L’alliance oncogériatre/ infirmière clinicienne | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 214 du 01/03/2013

 

Management des soins

Marie-Pierre Rodriguez*   Jean-François Zimmermann**  

La notion d’incurabilité nous amène à réfléchir sur l’analyse du rapport bénéfice/risque – sans occulter la qualité de vie, QALY(1) – pour le patient, les indications thérapeutiques, ou autres alternatives d’aide susceptibles de lui être proposées. Ces dernières vont modifier la trajectoire de soins de la personne âgée, sa qualité de vie, ainsi que celle de son entourage.

Notre culture occidentale nous confronte, dans le domaine spécifique de la santé, à une inadéquation de l’offre à la demande. En effet, quelle que soit la qualité de la prestation de soins offerte, on n’observe pas de satiété du consommateur, contrairement au marché général classique, libre et concurrentiel. En d’autres termes, plus on délivre une prestation de soins tendant à l’efficience, plus on observe l’élévation du niveau d’exigence du patient. Ce dernier aspire à être en bonne santé en permanence. Aussi, il refuse la maladie, la douleur, a fortiori la mort, et accepte mal de vieillir, rêvant secrètement d’immortalité avec l’émergence du jeunisme issue des États-Unis notamment. C’est ce qui explique que la santé est un segment stratégique particulier, contraint de plus par des allocations de ressources limitées(2).

Le vieillissement et l’espérance de vie augmentant(3), l’incidence des cancers est particulièrement élevée en France en comparant à l’ensemble des autres pays d’Europe. La mortalité liée à ces cancers est en rapport avec un diagnostic peut-être tardif(4), d’où une possibilité moindre de traitement, et donc un stade souvent trop avancé pour être éradiqué.

LE DÉFI DU VIEILLISSEMENT

Le vieillissement est un des défis les plus préoccupants(5) auquel l’Europe est confrontée. Selon des projections récentes, le nombre d’Européens âgés de 65 ans et plus sera presque doublé au cours des cinquante prochaines années. Cette tendance lourde représente un réel challenge pour les autorités publiques et leurs décideurs.

Les députés européens ont estimé qu’il fallait agir davantage pour permettre aux personnes âgées de réaliser leur potentiel de bien-être ou mieux-être, et de participation à la société, tout en leur fournissant la protection, la sécurité et les soins adéquats en cas de besoin.

Le Parlement souhaite également que l’Union européenne du vieillissement, ses États membres et toutes les parties prenantes profitent de l’Année européenne(6) comme d’un tremplin pour développer de nouvelles solutions et des politiques innovantes. Des stratégies de gestion de l’âge favorables à la famille, et des activités soulignant l’importance de la santé préventive, ainsi que des modes de vie sains devraient figurer parmi les priorités. Le vieillissement physiologique est souvent associé à la maladie et à la dépendance ; il est nécessaire de mettre l’accent plus précisément sur la fragilité et la vulnérabilité.

FRAGILITÉ ET VULNÉRABILITÉ

Qu’entend-on par fragilité de la personne âgée ? Quels sont ses critères ? Comment peut-on la mesurer ? Quels sont les liens entre fragilité et dépendance ?

Notion de fragilité

La fragilité peut apparaître lorsque la personne âgée prend conscience des premiers signes de son érosion physiologique et psychologique, et de ses difficultés qui perturbent la vie quotidienne. Cette nouvelle réalité générera, ou pas, de la fragilité selon un ensemble de facteurs liés à l’histoire, l’état de santé, et l’habitus de l’individu considéré.

Le concept de fragilité est utilisé par les gériatres pour mieux cerner la santé des personnes âgées et ainsi leur proposer des interventions adaptées. Sur le plan médical, la personne âgée fragile est une personne polypathologique dont le tableau clinique des maladies est fréquemment atypique.

Une approche fonctionnelle existe également. La personne fragile a besoin d’aide dans les Activités de la vie quotidienne (AVQ). Aussi l’approche du concept de fragilité aujourd’hui rencontre un certain consensus des acteurs de santé. La personne fragile voit ses réserves physiologiques diminuées du fait du vieillissement, des maladies liées à l’âge ou de conditions environnementales plus ou moins favorables(7).

