Au centre Léon-Bérard de Lyon, une psychologue intervient dans des formations sur le soin et la douleur. Forte de son expérience, elle plaide pour la légitimité d’impliquer le psychologue interne à l’institution dans cette démarche. Expérience.
Le Centre anti-cancéreux Léon-Bérard à Lyon accueille des malades de toute la région Rhône-Alpes. Il dispense les soins nécessaires soit à leur guérison, soit au maintien d’une qualité de vie essentielle pour les patients qui présentent une maladie évolutive incurable. Le personnel hospitalier est extrêmement varié, allant de ceux qui prescrivent les soins (corps médical), ceux qui exécutent (équipe paramédicale), à ceux qui apportent un support non spécifique mais néanmoins essentiel (transversalité et les soins de support), enfin à ceux qui permettent que tous les soins, examens, propreté, accueil puissent se dérouler au mieux quotidiennement. Le Centre développe une culture qui tend à impliquer tous les personnels soignants de l’hôpital.
Le Comité de lutte contre la douleur et les symptômes obéit à la circulaire ministérielle
L’institution intègre une politique de formation pour les salariés et dispose bien sûr de budgets alloués.
La prévention des risques professionnels est au premier plan (manutention, incendie, hygiène…), mais les impacts psychologiques de ces soins spécifiques sur ces salariés sont peu envisagés. Le personnel cotoie la mort quotidiennement, ce qui génère souffrance, impuissance, échec, frustration, insatisfaction. Certains ont une vision de leur rôle peu enrichissant, souvent restreint à la satisfaction d’une succession de tâches à accomplir à la chaîne. À cela s’ajoute des facteurs aggravants comme le travail de nuit, les horaires décalés ou le week-end et jours fériés. Les relations avec le patient peuvent être faciles et attachantes ou difficiles, exigeantes. Sans compter le besoin de concilier les exigences déontologiques (apporter la meilleur prise en charge possible) et les exigences administratives (toujours plus vite avec moins de moyens). L’excès de stress peut engendrer des formes de négligence, voire de maltraitance où leurs réactions peuvent être à fortes connotation agressive (impatience, énervement). Aussi, le risque d’épuisement professionnel chez ce personnel est sans doute le risque pour lequel la prévention est indispensable, à la fois la plus importante et la plus difficile à mettre en œuvre.
Ce projet de mise en place de formation pour le personnel non soignant devient alors précieux et important. D’autant qu’il n’existe pas ou peu de publications sur les formations concernant la douleur et sur l’organisation de l’hôpital destiné au personnel non soignant, qu’il n’y a pas de formation en interne pour ce personnel impliquant la pluridisciplinarité de l’établissement, et que porter de l’intérêt sur leurs répercussions psychologiques à travailler auprès de malades atteints de cancer est toujours bénéfique pour renforcer la solidité d’une équipe.
L’auteur, de par sa fonction de psychologue, a trouvé légitimement et assez aisément sa place dans ce processus de formation. Son appartenance au département des soins de support est un plus, car ce système prestatif est un droit de l’usager, une exigence fondamentale au service de tous. Être reliée au service de psychologie la distingue de la direction et lui confère une entière autonomie, garantit son indépendance à l’égard de toutes les influences autres que celles de ses pairs et assure son impartialité. Sa fonction donne ainsi accès à l’animation pédagogique par l’apport de techniques psychologiques. Le psychologue participe donc aux grandes orientations du service hospitalier. C’est donc un agent de changement pertinent de par son positionnement puisqu’il s’efforce de regrouper les conditions évoquées (non hiérarchie, altérité positive, suivi). P. Jardillier
L’idée que nous pouvons reprendre pour la mise en place de ces formations est de créer du vécu en groupe et d’échanger autour de celui-ci. Que chacun donne un sens individuel (symbolique) à un vécu commun (émotion) et que le groupe donne un sens collectif (idéologie) à un vécu individuel (affect). Le principe est de déstabiliser les représentations de chacun afin d’en construire de nouvelles. Le rôle du psychologue est double : accompagner les possibles questionnements individuels et renforcer les feedbacks positifs qui résultent de la nouvelle activité. Si le salarié prend conscience d’une altérité trop brusque, il va culpabiliser face à la mauvaise pratique mise en évidence. Le formateur doit parler le même discours que l’équipe en reconnaissant leur bonne foi, en donnant des cas concrets de ce qui ne convient pas, et se baser sur le discours d’autres salariés afin que l’intervention du formateur ne soit pas vécue comme intrusive ou agressive. Le formateur doit impulser le passage du vécu émotionnel aux représentations qui y sont associées. Communiquer est un moyen de faire évoluer une situation à risque traumatique.
