Ce n’est pour l’instant qu’un projet de décret, mais l’idée pourrait faire son chemin : confier aux infirmières la réalisation des entretiens préalables au don du sang. Si l’idée a déjà fait l’objet d’une petite expérimentation, elle pourrait bientôt revenir avec un nouvel épisode, étendu cette fois-ci à l’ensemble des établissements.
C’est un décret qui n’est encore, pour le moment, qu’à l’état de projet, même s’il a déjà obtenu l’approbation du Haut Conseil des professions paramédicales. Il pourrait alors voir confier aux infirmières diplômées d’État, sous réserve de trois ans d’expérience en collecte, la réalisation de l’entretien préalable au don du sang (cf. encadré page ci-contre).
Ce projet de décret viendrait modifier la partie réglementaire relative au sang humain du Code de santé publique (ou décret sang). Plus précisément, « ce texte a pour objet l’adaptation de la réglementation à la loi HPST du 21 juillet 2009 et à celle de la biologie médicale du 30 mai 2013 ; il vise aussi à réviser le dispositif d’hémovigilance », explique la sous-direction de la politique des produits de santé et de la qualité des pratiques et des soins de la Direction générale de la santé (DGS).
Dans ce décret, de nouvelles missions pourraient donc incomber aux infirmières avec la réalisation des entretiens pré-don jusqu’alors réalisés juste par les médecins. Une action qui poursuit « l’objectif de valoriser les personnels infirmiers de l’Établissement français du sang (EFS) par l’exercice de nouvelles responsabilités tout en s’inscrivant dans un mouvement généralisé de développement de la coopération entre professionnels prescripteurs et professionnels prescrits », justifie la DGS. En ligne de mire, une meilleure qualité des soins et un décloisonnement des pratiques. Mais aussi un moyen de pallier certains problèmes de démographie médicale…
Du côté de l’hémovigilance, ce projet de décret instaure une réorganisation des instances de surveillance. Ainsi, les instances collégiales spécifiques d’hémovigilance des établissements de santé et les compétences de ces instances sont transférées aux instances collégiales uniques créées par la loi HPST, à savoir les Commissions médicales d’établissement (CME) pour les établissements de santé publics et les conférences médicales d’établissement pour les établissements privés. Si ce décret voit le jour, les CME verraient donc leur rôle intensifié et contribueraient « par leurs études et leurs propositions à l’amélioration de la sécurité des patients transfusés ». Elles seraient également informées de toutes les informations post-don, des incidents graves et autres effets indésirables pour concevoir des actions correctives. Chacune de ces CME devrait établir un programme de formation en sécurité transfusionnelle et élaborer un bilan annuel de l’hémovigilance. Elles auraient également la possibilité de saisir le coordonnateur régional d’hémovigilance et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pour toute question sur l’hémovigilance. Enfin, pour les établissements ne pratiquant pas de transfusion, des conventions pourraient être passées avec des établissements proches qui en pratiquent pour désigner un correspondant d’hémovigilance commun.
Les nouvelles attributions revenant aux infirmières concernant l’entretien pré-don verraient le jour sous la forme d’une expérimentation de deux ans, avec remise d’un rapport d’évaluation au ministère de la Santé et à l’ANSM dans un délai de dix-huit mois après la mise en œuvre de l’opération : l’occasion de proroger ou d’interrompre le dispositif ainsi entamé, selon les résultats primairement obtenus. Rappelons qu’en 2011, l’Inspection générale des affaires sociales avait publié des recommandations
Plus de 10 000 dons sont nécessaires chaque jour pour couvrir la demande : soit quasiment vingt dons par minute, d’où l’importance du prélèvement. Grâce à ces dons, près d’un million de patients sont soignés. Une étude récente, publiée par l’EFS, fait un état des lieux de la population des receveurs de produits sanguins. Si les produits sanguins (dits “labiles”) issus du don de sang permettent de soigner des malades atteints de pathologies lourdes, ce sont les pathologies hématologiques et cancérologiques qui demeurent les plus fréquentes avec 46,5 % des patients transfusés ; certaines maladies du sang nécessitent également des soins et des traitements à long terme. Des chiffres communiqués en début d’année par l’EFS font état de 1,7 million de donneurs en France en 2012 pour un total de 3 millions de dons. Les établissements de transfusion sanguine restent plus que jamais mobilisés, rappelant notamment que la durée de vie des produits sanguins est courte : 42 jours pour les globules rouges, 5 jours pour les plaquettes.
Chaque donneur potentiel est vu par un médecin pour s’assurer qu’il peut donner son sang sans conséquence pour lui-même ou pour les malades qui recevront les produits issus de son don. Le médecin dresse un bilan de l’état de santé du donneur et de ses antécédents médicaux, certains de ces derniers pouvant être source de contre-indications au don. Pour garantir une qualité optimale aux produits sanguins, des mesures de sécurité sanitaire sont respectées afin de réduire au maximum les risques de transmission d’agents infectieux aux malades qui ont besoin de ces produits sanguins. Chaque patient doit remplir un questionnaire renseignant notamment son état de santé au moment du don et tout autre renseignement relatif à sa santé. Le médecin évalue la fenêtre sérologique, période entre le moment où un donneur a pu être en contact avec un virus ou une bactérie et celui où la maladie est décelable par les tests. De cette fenêtre peut dépendre le don.
Source : d’après l’Établissement français du sang.