Une fragilité complexe

De nombreux facteurs viennent moduler et complexifier cette notion de fragilité, c’est-à-dire l’estime de soi, la résilience, l’éducation, les capacités adaptatives, le milieu de vie et les facteurs liés au système de santé. Nous devons donc nous attarder sur ces derniers, renvoyant ainsi à une personne dans ce contexte particulier.

Complexité tant dans les enjeux qui y sont liés que dans les transitions de stades de la vulnérabilité à la fragilité. La vulnérabilité étant une phase de latence, la fragilité une évidence clinique. La notion de fragilité est venue, dans la littérature gériatrique, compléter plus récemment l’évaluation gériatrique multidimensionnelle.

Définition

Fried et al.(8) proposent une définition simple de la fragilité chez les sujets âgés atteints de cancer par la présence d’au moins trois des paramètres suivants : perte de poids involontaire de plus de 10 % du poids du corps en un an, épuisement, lenteur de la marche, diminution de l’activité physique, idem de la force musculaire.

Ces premiers critères définissant la fragilité sont complétés par les suivants :

• âge supérieur à 85 ans,

• au moins un syndrome gériatrique : troubles de la marche ou chutes, incontinence, confusion mentale ou démence, dénutrition, comorbidités, diminution d’au moins une des activités de la vie quotidienne (IADL)(9).

Évaluation

L’évaluation du groupe de Balducci permettant une stratification possible (proposée par Hamerman(10), revue par Balducci(11)) est la suivante : quatre catégories se détachent.

• Primary : pas de dépendance fonctionnelle, comorbidités négligeables.

• Intermediate (vulnérables) : dépendance aux Index des activités de la vie quotidienne (IADL) et comorbidités stabilisées.

• Secondary (fragiles) : dépendance aux IADL ou 3, ou + comorbidités, ou une comorbidité non contrôlée, ou 1 ou + syndrome gériatrique.

• Near death.

Ce modèle américain n’est plus utilisé en France depuis deux ans, alors qu’il était considéré comme le gold standard de l’évaluation gériatrique, mais très consommateur de temps et de moyens. On considère ainsi que l’évaluation gériatrique est une technique médicale plus adaptée à identifier les personnes âgées à risque de décompensation lors d’un traitement oncologique classique.

Un questionnaire G8(12) promu par l’INCa(13) dans le cadre de l’essai Oncodage est validé pour détecter les sujets nécessitant une consultation d’oncogériatrie. Si un marqueur de fragilité est mis en évidence, on propose alors au patient un plan de soins individualisé (Programme personnalisé de soins).

Quatre questions doivent être posées : risque d’évolution et complications du cancer ? Le cancer et les comorbidités associées ? Tolérance du patient au traitement de son cancer ? Bénéfices/risques du traitement ?

BINÔME INFIRMIÈRE CLINICIENNE/GÉRIATRE

Cette expérience de partage et de complémentarité entre la gériatrie et l’oncologie permet déjà aujourd’hui d’affirmer un certain engouement en termes de résultats thérapeutiques escomptés, et l’importance de la notion d’évaluation gériatrique multidimensionnelle.

L’intérêt essentiel étant de parvenir à un but commun en confrontant des approches différentes d’un même problème, et de mieux adapter les traitements des patients âgés frappés d’un cancer par des décisions partagées.

L’interdisciplinarité exprime la dynamique entre les personnes qui échangent à partir de leurs savoirs respectifs. Il ne s’agit plus d’accoler une série de connaissances(14).

Cela suppose ici un dialogue et un enrichissement mutuel, dans une recherche d’aide à la décision commune la mieux adaptée au profil particulier du patient concerné. On parle ici de passer d’une relative efficacité à une recherche d’efficience(15).

La consultation infirmière

Dans ce contexte évolutif de coopération au service de la personne soignée, le rôle spécifique de l’infirmière et de sa consultation est de plus en plus nécessaire. Ce mouvement la positionne comme acteur de promotion de la santé. Ce rôle propre est corrélé à la démarche d’oncogériatrie.

