Le CHU de Limoges est l’un des établissements de santé pionniers en matière d’organisation de la recherche infirmière et paramédicale. Plusieurs projets de recherche portés par les équipes soignantes du CHU ont été financés par la DGOS. Rencontre avec Pascale Beloni, cadre supérieur de santé, chargée d’une mission transversale recherche paramédicale/ formation auprès de la Coordination générale des soins.
Pascale Beloni : La finalité de ce poste, que j’occupe depuis septembre 2008, est de promouvoir la recherche en soins auprès des équipes paramédicales pluridisciplinaires du CHU. Dès 1992, notre Coordinatrice générale des soins, Josiane Bourinat, a souhaité développer la recherche infirmière en l’inscrivant dans les projets de soins. Elle a identifié la recherche infirmière comme facteur de développement des activités des professionnels soignants, mais aussi de la qualité de la prise en charge des patients. Cette volonté affirmée de la Coordination générale des soins, soutenue par la Direction générale de l’établissement, a permis la création de la mission transversale qui m’a été confiée. Ma fonction s’articule autour de l’animation du Comité de promotion de la recherche paramédicale et de l’innovation (CPRPI), de l’accompagnement des travaux de recherche, de la communication autour de l’activité de recherche paramédicale, de la veille documentaire mais aussi de la formation. Je suis pour ma part une ancienne formatrice en Ifsi. J’ai suivi un master de recherche en soins et en ingénierie de la santé à l’Institut supérieur de Montsouris. Aussi ai-je pu réinvestir cette formation à travers le poste que j’occupe aujourd’hui.
P. B. : Le CPRPI est une sous-commission de la Commission des soins infirmiers, de rééducation et médico-techniques. Composé de quinze professionnels paramédicaux, il réunit des cadres de santé et un cadre formateur, la directrice de l’école des cadres, mais aussi l’ensemble des familles de professionnels paramédicaux du CHU, infirmières, techniciennes de laboratoire, diététiciennes, masseurs-kinésithérapeutes… Tous les membres du comité ont suivi une formation à la méthodologie de recherche. Les objectifs du CPRPI sont notamment de développer la culture recherche dans les unités, d’analyser et de valider les thèmes de recherche, d’apporter une aide méthodologique aux équipes, mais aussi de promouvoir la diffusion des travaux et de participer à la valorisation de l’activité recherche, en interne comme en externe. Concrètement, je suis la personne ressource en amont du CPRPI pour les équipes. Lorsque les soignants souhaitent s’engager dans une recherche paramédicale, je les rencontre, je les aide à construire leur projet. Et c’est ensuite que les équipes viennent devant le comité afin de présenter leur projet de recherche. La mission du CPRPI ne s’arrête pas à la validation des protocoles, le comité est aussi chargé d’accompagner les équipes dans la construction et la mise en œuvre de leurs projets. Pour l’aide à la rédaction des protocoles, le CPRPI travaille avec les acteurs de la Direction de la recherche clinique et de l’innovation, notamment le médecin délégué à la recherche clinique, le médecin biostatisticien et l’attachée de recherche clinique.
P. B. : En 2010 et 2011, trois projets de recherche infirmière ont été déposés par les équipes du CHU et retenus dans le cadre du PHRIP. Ces projets de recherche infirmière, financés sur trois ans, sont en cours. Deux projets ont été déposés en 2012, et nous sommes en attente des résultats. Pour 2013, nous travaillons actuellement à la finalisation de trois projets de recherche infirmière et paramédicale, et un projet de recherche sage-femme. Plusieurs autres projets de recherche sont en gestation. Tous ces projets ne seront peut-être pas déposés dans le cadre des programmes hospitaliers. Nous avons identifié d’autres appels à projets susceptibles d’offrir des enveloppes budgétaires pour la recherche infirmière et paramédicale.
P. B. : La recherche infirmière et paramédicale donne ou redonne du sens aux pratiques soignantes. Elle permet une valorisation et une reconnaissance des soignants, c’est un moteur essentiel. Les professionnels disent d’ailleurs que les projets leur apportent une véritable bouffée d’oxygène dans leur quotidien. La recherche est aussi un outil de management performant, car elle fédère les équipes paramédicales et médicales autour du partage d’un projet commun. Le sentiment de fierté est réel pour les soignants. Alors qu’ils travaillent à flux tendu, ils prennent parfois sur leur temps personnel pour monter des projets de recherche. Le cadre de santé me paraît d’ailleurs incontournable dans cette dynamique. En effet, si le cadre n’y croit pas, les soignants auront du mal à trouver le soutien nécessaire. Enfin, la recherche est également un outil de fidélisation des soignants.
P. B. : Au niveau de l’établissement, nous avons mis en place depuis 2010 des sessions de formation de différents niveaux pour les professionnels paramédicaux. D’une durée de trois jours, la session de sensibilisation à la recherche en soins a été confiée à l’Unité de formation et de recherche en sciences infirmières, une association basée à Toulouse. La session approfondissement est une formation à la rédaction d’un protocole de recherche. D’une durée de quatre jours, elle a été construite en partenariat avec l’Institut de formation des cadres et la direction de la recherche clinique et de l’innovation du CHU. Organisées deux fois par an, chacune de ces sessions peut accueillir une douzaine de professionnels de l’établissement. Les soignants qui participent à ces formations ont le plus souvent des idées de recherche, bien que cela ne soit pas un prérequis pour s’inscrire dans la démarche. Ces formations sont aussi l’occasion de faire émerger des projets au sein des équipes. La stratégie de formation est également développée vers l’extérieur, avec notamment des interventions dans les Ifsi sur la méthodologie de recherche. Enfin, nous sommes à l’initiative de la création du premier diplôme universitaire en “Sciences infirmières et recherche paramédicale” dont je suis la coordonnatrice pédagogique associée.
Ce DU, qui accueillera à partir de janvier 2013 une quinzaine d’étudiants ou professionnels du soin, est le fruit d’un travail en partenariat avec la faculté de médecine de l’université de Limoges et l’Institut universitaire de formation et de recherche en soins (IUFRS) de Lausanne. Les titulaires de ce nouveau diplôme universitaire pourront être référents des projets de recherche paramédicale et infirmière dans leurs établissements.
→ LES PROJETS FINANCÉS EN 2010 ET 2011
• Nom du projet : Praxalim.
Impact de la forme des assiettes sur la préservation des praxies dans l’alimentation chez les personnes âgées souffrant de démences sévères de type Alzheimer ou mixtes (service Unité de vie protégée, CH de Brive associé).
• Nom du projet : Douleur et musicothérapie.
Musicothérapie lors de la réfection de pansement chez les patients artéritiques de stade IV (service chirurgie thoracique, chirurgie vasculaire, essai monocentrique).
• Nom du projet : Linipoche.
Vécu douloureux de l’enfant de moins de trois ans lors du retrait de la poche collectrice d’urines aux urgences pédiatriques : quelle stratégie de prise en charge ? (CHU de Poissy associé).
→ LES PROJETS PRÉSENTÉS EN 2012
• Nom du projet : PTGMASS.
PTG (Prothèse totale du genou). Impact d’une technique de massage durant la première semaine d’hospitalisation sur la récupération de la mobilité du genou suite à la pose d’une prothèse totale du genou (CH de Saint-Junien associé).
• Nom du projet : TOUETDOU.
Étude d’une thérapie complémentaire au Meopa pour les douleurs induites par le retrait d’un drain aspiratif chez l’enfant de 7 à 16 ans en chirurgie pédiatrique : le « toucher-détente » (CHU Bordeaux et Toulouse associés).