Promotion de la santé
Carmen Maie-Luce* Patricia Martinez** Annaïck Royis*** Corinne Thepot****
L’AVC est une pathologie fréquente, grave, à l’origine de nombreuses situations de handicap. Une prise en charge précoce peut éviter les complications et en limiter les séquelles. Mais comment améliorer la prise en charge d’un patient atteint d’un AVC ? La méconnaissance de la maladie par la population engendre-t-elle un retard de prise en charge ?
L’article explore les connaissances de la population, qu’elle soit hospitalière ou pas, et propose des pistes de travail.
L’accident vasculaire cérébral (AVC) touche chaque année environ 130 000 nouveaux patients en France. Il survient à un âge moyen de 73 ans, mais 20 % des personnes touchées ont moins de 60 ans et 5 % ont moins de 40 ans. En parallèle avec le vieillissement de la population, le nombre de personnes victimes devrait augmenter dans les années à venir. L’AVC constitue la première cause de handicap acquis de l’adulte, la deuxième cause de démence après la maladie d’Alzheimer et la troisième cause de mortalité après les accidents coronariens et les cancers. L’objectif principal du plan d’actions national AVC 2010-2014 est de « réduire la fréquence et la gravité des séquelles liées aux AVC » impliquant l’ensemble des acteurs.
Nous sommes un groupe de quatre étudiantes cadres venant de filières différentes, deux dans les soins, et deux en médico-technique, et nous nous sommes intéressées à ce thème car nous avons toutes vécu des situations personnelles ou professionnelles en lien avec l’AVC.
De nos échanges a émergé la problématique suivante : le retard de prise en charge de l’AVC est-il en lien avec la connaissance des signes et le degré d’urgence ?
À la suite de notre recherche documentaire, nous avons abouti à l’hypothèse selon laquelle la population ne connaissait pas suffisamment les signes de l’AVC, entraînant ainsi un retard de prise en charge avec des séquelles plus ou moins importantes.
Nous avons opté pour l’utilisation de l’entretien semi-directif auprès de 131 personnes (personnel hospitalier, étudiants en soins infirmiers, clients d’un centre commercial et clientèle d’un cabinet médical).
Après dépouillement des entretiens, il en ressort ces éléments :
→ déterminer le niveau de connaissance sur l’AVC de la population ciblée ;
→ évaluer l’impact de la journée AVC ;
→ définir les besoins d’informations pour la population ciblée.
Dans la phase exploratrice de notre entretien, il apparaît que l’accident vasculaire cérébral est une maladie connue du public, que l’on soit ou non du milieu hospitalier. Le sigle AVC est connu pour 77 % des personnes interrogées. Pour celles qui n’ont pas pu identifier le sigle, une fois que la réponse leur a été apportée, la connaissance de la maladie leur apparaissait évidente. Cependant, il est difficile d’affirmer ou d’infirmer cet objectif, dans la mesure où deux questions à choix multiples ont induit les réponses.
Notre enquête a eu lieu le 19 novembre 2013, soit trois semaines après la journée nationale AVC. Malgré cela, seulement 30,8 % des personnes interrogées avaient connaissance de cette journée. Nous avons donc déduit que la journée nationale sur l’AVC n’a pas l’impact escompté auprès de la population enquêtée.
La majorité des personnes interrogées nous ont proposé les mêmes supports multiples et variés que ceux déjà existants (reportages télévisés, articles, flyers, affiches, réseaux sociaux, journée d’information en milieu hospitalier, etc.). Quelques propositions nouvelles nous ont été néanmoins suggérées, comme l’information précoce au niveau des écoles, les distributions de documents d’information dans les boîtes aux lettres, des courriers de la Sécurité sociale ciblant les personnes à risque, spots publicitaires tout au long de l’année.
Les propositions reposent essentiellement sur la prévention.
→ Sensibilisation au niveau de l’école en fonction de l’âge : atelier théâtral, dessin animé, éducation par l’infirmière scolaire.
→ Débat organisé avec intervention de personnes ayant été touchées par l’AVC en présence de professionnels de santé, avec distribution de bracelets estampillés AVC VITE n° 15 (voir infographie p. 41).
→ Diffusion de spots publicitaires tout au long de l’année.
→ Distribution de courrier individualisé en provenance de la Sécurité sociale ou des mutuelles.
Des actions d’amélioration sont menées par l’Agence régionale de santé, comme le développement des IRM ou des stroke center, centres pouvant prendre en charge les AVC 24 heures sur 24, sept jours sur sept.
Les établissements, avec l’implication des cadres de santé, ont également un rôle à jouer en matière de formation du personnel.
→ Une maîtrise de la pathologie pour une prise en charge efficiente des patients.
→ Une réactualisation des connaissances.
→ Une incitation à participer à la journée nationale AVC sur les établissements.
Cette enquête ne nous a pas permis de valider notre hypothèse de départ. En effet, en regard des réponses de l’échantillon, nous pouvons déduire que l’AVC est une maladie connue par une majorité de la population, toutes générations et tous milieux socioprofessionnels confondus. Nous avons également noté que, malgré cette connaissance, d’autres actions préventives sont attendues. Ainsi, cela permettrait d’obtenir pour l’AVC les mêmes automatismes qui, semble-t-il, existent pour l’infarctus du myocarde, soit une reconnaissance précoce des signes et l’appel rapide des secours.
• www.sante.gouv.fr/l-accident-vasculaire-cerebral-avc.html • www.accidentvasculairecerebral.fr • www.sante.gouv.fr/dispositif-reglementaire-et-juridique-actuel.html