À l’instant de l’application de l’accord de Bologne(16), au regard de la reconnaissance mutuelle des diplômes universitaires des 27 membres de la communauté européenne, c’est-à-dire le LMD(17), et ici enclenché pour les infirmières et les étudiants en médecine en France depuis seulement 2009, pour les autres paramédicaux à la suite, cela est d’autant plus signifiant.

En effet, compte tenu des problèmes de démographie médicale dont certaines spécialités sont sinistrées(18), avec les rapports précédents du Pr Yvon Berland, on peut mettre en place des consultations IDE(19) après formation ad hoc correspondant au niveau master 1. Ainsi, ce dispositif permet le transfert de certaines compétences médicales aux PNM(20), voire une autorisation de prescription médicale dès l’instant où l’ARS(21) et la HAS(22) valident la proposition de l’établissement de santé promoteur du projet, à l’instar de ce qu’on observe déjà en Angleterre(23), par exemple.

La première expérimentation française vient d’être validée en Paca(24), à Marseille, justement en oncologie, plus récemment encore une seconde en Haute-Normandie au CHU de Rouen(25).

Confiance et complémentarité

Travailler avec un gériatre ayant une formation en oncogériatrie(26), c’est affirmer la volonté, devant les défis et les difficultés, au-delà de nos compétences, de se connaître et se reconnaître en tant qu’acteur de santé au travers de nos professionnalismes différents mais complémentaires et ainsi croisés, tout en adoptant un langage commun.

La confiance a priori naturelle va se construire au travers des expériences, du partage de celles-ci et d’un consensus finalement abouti, passant par des étapes préalables de dissensus(27) issus d’approches conceptuelles qui peuvent être contrastées initialement.

Les enjeux d’un tel binôme sont de savoir partager les idées, les réflexions mais aussi les émotions. C’est aussi toujours réévaluer les décisions, reconnaître les limites de chacun, et oser argumenter les accords et désaccords.

OUTILS D’ÉVALUATION GÉRONTOLOGIQUE STANDARDISÉE

Les outils vont permettre l’adhésion des différents acteurs de santé. L’EGS (Comprehensive Geriatric Assesment)(28) améliorera la pratique soignante infirmière et participera à la qualité du diagnostic de situation. Il enrichit le jugement clinique de l’infirmière. Des outils simples, standardisés et internationalement validés(29) qui obligent à se centrer sur la personne, légitiment le temps de décrire avec précision, permettent de poser clairement des interventions ciblées et participent à rendre plus lisible à partir de quoi et comment les décisions sont prises.

L’aidant

Dans ce contexte gériatrique, avec jugement clinique et interventions de soins, il est aussi nécessaire de comprendre les trajectoires de vie et le rôle important que jouent la famille, et/ou les aidants familiaux(30).

À ce jour, il n’existe pas de définition officielle de l’aidant, désigné aussi par les termes de “proche”, “entourage”, ou encore “accompagnant”. Néanmoins, certaines convergences se dégagent pour en faire une personne qui s’occupe régulièrement et à titre non professionnel d’un proche malade ou dépendant.

On distingue de l’aidant naturel, l’aidant professionnel, c’est-à-dire le personnel soignant qui dispense des actes de soins dans le cadre d’une profession normée comportant des savoirs et des règles. Un rapport de l’OMS(31) reprend la définition de Brodaty & Green (32) concernant l’aidant : il s’agit d’un membre de la famille ou d’un ami qui aide régulièrement, en faisant des tâches nécessaires pour que la personne malade puisse conserver le plus d’autonomie possible.

Qu’on les nomme aidants principaux, aidants informels, aidants naturels ou parents soignants principaux, « ils partagent au quotidien le drame de cette maladie et en portent en priorité la lourde charge, le plus souvent avec dévouement et courage »(33).

Et si l’on parle de lourde charge, on parle aussi du “fardeau” de l’aidant, ce dernier étant à considérer avec la même acuité que le malade lui-même. Ces familles sont confrontées à des défis spécifiques liés à l’évolution même de la maladie de leur proche. Face à la lourdeur des soins de suppléance dans les AVQ, la mesure est effective avec les outils suivants : ADL (Activites Daily Living ou Index des activités de base de la vie quotidienne), et IADL (Instrumental Activities of Daily Living ou Index des activités de la vie quotidienne, activités courantes et entretien quotidien)(34).