Certaines situations difficiles (corps mutilés, décès, malades qui se succèdent, appels téléphoniques des proches paniqués) peuvent susciter chez les sujets un besoin plus ou moins intense de communiquer et parfois le refus d’entrer en communication laissant ce que Bion nomme des « éléments bêta », c’est-à-dire des expériences sensorielles hyperconcrètes, dotées d’une grande affectivité mais peu susceptibles d’être associées à d’autres expériences en vue de processus de synthèse, d’élaboration et d’interprétation. Selon Bion
L’intérêt de ces formations est aussi de réduire la parcellarisation, le cloisonnement et l’isolation (Anzieu
L’expérience de l’auteur a permis d’identifier assez rapidement les intervenants à solliciter pour ces deux formations. Des réunions ont été nécessaires afin de présenter les objectifs, de préciser que le public visé n’était pas des soignants afin d’adapter les interventions, leur contenu, de permettre des temps d’échanges, de réflexions, de mise en mots d’expériences individuelles et groupales.
En ce qui concerne la formation sur la douleur, nous avons souhaité la nommer “sensibilisation à la prise en charge de la douleur” afin de mettre en avant l’acquisition de connaissances de base et de ne pas avoir pour objectif de créer des experts car les participants pourraient sentir une trop forte pression par la projection d’attentes fantasmées de la part des formateurs et de la direction.
Les compétences de l’équipe douleur du Centre étaient évidentes, tant en termes d’apports en informations qu’en termes pédagogique (médecin et infirmière des adultes et le médecin de l’équipe douleur en pédiatrie). Des informations sur les traitements médicamenteux les plus utilisés étaient transmises et un atelier pratique sur la pompe à morphine était proposé afin de dédramatiser l’outil et le médicament. Les psychologues et psychiatres avaient pour mission de permettre aux participants d’évoquer leurs représentations, leurs émotions, leurs frustrations, tout en leur proposant certaines techniques issues de la relation d’aide (empathie, reformulation), en évoquant également les enjeux psychiques personnels et relationnels des attitudes des malades et des proches face à la douleur. Enfin, des techniques moins conventionnelles étaient présentées comme pouvant soulager, transitoirement ou à plus long terme, les douleurs : ce sont l’ostéopathie, l’hypnose et la sophrologie.
En moyenne, le nombre de participants était de 8,2 par session. Ce petit groupe est comparable aux groupes restreints décrits par Anzieu
Cette formation a débuté en 2005 jusqu’à maintenant, avec une interruption de trois années non consécutives (une en lien avec un congé maternité de l’intervenante et deux pour manque d’inscrits).
En ce qui concerne la formation sur les soins et leur organisation à l’hôpital, nous l’avons nommée “la trajectoire du patient à l’hôpital”. Les intervenants étaient de diverses fonctions : un médecin spécialiste du cancer et spécifiquement impliqué dans les essais cliniques qui donne des généralités sur la maladie, les traitements les plus utilisés et l’intérêt de la recherche ; le médecin chef des soins de support dont l’intérêt du contenu est d’améliorer chez les participants la connaissance des soins non spécifiques au cancer comme la psychologie, l’équipe mobile de la douleur et celles des soins palliatifs, la nutrition, les bénévoles, les assistantes sociales, les kinésithérapeutes, leur organisation autour d’un secrétariat et d’une réunion de concertation pluridisciplinaire hebdomadaire ; la cadre de la coordination des soins à domicile permet d’expliquer le lien ville-hôpital au travers de l’hospitalisation à domicile, des soins à domicile et du réseau territorial de soins, et décrit les différents types d’hospitalisations (de jour, de semaine, chirurgie, médecine, curiethérapie, lits d’interventionnel…) ; la spécialiste juridique de la santé donne des informations sur le droit des patients (et leurs devoirs !), le consentement ; une des infirmières du dispositif d’annonce explique son rôle préventif et de soutien dans le cancer du sein grâce au suivi proposé au malade après l’annonce du diagnostic. S’ensuit un débat afin de permettre aux participants d’exprimer là où ils en sont, de laisser émerger leurs réflexions, questionnements.
