics de santé et des instituts de formation des professionnels de santé.
De nouveaux programmes de formation devraient voir le jour en 2013. Ceux-ci intégreront des actions de formation et d’évaluation. Des interrogations se posent aujourd’hui.
Comment le dispositif DPC va-t-il s’articuler avec les programmes de formation existant aujourd’hui ?
Quid des plans de formation liés aux orientations des établissements et des demandes individuelles des agents ?
Un programme DPC est un ensemble d’actions annuelles ou pluriannuelles qui doit remplir trois critères :
être conforme à une orientation nationale ou à une orientation régionale (en lien avec le Projet régional de santé, le PRS) ;
comporter l’une des méthodes et modalités validées par la Haute Autorité de santé (HAS) ;
être mis en œuvre par un ou plusieurs organismes de DPC enregistrés par l’Organisme gestionnaire du DPC (OGDPC).