Étant impuissantes à savoir quoi faire, aux difficultés à décoder le nouveau langage corporel du patient, incapables de comprendre et rejoindre le “monde intérieur” de l’autre, les familles doivent mettre en place des stratégies d’adaptation familiale, souvent inefficaces par modification de la répartition des rôles dans la famille, ou par usure physique et psychologique.

Il existe peu d’outils visant à mesurer l’importance de la charge ressentie par l’aidant. L’inventaire du fardeau de Zarit et al.(35) est l’un de ceux les plus utilisés dans le monde. C’est une échelle unidimensionnelle reflétant la souffrance de l’aidant, mais sans identifier précisément ses besoins. L’aidant familial évoque la proximité relevant de l’intimité, et, en sciences infirmières, cela relève du caring(36), c’est-à-dire du prendre soin.

Il semble ici important d’aborder la proximologie, aire de recherche qui se consacre à l’étude des relations entre le malade et ses proches. Cette discipline se distingue de la systémie familiale.

Depuis ces dernières années, on accorde beaucoup d’attention aux “aidants familiaux” et on souligne à nouveau que la mesure est celle d’un fardeau(37), et non du bien-être de l’aidant. Cela amène ici à valoriser le rôle propre de notre profession infirmière. L’IDE doit dès lors tenir compte dans ses propositions d’intervention de ce “qui fait sens” pour le patient et sa famille(38).

« Dans le cadre de son rôle propre, l’infirmier accomplit les actes ou dispense les soins infirmiers visant notamment à assurer le confort du patient et comprenant, en tant que de besoin, son éducation et celle de son entourage. »(39)

L’EGS et le diagnostic infirmier sont ainsi des outils efficaces entre la médecine clinique et la médecine paraclinique(40).

« Cette évaluation permet d’envisager aussi des mesures préventives visant à devancer la survenue d’éventuels incidents [ou accidents, ndr] assombrissant souvent le pronostic fonctionnel ou vital des personnes âgées vulnérables… »(41)

La préservation ou l’amélioration de la qualité de vie est l’un des principaux enjeux en oncogériatrie. Pour cela, il est nécessaire de suivre les recommandations dédiées, de développer un partenariat primordial afin que le suivi du patient renforce la qualité de son parcours de soin, de santé, ainsi que celui de sa famille.

GÉRIATRE/INFIRMIÈRE CLINICIENNE : EN PRATIQUE

Sur le centre hospitalier de Muret, en Haute-Garonne, le binôme médecin/infirmière clinicienne fonctionne maintenant depuis juin 2010.

Présentation

C’est une consultation de proximité pour les personnes de plus de 75 ans suspectées ou porteuses d’une pathologie néoplasique.

Le but initial est d’apporter une expertise gériatrique chez ces patients afin de mieux adapter la prise de décision thérapeutique et le traitement à leur état physiopathologique.

En effet, les personnes âgées appartiennent à une population hétérogène en termes de situation fonctionnelle, de pathologies évolutives et de capacités physiques et cognitives.

La consultation en oncogériatrie sera orientée en Réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP), la décision de cette consultation sera prise par le médecin oncologue et le médecin spécialiste prenant en charge le patient.

La consultation en oncogériatrie repose sur quelques grands principes, parmi lesquels la constitution d’une équipe multidisciplinaire, une évaluation minimale en huit points afin d’aboutir à un programme de recommandations, de favoriser l’élaboration d’un plan individuel de suivi, et une évaluation par le gériatre de la maladie cancéreuse. L’infirmière clinicienne joue dans cette évaluation initiale un rôle essentiel.

Lors de cette consultation un médecin gériatre et une infirmière clinicienne sont présents.

La consultation se déroule en trois temps. Le patient et la famille sont tout d’abord reçus par le médecin gériatre et l’infirmière clinicienne. Puis le patient est évalué seul par le médecin gériatre. Enfin, en parallèle, la famille est en entretien avec l’infirmière clinicienne.