Le nombre de participants était en moyenne de 11,2 par session. Ces groupes étaient un peu plus larges que pour la formation précédente, mais les phénomènes de groupe recherchés dans ceux que l’on nomme restreints sont observables également jusqu’à quinze personnes environ. La diversité du personnel était la même que pour la formation sur la douleur, mais des personnes du bureau d’études cliniques, de la direction des ressources humaines, la personne qui collecte des fonds et une assistante sociale ont été intégrées. Cette formation a débuté en 2008 jusqu’à maintenant et a eu une année d’interruption pour manque d’inscrits. La personne qui s’occupe plus particulièrement du pôle formation m’a demandée de nous entretenir prochainement afin de mieux redéfinir les objectifs de la formation qui est disponible dans la plaquette des formations en interne.
Spontanément, les intervenants sollicités ont tous répondu favorable à leur implication dans ces deux formations. Il relevait d’un vrai challenge pour eux de s’adapter à cette demande, car s’ils n’étaient pas novices dans ce domaine de la formation, c’était la première fois qu’ils allaient intervenir auprès du personnel non soignant, censé être naïf de connaissances spécifiques sur le cancer, mais potentiellement doté d’expériences, d’éprouvés, de représentations nombreuses, tant sur la maladie que sur les traitements, sur la douleur, sur l’institution, sur les techniques habituelles de soins et celles moins connues.
Dans la formation sur la sensibilisation à la prise en charge de la douleur, nous avons noté que les participants avaient les attentes suivantes : savoir répondre aux attentes des familles pour mieux les orienter, les rassurer, gérer l’agressivité des patients ou des proches, comprendre les mécanismes de la douleur, être mieux outillé dans la relation d’aide, identifier les professionnels de ce domaine et comprendre leur fonctionnement, connaître les méthodes non médicamenteuses.
Les critiques positives sont présentées par ordre d’importance décroissante, les quatre premières étant citées à de nombreuses reprises : meilleure compréhension du rôle du psychologue et des techniques non médicales, sentiment de pouvoir s’approprier des outils d’aide à la relation et à l’écoute, fonctionnement de la pompe à morphine, les échanges et l’impression que la pensée évolue, petits groupes, les débats, la clarté des formateurs, la douleur de l’enfant.
Les critiques négatives que nous souhaitions voir écrites afin d’améliorer la formation sont classées par ordre d’importance :
• les trois premières sont citées à plusieurs reprises par les sujets : formation trop courte, donner plus de documents, proposer plus de cas concrets ;
• les suivantes sont moins citées régulièrement : bénéficier d’une séance de sophrologie et d’hypnose, pas de film à visualiser, trop médical, réactivation de douleurs personnelles et familiales, agacement vis-à-vis de certaines personnes qui accaparent l’attention.
Les évaluations de fin de session sur leur satisfaction ont permis d’obtenir des chiffres que nous allons classer par ordre décroissant sur une échelle en quatre points, dont 4 signifie la satisfaction maximale : animation (3,7), attentes (3,7), ambiance (3,6), contenu (3,4), durée (3,3) et documents (3,1).
Dans la formation sur la trajectoire du patient, les attentes des participants étaient les suivantes : mieux comprendre l’articulation des services, mieux comprendre la coordination des soins à domicile, mieux comprendre le département des soins de support et son articulation dans l’hôpital, mieux connaître le cancer et les essais thérapeutiques.
Les critiques positives sont classées selon le même ordre. Les sept premières étant particulièrement citées : supports variés et intéressants (papier, diapositives, échanges), dynamisme des intervenants, le juridique, le Disspo, la coordination des soins à domicile, meilleur représentation des services et des intervenants, les généralités sur le cancer, les échanges, petit groupe, entendre les participants parler de leur travail mais aussi de la perception qu’ont les participants des autres services sur son propre rôle, les cas concrets, l’organisation des soins. Les participants ont exprimé des souhaits, des propositions qu’ils ont écrites ou verbalisées lors de l’évaluation ou lors du débat : souhait d’intégrer un groupe de parole au sein de l’institution, visiter l’établissement et avoir un plan des services, proposer la formation lorsque le salarié arrive dans l’institution, faire une mise à jour des connaissances dans le cadre d’un suivi de formation, bénéficier de la formation sur l’agressivité, bénéficier d’un temps de formation sur le deuil et la gestion des familles.
Les critiques négatives sont classées toujours par ordre décroissant d’importance, les deux premières sont citées à plusieurs reprises : formation survenant trop tard par rapport aux besoins ressentis plusieurs années auparavant, formation trop courte, compréhension difficile des mécanismes du cancer, densité, manque de support écrit sur l’organigramme des spécialistes, redondance sur le juridique, manque de documents, pas assez d’exemples, difficultés à situer les intervenants par rapport au parcours du patient, rééquilibrer les temps d’intervention de chacun, trop de support papier, difficultés à se représenter un parcours type.
Les évaluations de fin de session sur leur satisfaction sont rapportées par ordre décroissant avec la même échelle sur quatre points : animation (3.7), ambiance (3.6), contenu (3.6), attentes (3.5), documents (3.4) et durée (3.3).
La mise en place de ces formations a été une tâche finalement assez facile bien qu’innovante. L’auteur a été épaulée au niveau personnel et logistique par Madame J. Leblanc du pôle formation de la direction des ressources humaines.
Sur le plan de la satisfaction du personnel non soignant, il semblerait que les participants apprécient de façon unanime l’animation et l’ambiance. Lewin
La satisfaction concernant la remise de documents est évaluée comme très bonne sur l’échelle en quatre points, bien qu’elle fasse l’objet de critiques réitérées dans chacune des formations. Par expérience, nous savons que trop de documents nuisent à l’écoute de l’intervenant. Par ailleurs, ces nombreuses photocopies restent la plupart du temps dans des fonds de tiroirs et ne sont plus regardées. Le nombre de documents transmis était inégal, puisque peu de documents étaient donnés lors de la formation sur la douleur alors qu’il y en avait significativement plus dans la formation sur la trajectoire.
Aussi se peut-il que le document puisse constituer un objet contra-phobique. Effectivement, certains thèmes tels que le cancer, les essais thérapeutiques assimilés souvent à des expériences effectuées sur des cobayes comme nous avons pu l’entendre dans les représentations de certains, les plaintes douloureuses, etc., engendrent des sentiments d’impuissance, des angoisses de castration et d’abandon, et réactive parfois des expériences douloureuses comme un des participants l’a précisé dans les critiques négatives.
Les intervenants ont su globalement apporter un contenu compréhensible pour le personnel en choisissant des mots simples mais adaptés, en privilégiant les interactions, en illustrant au besoin de schémas, de phrases, d’exemples, et en variant les supports informationnels. Comme le disait P. Jardillier
Les participants ont pu mieux identifier les intervenants, leurs rôles, leur appartenance. Certains d’entre eux ne leur étaient pas inconnus, mais la formation leur a permis d’associer à l’intervenant un visage, un nom à une fonction, un savoir-être et un savoir-faire. Le rôle du psychologue a été mieux appréhendé, démystifié.
Le maintien du bon déroulement de chacune des formations en favorisant l’identité de groupe au démarrage par le tour de table, en se préoccupant de l’humeur des participants entre chaque changement d’intervenant, du stade d’évolution de leur pensée au fur et à mesure de la journée et du débriefing de fin de formation ont sans doute contribué à ce climat agréable précisé par les participants. Selon Raymond
Quelques personnes ont évoqué leur regret de n’avoir pas bénéficié plus tôt de la formation sur la trajectoire du malade : l’une a précisé « qu’elle aurait eu besoin de cette formation lorsqu’elle est arrivée, vingt ans plus tôt ». Rousson
Ainsi, le rapport à l’institution se révèle fondamentalement ambivalent et confronte le sujet à deux logiques contradictoires : le désir de satisfaire ses fins propres et le renoncement nécessaire au fonctionnement de l’ensemble. Le rapport à l’institution sous-tend l’assujettissement de chacun et mobilise des affects négatifs tels que la haine et surtout l’envie. Enriquez
Les attentes sont globalement satisfaites d’après les évaluations, et les critiques formulées nous amènent à préciser, sous l’angle de Jardillier
Bien que les satisfactions soient grandes et exprimées après chaque formation, nous notons que le nombre parfois insuffisant d’inscrits nous obligeait à annuler une formation. On peut sans doute interpréter cela comme le résultat de l’ambivalence du personnel comme nous l’avons décrit plus haut. Mais comme l’a écrit Rousson
Une évaluation des besoins en formation dans les deux domaines traités aurait pu être menée de façon plus anticipée en intégrant systématiquement les chefs d’équipe à nos réflexions. Il est bien connu et Elton Mayo
Peut-être pourrions nous envisager une planification de l’évaluation et du suivi de la formation. Mais il semble que le souci des institutions soit plus centré sur une évaluation systématique où l’on étudie l’efficacité de la formation sur le coup. Debétaz et Rousson
Bien que nous avons pu constituer des groupes restreints, aptes à favoriser les échanges, les changements d’habitude (K. Lewin
Il nous est donc impossible d’évaluer correctement les répercussions à plus ou moins long terme de ces formations sur les changements des représentations et des pratiques, ce n’était pas dans nos objectifs. Mais nous pouvons néanmoins formuler que nous avons pu atteindre certains objectifs.