Celle-ci est formée à la passation des grilles cliniques de l’EGS. Elle s’entretient également avec l’aidant et transmet son avis au médecin. Ce travail en binôme permet un dispositif de prise en soin global, ayant vocation à répondre à plusieurs problèmes présentés. Cela permettra d’apporter des explications aux différentes données médicales que la personne peut avoir du mal à appréhender. Par ailleurs, ce duo répond aux questions générales de la personne et de sa famille, présente l’organisation des soins ainsi que le rôle des différents intervenants. Cela pérennise un soutien au travers de la relation d’aide. Les conclusions sont remises au patient, puis à la famille.

Un compte-rendu est alors réalisé le jour même afin d’être transmis dès le lendemain au médecin oncologue, ainsi qu’au médecin traitant.

En 2012, 26 consultations d’oncogériatrie ont été effectuées, alors qu’en 2011, il y en a eu 20 et 14 en 2010.

Actuellement, il apparaît que le CHU de Toulouse a recensé une activité d’oncogériatrie depuis 2010(42) (cf. encadré à gauche).

Les chiffres sont donc signifiants, toutes proportions gardées, et suggèrent une demande réelle sur le bassin de population du Muretain.

Profil de la population reçue en consultation

Sex Ratio

12 femmes (55 % en 2011, 21 % en 2010) et 14 hommes (45 % en 2011, 79 % en 2010) ont été reçus lors des consultations.

Âge

La tranche d’âge la plus significative est celle des 80 à 85 ans (58 %), ensuite vient la tranche d’âge de 86 à 90 ans (21 %), 11 % des personnes reçues ont 90 ans ou plus, 5 % pour les tranches d’âge de 75 à 80 ans et 70 à 75 ans. L’âge moyen des femmes est de 82 ans, celui des hommes étant de 87 ans.

Lieu de vie

Nous avons pu constater que 60 % des patients reçus vivent sur le canton de Muret, 25 % sont des Muretains.

Provenance

26 patients (19 en 2011, 13 en 2010) sont à domicile.

Ici, il sera intéressant de faire des études comparatives avec le CHU de Toulouse afin de mesurer les besoins de proximité plus finement et renforcer la coopération dans le réseau de soins le cas échéant.

Les services d’hospitalisation

En centrant l’étude sur les services d’hospitalisation de la Clinique d’Occitanie de Muret, on peut constater que 39 % des patients sont adressés par le service d’urologie, 38 % par le service de gastro-entérologie, 15 % par le service de pneumologie et 8 % par le service de gynécologie.

Propositions thérapeutiques

Pour tous les patients consultés, 58 % ont bénéficié d’un traitement standard, 11 % d’un traitement palliatif, 15 % d’un traitement chirurgical, 7 % où la chirurgie n’a pas été préconisée, enfin 3,8 % des patients ont été orientés vers la consultation des 3 C(43).

CONCLUSION

L’expertise de plusieurs professions et disciplines scientifiques (médecine, soins infirmiers, psychologie, sociologie, anthropologie, économie de la santé…) permettra d’évaluer l’efficacité de nos pratiques cliniques jusqu’aux mécanismes de transformation de la santé des patients soignés.

La mutualisation des compétences prend alors tout son sens, dans un objectif commun, et notamment celui d’améliorer la qualité de vie de la personne âgée au plus grand âge et celle de son entourage familial.

Cette transversalité au sein du médical et du paramédical, du public et du privé, rejoint la notion de travail en équipe, en réel partenariat, et d’ouverture vers le réseau de soins.

La mission ministérielle confiée au Gérontopôle de Toulouse, seul et unique label en France, sur la personne âgée fragile permettra de renforcer ce partenariat déjà en place avec cet acteur de santé majeur de la région.

Un déploiement régional s’opère afin de développer et de poursuivre les efforts de chacun dans le domaine de l’oncogériatrie. En Midi-Pyrénées, une unité de coordination est mise en place afin que le bénéfice pour le patient âgé soit individualisé et optimisé.

On parle beaucoup d’interventions qui favorisent le maintien de l’autonomie, avec des traitements, un suivi diététique, des exercices physiques, des activités sociales, et l’on s’aperçoit que l’on évoque encore peu les interventions infirmières, alors qu’une Classification des interventions de soins existe (CISI) avec une taxonomie riche et complète (804 interventions en sciences infirmières), et que ces interventions purement infirmières répondent déjà aux questions d’économie de la santé.

On observe encore trop de différences d’un pays européen à l’autre dans l’accompagnement des personnes âgées et des aidants, il est temps aujourd’hui d’alimenter la réflexion sur la place de la consultation infirmière dans une politique active et commune à tous les pays d’Europe.

Il est réellement d’actualité d’alimenter la recherche clinique infirmière afin d’avoir un nouveau regard en France, au lieu d’une « vision qui assimile le vieillissement à une déchéance physique et cognitive »(44).

Enfin, il est important de pouvoir évaluer le bien-être ou le mieux-être de l’aidant et non plus son “lourd fardeau”. C’est un véritable changement de paradigme qui incite à poursuivre activement la recherche infirmière en ce sens.

Pour mettre en exergue la plus-value apportée à la personne âgée atteinte d’un cancer par la contribution infirmière auprès du médecin oncogériatre, on pourra projeter une étude avec une cohorte de patients suivie par le médecin seul, et une autre bénéficiant du binôme, en lien avec la plateforme de l’évaluation de la fragilité du sujet âgé créée au CHU de Toulouse en 2011.

BIBLIOGRAPHIE

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NOTES

(1) Quality Ajust Life Years, USA, nombre d’années de vie sauvées ou qualité des années de vie sauvées ?

(2) La santé n’a pas de prix, mais elle a un coût, B. Majnoni d’Intignano, Economica, 1987.

(3) Néanmoins écologie défavorable, impact négatif sur la santé, inversion de la courbe. Par ailleurs, la France détient le dommageable record d’Europe des décès précoces : « État de santé des Français : une mortalité prématurée toujours plus élevée que dans les autres pays européens » (décès avant 65 ans, 20 % du total des décès, 70 % concernent les hommes), Drees, APM, 28 juil . 2010.

(4) « Excellente qualité de dépistage couplée à une relative faiblesse en matière de prévention », La santé en France et en Europe : convergences et contrastes, Haut Conseil de la santé publique (HCSP), rapport 2012.

(5) Le débat actuel en France est l’émergence du 5e risque que représente la dépendance, avec son financement dédié à trouver, estimé à 30 milliards d’euros par la ministre, « Dépendance : les particuliers se tournent vers l’assurance privée », Le Figaro, p. 29, 25 juin 2012.

(6) 2012, Année européenne du vieillissement actif et de la solidarité intergénérationnelle, Eurostat, statistical books, Commission européenne.

(7) Dr P. Cornette, médecine gériatrique, service de médecine interne générale, cliniques universitaires Saint-Luc, université catholique de Louvain, avenue Hippocrate 10, B-1200 Bruxelles.

(8) Réf. www.geriatrie-albi.fr/ textefragilite13-04-08.pdf.

(9) L’IADL (Instrumental Activities of Daily Living) est l’outil de mesure utilisé pour l’évaluation des capacités instrumentales de la vie quotidienne.

(10) Ann Intern Med, 1999.

(11) Oncology, 2000.

(12) Huit items permettant de calculer un score compris entre 0 et 17. Une évaluation gériatrique est recommandée lorsque le score est inférieur ou égal à 14. Validation of the G8 screening tool in geriatric oncology : The ONCODAGE project – P. Soubeyran, Asco Annual Meeting 2011.

(13) Institut national du cancer.

(14) “Stratégie du millefeuille” de la pluridisciplinarité.

(15) C’est-à-dire le meilleur soin au moindre coût, plus exactement le meilleur soin à un coût estimé supportable par la collectivité.

(16) La date butoir était 2010.

(17) Licence, master, doctorat.

(18) Anesthésiologie, pédiatrie, psychiatrie, obstétrique depuis l’arrêt Perruche pour cette dernière.

(19) Infirmier diplômé d’État.

(20) Personnel non médical.

(21) Agence régionale de santé.

(22) Haute Autorité de santé.