• Réunir des spécialistes internes à l’établissement, de différents domaines du soin, spécifique et non spécifique, qui ont su donner des informations claires, adaptées à du personnel non soignant.
• Donner l’occasion à ce personnel qui ne se connaissait pas toujours de parler de leurs pratiques, de leurs difficultés, de leurs satisfactions. Le moral, puis les performances d’un groupe, d’une équipe, dépendent de la prédominance des relations de sympathie entre les membres et à l’égard du formateur. C’était donner l’occasion de créer un espace de penser.
• Les salariés se sont sentis reconnus par l’institution dans leurs rôles, ce qui est assez valorisant, et l’acquisition d’outils d’aide à la relation et à la gestion des émotions engendrent un sentiment de sécurité plus fort. Pouvoir évoquer des situations professionnelles difficiles, en étant écouté sans être jugé par ses pairs, est une énorme source de bien-être.
• Sur un plan plus subjectif, ces formations ont modifié le regard porté par les formateurs sur le personnel et ses fonctions, sa réalité du terrain ; mais il semble évident que les participants eux-mêmes regardent les formateurs d’une autre façon. Certaines relations inexistantes auparavant se sont modifiées et sont devenues moins impersonnelles entre les formateurs et les salariés. Au-delà du simple « bonjour » lorsque l’on se croise, peut déboucher une discussion informelle sur une situation, sur leurs besoins, ils n’hésitent pas à identifier des difficultés chez un patient et à le rapporter à l’équipe, ou font part de situations où ils se sont sentis dépassés, mais aussi confiants dans leurs possibilités de rassurer ou simplement d’orienter le malade ou un proche vers une personne ressource.
(1) DHOS/P2 n° 2005-257 du 30 mai 2005.
(2) Jardillier P. Le psychologue et la gestion du personnel. In : Le psychologue et l’entreprise. Textes réunis par C. Levy-Leboyer. Paris Masson, 1980, pp 40-63, 1972.
(3) Saiu R. La formation continue des soignants en Ehpad. [en ligne sur detour.unice.fr] 2009.
(4) Kaës R. Souffrance et psychopathologie des liens institutionnels. Dunod. Inconscient et culture. 2005.
(5) Anzieu D, Martin J-y. La dynamique des groupes restreints. PUF. Paris 1968.
(6) Raymond S-G. Psychologue des hôpitaux. Psychologues de santé libéraux. Actualités psychiatriques n° 8. Décembre 1980, pp 305-18.
(7) Rousson M. Organisation et suivi de la formation dans l’organisation. In ; Le psychologue et l’entreprise. Textes réunis par C. Levy Leboyer. Paris Masson. 1980, pp 64-77.
La mise en place de ces deux formations distinctes, l’une sur la douleur, l’autre sur l’hôpital et le parcours du malade, a donc pour enjeu premier d’informer les salariés, de changer leurs représentations si certaines sont erronées, de leur apporter les connaissances de base sur la pathologie cancéreuse, les mécanismes de la douleur, l’organisation des soins.
Le second enjeu est de renforcer la reconnaissance par l’institution de ce personnel non soignant, de lui apporter un sentiment de sécurité plus fort. D’observer les enjeux de la place du psychologue interne à l’institution qui s’implique dans la création de ces formations et pour certains plus comme intervenant.
Les deux formations se déroulent chacune sur une journée. Les participants sont installés en cercle. J’ouvre chacune des journées par ma présentation, les objectifs de la formation et je poursuis par un tour de table où chacun des participants se présente individuellement en précisant sa fonction, ses motivations et ses attentes.
Le contenu associe des aspects théoriques, pratiques, cas concrets, temps d’échanges intéractifs entre les participants et le formateur, et enfin un débat pour permettre aux participants d’exprimer comment ils ont vécu la journée en termes d’apport de connaissances, d’éprouvés physiques et émotionnels, de possibilité de changements dans leur pratique et savoir-être.
Une évaluation systématique et plus administrative est proposée à la fin de la session. Celle-ci évalue leurs attentes, leurs motivations, leurs satisfactions sur les documents transmis, la durée de la formation, le contenu, l’ambiance et l’animation. Ils peuvent également soumettre des souhaits.