(23) Consultation IDE néphrologie adultes pour patients hémodialysés chroniques.

(24) Provence-Alpes-Côte d’Azur.

(25) “Des bilans urodynamiques désormais réalisés par des infirmières”, CHU Réseau, L’actu des CHU, 7 déc. 2011.

(26) Ou DIU oncogériatrie.

(27) Consensus/Dissensus, principe du conflit nécessaire, C. Pacific, L’Harmattan, oct. 2011.

(28) Rubenstein L. Z., 1984.

(29) Complexité des soins à la personne âgée, Défi d’une pratique sous contrainte, Pedra Maryse, cadre de santé, Unité cognitivo-comportementale, hôpital Casselardit, CHU de Toulouse, nov. 2007, 17e Journée d’études européennes Afedi, Lyon.

(30) “Les aidants familiaux à l’honneur lors de la Journée mondiale Alzheimer”, Paris, APM du 18/09/2009.

(31) Organisation mondiale de la santé. Rapport de l’OMS “Current and future long-term care needs”.

(32) www.proximologie.com.

(33) Saillon Alfred, Saillon Anne, L’aide aux soignants dans la maladie d’Alzheimer. La revue du praticien. Médecine Générale. 1995/4 ; tome 9 ; n °293 : 11-14.

(34) http://www.health.belgium.be/ internet2Prd/groups/public/@dg1/@acutecare/documents/ ie2divers/19073285.pdf

(35) Zarit SH, Reever KE, Pach-Peterson J. Relatives of the impaired elderly : correlates of feelings of burden. Gerontologist 1980 ; 20 : 649-55.

(36) Différence entre le care et le cure, Le Caring, J. Watson, traduit de l’américain par J. Bonnet, docteur en Psychologie de l’éducation et counseling.

(37) Hébert R., Bravo G., Girouard D. Fidélité de la traduction française de trois instruments d’évaluation des aidants naturels de malades déments. Can J. Aging 1993 ; 12 : 324-7/Psychologie & Neuropsychiatrie du vieillissement. Vol.7 ; 15-20. Déc. 2009. Synthèse.

(38) Brenner et Wrubel, 1989.

(39) Plan Alzheimer 2008-2012, mesures 2 et 3 sur la formation des aidants et l’amélioration du suivi sanitaire des aidants naturels. Décret n° 2004-802 du 29 juillet 2004 relatif aux parties IV et V.

(40) M. Pédra, cf. supra.

(41) Pr F. Nourhashemi.

(42) F. Loste, Oncomip, Réseau de cancérologie de Midi-Pyrénées.

(43) Médecin, psychologue, IDE.

(44) Questions d’économie de la santé, Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes), n° 176, mai 2012, p. 7, “Comment pérenniser une ressource en voie de raréfaction ?”

Activité d’oncogériatrie

• Depuis 2010 au CHU de Toulouse, on recense 13 907 nouveaux cas pour 2010, 14 959 pour 2011 et 12 268 pour 2012.

• Le nombre de patients de plus de 75 ans est de 3 934, 4 119 et 3 548 au regard des mêmes années.

• En RCP(1) régionale d’oncogériatrie, on relève les données suivantes, toujours sur les mêmes exercices précités, avec un nombre de fiches RCP de 38, 69 et 105 ; un nombre de patients distincts de 38, 69 et 105.

• Pour l’utilisation du questionnaire G8(2), le nombre de questionnaires renseignés est de 0, 45 et 572 ; le nombre de patients distincts est de 0, 44 et 554 ; le nombre d’évaluations gériatriques est de 0, 0 et 124 ; modifications de la décision thérapeutique : 0, 0 et 54. Ces chiffres sont donc signifiants, toutes proportions gardées, et suggèrent une demande réelle sur le bassin de population Muretain.

1 – Réunion de concertation pluridisciplinaire.

2 – Le questionnaire G8 dans le DCC a été mis en place en décembre 2011.

Remerciements

Nous remercions sincèrement le Dr Carole Goineau, PH Gériatre, CH de Muret, pour son concours, Pr Fati Nourhashemi, pôle gériatrie, Gérontopôle, Pr Vellas, CHU de Toulouse.